Chroniques 2025 \ La plus jolie fin du monde de Solène Bakowski

Rendez-vous sur le banc de la maison du bout du monde : “La plus jolie fin du monde” de Solène Bakowsky, paru ce 06 février 2025 aux éditions Récamier.

Le pitch : Méfiez-vous des vieilles histoires. Certaines ricochent jusqu’à nous.
Quand Gaëlle apprend que sa grand-mère, Yan, vient d’être vistime d’un AVC, elle court la rejoindre sur son île en Bretagne.
À l’hopital, Yan se trompe d’époque, de lieu, voit des choses qui n’existent pas. Dans ses propos décousus auxquels personne ne prête attention, un détail interpelle Gaëlle : un signe, que la vieille femme affirme avoir reçu après 55 ans, 6 mois et 17 jours d’attente. De quoi parle-t-elle ? D’où vient ce décompte si précis ? Gaëlle tente de résoudre le mystère.
Yan semble suspendue entre deux mondes, mais qui sait ? Peut-être n’est-on jamais aussi clairvoyant qu’à l’heure de s’envoler…
En embellissant les derniers instants de celle qui lui a tout donné, une jeune femme va enfin trouver un sens à sa vie.

Solène Bakowski fait partie de ces rares, très rares auteurs qui ont su me faire pleurer à travers leurs histoires. Je m’étais tant ancrée dans l’intrigue de “Rue du Rendez-vous“, je m’étais tant attachée à ses personnages que mes larmes sont sorties de leur lit, que mes yeux ont débordé comme jamais au fil de ma lecture. “Rue du Rendez-vous” s’est ainsi installé dans le cercle très fermé de mes livres préférés de lectrice (Oui, de lectrice, pas simplement de tel genre ou telle année). Et, s’il n’a pas réussi à le détrôner (si tant est que ce soit possible un jour ^^), “La plus jolie fin du monde” en est son digne héritier tant il se place dans la même lignée…

Solène Bakowski reste fidèle à ses valeurs comme à ses thématiques, à sa façon de voir le monde, d’appréhender la vie. Dès lors une intrigue, qui serait sombre sous n’importe quelle plume, se révèle d’une luminosité sans pareille sous la sienne. Et c’est encore le cas ici. Parce que Solène Bakowski s’intéresse à la fin de vie, également à la famille et aux liens qui en unissent ses membres (ou pas), mais aussi à l’émancipation des femmes à une époque pas si lointaine, sous le regard de gens pas toujours très tolérants. Et c’est ainsi qu’un maelstrom d’émotions s’empare de nous tandis qu’on franchit la porte de la maison du bout du monde.
Car c’est là qu’on fait connaissance avec Yan, la merveilleuse Yan dont on retrace la vie à grand renfort de respect et d’admiration tandis que Gaëlle, sa petite fille à laquelle on s’attache immédiatement, quitte sa chambre de conne (je n’ai pas fait de faute) pour remonter le fil de son histoire, rassembler les pièces du puzzle, ravier les souvenirs, démêler les mystères et résoudre l’énigme d’une grand-mère qu’elle réapprend à connaître pour l’aimer plus encore, tout en l’accompagnant dans ses derniers instants. “Dans la réalité, les épopées sont souvent minuscules”. Et pourtant quelle aventure ! Parce qu’il est aussi question de destin et de transmission. Parce qu’il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. Parce que “Daniel avait raison, la vie était fascinante”. Et le roman de Solène Bakowski aussi, par la force des choses et celle de son inspiration.
Et c’est ainsi qu’elle nous offre une magnifique histoire, au cours de laquelle on peut passer du sourire aux larmes en une fraction de secondes… Voire en même temps, pourquoi l’un empêcherait-il l’autre ? Ce récit est certes teinté d’une certaine tristesse et d’un brin de mélancolie, mais n’en oublie pourtant pas l’optimisme et la bienveillance, parce qu’il respire, parce qu’il est vivant, parce qu’il est vibrant. Ce roman est encore soutenu par une plume fluide, incroyablement belle et enivrante, parée de poésie et même d’un peu de magie, mais surtout pleine de sensibilité. Ce n’est pas un livre qu’on se contente de bouquiner. C’est un roman qui se ressent, et pour lequel on prend le temps. Ce n’est pas un caprice, c’est une nécessité. Prendre le temps de vivre ces quelques moments aux côtés de Gaëlle, Yan, Jane, Erin, Daniel… Et tout ce petit peuple, pour un dernier hommage à l’habitante de la maison du bout du monde, avant de tourner la dernière page, le cœur en vrac et l’âme chamboulée.

En bref, un grand merci à Solène Bakowski pour cette plus jolie fin du monde dont nous devrions tous tirer de grandes leçons de vie…

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