Chroniques 2025 \ Le seul coupable de Jacques Saussey

Un thriller sombre et complexe, redoutablement maîtrisé : “Le seul coupable” de Jacques Saussey, paru le 10 octobre 2024 aux éditions Fleuve Noir.

Le pitch : Quand plane l’ombre d’une erreur judiciaire…
Septembre 2024. Un incendie se déclare à proximité de la maison de Paul Kessler, dans le Var. Au bout de quarante-huit heures, la piste criminelle est établie et les enquêteurs identifient la responsable : une certaine Laurence Dumas qui réside dans le Rhône, à plus de trois cents kilomètres de là.
Immédiatement, la mémoire de l’ancien commandant de police le ramène à une affaire qu’il a traitée dix ans plus tôt. En effet, cette femme est la mère de Margaux, une jeune fille retrouvée assassinée près de Lyon en 2014. À l’époque, les investigations de son équipe ont conduit à l’inculpation de l’ex-petit ami de la victime. Mais toutes les certitudes de Kessler vont voler en éclats face à la colère et aux doutes de Laurence Dumas. Une question lui glace alors le sang : a-t-il pu commettre une erreur ?

Si je connaissais parfaitement la date de sortie de ce nouvel ouvrage, et donc la date du retour de Jacques Saussey en librairie, je savais aussi que je verrais celui-ci quelques jours avant, le 05 octobre précisément, au salon « Faites Lire ! » au Mans… De là à m’imaginer qu’il puisse l’avoir en avant-première, il n’y a qu’une ruade jusqu’à sa table et, ma théorie s’étant vérifiée, c’est avec un immense bonheur que je suis repartie, munie d’un exemplaire dédicacé, que je me suis empressée de bouquiner… Alors oui, je sais, nous sommes en janvier, j’accuse donc un retard éhonté pour vous en parler… Mais j’ai su vous faire patienter en vous proposant une petite interview dans laquelle Jacques en parle bien mieux que moi, ça compte, n’est-ce pas ? Qu’ouïe-je ? Qu’entends ? Qu’acoustiqué-je ? Que je me remue le clavier et cesse de palabrer pour enfin vous livrer ma chronique ? Si fait, si fait, la voici !

Si l’homme est une crème, l’auteur se révèle particulièrement retors et machiavélique. Et ce n’est pas cet ouvrage qui me fera mentir, car Jacques Saussey nous offre ici une intrigue à son image d’auteur… Autrement dit : Retorse et machiavélique. Parce qu’il soigne le retour de Paul Kessler de la plus sinistre des manières, avec l’incendie criminel de sa maison et une potentielle erreur judiciaire comme cadeaux de bienvenue : Sympa, les retrouvailles deux ans après “L’Aigle Noir“!
Ainsi Jacques Saussey confronte son personnage – désormais récurrent – au pire cauchemar d’un enquêteur, et nous entraine avec lui dans la tourmente. S’il n’a plus accès au dossier, retraite oblige, Paul Kessler va se replonger autant dans cette affaire que dans ses souvenirs, tandis qu’il sème le doute chez les membres de son ancienne équipe, laquelle continue d’investiguer sur ses dossiers en cours. Si tous ses acolytes ne lui seront pas du même soutien, il pourra compter sur l’aide de Zoé, nouvelle recrue pleine de perspicacité à laquelle on a tôt fait de s’attacher, qui apporte un regard neuf sur cette procédure qu’elle n’a pas traitée, véritable trait d’union entre hier et aujourd’hui, entre Paul Kessler et son ancienne unité, entre l’auteur et son lecteur.
Et voici bientôt que toutes nos certitudes vacillent, les unes après les autres tandis qu’on s’enfonce toujours plus dans une noirceur qu’on n’avait pas soupçonnée, au gré d’une double enquête remarquablement bien ficelée, pleine de surprises (pas toujours bonnes, évidemment) et de rebondissements, bien plus obscure et éprouvante qu’il n’y paraît. Dès lors on ne peut plus s’empêcher de tourner les pages pour découvrir le seul coupable et le fin mot de l’histoire… Qui nous laisse pantois…
Servie par une galerie de personnages finement croqués et profondément humains, portée par une plume fluide, vie et attrayante, un style dynamique très addictif, soutenue par des chapitres courts qui accentuent notre rythme de lecture, ce polar n’en est que plus prenant, plus haletant, plus captivant.

En bref, Jacques Saussey nous cueille une fois encore avec ce polar palpitant… Et deux personnages – Paul et Zoé – qu’il nous tarde de retrouver !

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