Ou comment redéfinir le page turner : “L’ultime avertissement” de Nicolas Beuglet, paru le 19 septembre aux éditions XO.
Le pitch : Dans le véhicule qui la conduit vers les Appalaches, Felicia sourit en observant les sommets enneigés. La jeune experte en art a été invitée à étudier trois objets de la fabuleuse collection des Castelmore.
Mais quand elle arrive au manoir de la célèbre famille, son sang se glace : Felicia doit en réalité enquêter sur d’inexplicables disparitions humaines.
Épaulée par Armand, un ancien flic devenu prêtre, elle se lance alors dans une course haletante sur la piste d’un mystérieux groupe se faisant appeler les Sentinelles.
Traqué à mort par des ennemis aussi intelligents que puissants, le duo n’a pas le choix : pour échapper au pire, Felicia et Armand devront entendre l’ultime avertissement lancé par ceux qui ont vu l’impensable.
Je l’attendais impatiemment, ce retour de Nicolas Beuglet en librairie avec un roman… Précisément depuis la parution de “L’Archipel des Oubliés“, voilà deux ans, qu’on abordait alors en compagnie de Grace Campbell et Sarah Geringën pour une lecture impossible à oublier tant ces deux enquêtrices marquent durablement. Un retour attendu donc, mais un défi de taille aussi… Dès lors, j’ai pris “L’ultime avertissement” très au sérieux lorsqu’il est arrivé dans ma boîte aux lettres à quelques jours de sa sortie (et de mes tables rondes). Je l’ai pris au sérieux, oui, et j’ai préféré différer sa lecture, mon emploi du temps ne me permettant pas de lui accorder tout le temps qu’il méritait… Parce qu’on ne rigole pas avec Nicolas Beuglet. Mais ce temps, je l’ai enfin trouvé…
Patienter pour prendre le temps était autant une belle erreur qu’une excellente idée… Car s’il est quelque chose que “L’ultime avertissement” ne nous accorde pas, c’est justement du temps. Sitôt les premières pages tournées, nous sommes pris au piège d’une lecture intense, prenante et ahurissante. Si le livre semble court et manquer de profondeur, c’est surtout parce qu’il y a urgence. L’atmosphère nous happe sans délai, très vite le danger nous guette et nous menace… Et nous voici lancés dans une quête autant qu’une traque… Une traque dont on est la proie. Ainsi nous n’avons plus qu’à enchaîner les chapitres pour (peut-être) en réchapper.
Autrement dit, on n’a pas le temps de s’attarder sur les détails : Même si on voyage aux quatre coins du monde, on n’est pas là pour faire du tourisme. A l’instar de Felicia et Armand, les deux enquêteurs (presque) improvisés de notre intrigue auxquels on a tôt fait de s’attacher, on sait qu’on doit courir… Mais on ne sait pas trop pourquoi ni après quoi… Avec eux nous devions d’abord investiguer sur la disparition de quatre personnes… Mais déjà le récit s’emballe, les révélations se multiplient… La sidération nous gagne et la vérité nous dépasse. Et même lorsqu’on pense (plus ou moins) comprendre et savoir où tout cela nous mène, on est décidément bien loin du compte et pas encore au bout de nos peines, tant on n’a pas idée de ce dans quoi on s’est laissé embarquer avec cet auteur diablement inspiré.
De ce récit, je ne vous dirai finalement rien, si ce n’est que Nicolas Beuglet y aborde des thèmes bigrement singuliers, auxquels je ne m’attendais pas… Et encore que : on parle précisément de Nicolas Beuglet. Il faut donc avoir l’esprit ouvert, tout en sachant que l’auteur s’ancre toujours sur un fond authentique et véritable, fort d’une base documentaire remarquablement fouillée pour mieux nous fasciner. L’histoire est riche, dense, complexe, pleine de mystères et de rebondissements, servie par une plume vive et alerte, un style dynamique et nerveux pour une lecture toute en tension et exaltation.
En bref, si vous pensiez bouquiner en toute tranquillité, c’est raté. “L’ultime avertissement” ne vous offre pas cette chance, il n’y a plus une minute à perdre : Bouquinez comme si votre vie en dépendait !