Pierre, Paul et Jacques sont sur un bateau… « Le livre des sacrifiés » de Frédéric Lepage, paru ce 30 janvier 2025 aux éditions Robert Laffont.
Le pitch : New York. Cinq victimes assassinées selon un rituel cruel et baroque. Elles n’ont qu’un point commun : leur vie a été racontée dans les moindres détails par une romancière à succès… qui assure ne les avoir jamais vues de sa vie. Ces personnages n’existent que dans son livre, assène-t-elle à la police. Cela semble impossible. Presque surnaturel.
Un jeune flic électron libre peu respectueux des règles fait équipe avec la seule de ses collègues qui ne le déteste pas pour résoudre cet extraordinaire mystère. Son enquête va le mener loin des États-Unis et le mettre sur la piste d’un épouvantable secret.
Frédéric Lepage signe un thriller aussi psychologique que littéraire qui nous tient en haleine par ses personnages mémorables et savoureux, ainsi que par une intrigue menée avec un talent magistral. Le pire, c’est que cette histoire effroyable s’appuie sur des faits réels…
Depuis que j’ai découvert sa plume avec « Si la bête s’éveille », je suis au rendez-vous de chaque parution de Frédéric Lepage, tant sa plume m’instruit autant qu’elle me captive. Ainsi je m’étais plongée sans délai dans « Plus fort que la nuit », paru aux éditions Taurnada en septembre dernier, et j’étais fin prête à découvrir « Le livre des sacrifiés » dès sa sortie ce 30 janvier… Dès lors c’est avec un double ravissement que j’ai récemment appris que j’aurai le plaisir de bouquiner son nouveau roman en avant-première, ceci en vue d’animer une table ronde en sa compagnie avec Laure Rollier et Bruno Gaccio au salon du Livre de Saint-Raphaël prévu ce week-end ! Une occasion de plus pour moi d’évoquer ce livre qui, je pense, est à ce jour mon préféré de sa bibliographie…
Toujours diablement inspiré pour nous surprendre, Frédéric Lepage rend ici la littérature « dangereuse » puisque son titre renvoie à un recueil de nouvelles publié par une autrice à succès, dont les personnages existent bel et bien sans qu’elle les connaisse… Et sont la cible d’un redoutable tueur en série. Et c’est ainsi que l’on se laisse embarquer au cœur d’une intrigue redoutablement bien construite et minutieusement orchestrée, qui démarre à New York – presque un personnage à part entière et récurrent de ses romans – pour mieux nous faire voyager jusqu’en Tanzanie en passant par le Brésil… Pour le pire, cela va sans dire.
Car sans trop en dévoiler, mais fidèle à ses bonnes habitudes comme à son insatiable curiosité, nourrie tant par la multiplicité de ses propres activités qu’à son impressionnant travail de recherche, Frédéric Lepage nous offre bien davantage qu’un thriller au profit d’un roman sombre mais dense et érudit sans être assommant, dénonçant une abominable réalité dont on n’avait pas connaissance (et que je vous laisse évidemment découvrir)…
Nous ne pourrons qu’être touchés par ce que nous apprenons, comme l’est Ken Quist, l’impopulaire et inénarrable enquêteur que nous suivons au gré de ses investigations. Si c’est un personnage que nous avons déjà croisé sous la plume de l’auteur, c’est pourtant la première fois, à mes yeux en tout cas, qu’il se retrouve à ce point sur le devant de la scène, précisément lorsque celui-ci se laisse (enfin) gagner par les sentiments. Sa détermination n’aura alors d’égale que sa révolte face à l’injustice à laquelle il se retrouve confrontée, tandis que son cœur (de glace) fond au contact d’Anita Delaunay, une ethnologue française que j’aimerais beaucoup retrouver pour de prochaines aventures.
Ainsi l’auteur dénonce une effroyable vérité sous couvert du thriller pour mieux éveiller les consciences, et il le fait avec cœur et audace, au moyen d’une plume tout à la fois élégante et percutante, un style efficace ne manquant pas de dynamisme pour une lecture prenante, émouvante et enrichissante.
En bref, je persiste et signe : Je crois bien que cet opus de Frédéric Lepage prend la place de favori dans sa bibliographie !
