Belle découverte que ce premier roman, à la fois dense et très intimiste : “Tout le bruit du Guéliz” de Ruben Barrouk, paru ce 21 avril 2024 aux éditions Albin Michel.
Le pitch : « Le bruit condamne l’Homme à l’oubli. Mais parfois il arrive qu’il le sauve de l’oubli. Il ne tient qu’à nous de l’entendre. »
Dans le quartier du Guéliz à Marrakech, un mystérieux bruit hante et tourmente, nuit et jour, une vieille dame. Inquiets, sa fille et son petit-fils quittent Paris pour mener l’enquête. Sur place, ils guettent, épient, espèrent, mais aucun bruit ne se fait entendre…
Tout le bruit du Guéliz ne nous livre pas une mais mille histoires : celles des exodes, des traditions, des liens qui se font et se défont, des origines perdues.
À la violence et au vacarme assourdissant de notre époque, ce premier roman aux allures de conte, à la fois tendre, drôle et bouleversant, oppose un bruit. Le bruit du Guéliz. Celui d’un temps révolu, où l’on vivait ensemble.
C’est un peu par hasard que je me suis plongée dans cet ouvrage. Les éditions Albin Michel m’en ont proposé la lecture et, s’agissant d’un premier roman dont le résumé m’a tout de suite intéressée, je n’ai pas hésité une seconde à découvrir ce jeune auteur. Bien m’en a pris puisque j’ai passé un agréable moment en sa compagnie, et plus encore celle de ses personnages si touchants.
Tout part d’un bruit. Un bruit que seule Paulette entend, jour et nuit, dans son appartement de Marrakech où elle vit, loin du reste de sa famille, désormais installée en France. Bien décidée à percer ce mystère pour apaiser sa mère, l’une de ses filles décide de la rejoindre, accompagnée de son fils. Mais s’ils n’entendent rien, cette enquête servira de prétexte à une quête, celle d’un passé, celle d’une mémoire, celle d’une histoire. L’histoire de l’une des dernières juives à vivre encore à Marrakech. L’histoire d’une famille. L’histoire du Mellah, quartier juif de la ville. L’histoire de tout un peuple. L’histoire d’un exode. L’histoire d’une époque révolue, bienveillante et tolérante, où le vivre ensemble avait encore un sens. C’est tout ce que raconte ce roman d’une densité rare à travers le portrait et les souvenirs de cette grand-mère particulièrement émouvante.
Ce roman est aussi une expérience des sens qui le rend immersif. On y ressent la chaleur, on y sent les odeurs, on y voit les couleurs, on y goûte les saveurs… Et on entend tout le bruit du Guéliz, à n’en point douter. On y perçoit toute la richesse des traditions, toutes les blessures du passé, et le bruit ne rend que plus assourdissant le silence de tout ce qu’on ne dit pas.
Le roman est d’autant plus prenant qu’il est porté par une plume remarquablement fine et d’une grande élégance, un style teinté de tendresse qui ne fait qu’apporter toujours plus de proximité avec notre trio de personnages fort attachants.
En bref, je suis ravie de cet étonnant voyage que m’a offert “Tout le bruit du Guéliz“. Je remercie les éditions Albin Michel pour cette découverte et Ruben Barrouk pour sa dédicace !