Chroniques 2025 \ Aux nuits à venir de Joffrine Donnadieu

Des maux en Marge : “Aux nuits à venir” de Joffrine Donnadieu, paru le 21 août 2025 aux éditions Gallimard.

Le pitch : À trente-quatre ans, Marguerite, dite Marge, fuit la moindre entrave à sa liberté. Sans emploi ni logement stables, elle est envahie par des personnages qui peuplent ses nuits, chacun réclamant qu’elle raconte son histoire. Elle finit par trouver refuge dans la cabane d’un chantier abandonné, rue des Martyrs. En escaladant l’échafaudage de l’immeuble vide, elle découvre un dernier occupant : Victor, ancien militaire, qui résiste aux pressions du promoteur immobilier. Ensemble, ils vont faire alliance contre le monde extérieur. Alors que chaque nuit Marge met au monde les créatures qui la hantent et lui dévoilent un lourd secret d’enfance, la passion amoureuse va saisir les deux réfractaires aux destins si opposés.

Si je connaissais Joffrine Donnadieu de nom, je n’avais encore jamais eu l’occasion de me plonger dans l’un de ses romans. L’opportunité s’est finalement présentée grâce au salon des Livres dans la Boucle qui m’a confiée la noble mission d’animer une table ronde en sa compagnie et avec Gabrielle de Tournemire… C’est ainsi que j’ai bouquiné “Aux nuits à venir“…

Bien que déconcertée, je me suis finalement laissée emporter, envoûter… Tant par l’héroïne que par le récit, mais plus encore par la plume de l’autrice, mais j’y reviendrai, car elle le mérite.
A 34 ans, Marguerite est une étrange marginale, sans emploi ni logement mais habitée par une petite galeries de femmes qui la harcèlent pour obtenir leur histoire. Usée par ses excentricités et enceinte de son deuxième enfant, sa petite soeur Violette la met dehors, contraignant celle-ci à faire face à la réalité… Mais à défaut d’avoir l’esprit libre, Marge choisit la liberté du corps et s’installe au 46 bis rue des Martyrs, dans un immeuble en chantier où habite encore Victor, militaire à la retraite qui résiste au promoteur immobilier.
Ces deux solitudes vont alors s’associer, se mêler et s’emmêler, s’aimer et s’abimer, ensemble contre le monde entier, contre l’adversité, ensemble contre la folie, contre la maladie. Les sujets abordés ici sont très lourds mais abordés de manière sensible et fantasque voire onirique, tant et si bien qu’on ne sait plus bien où se situe la vérité, la matérialité. C’est une aventure extravagante et désinvolte qui s’offre à nous, pleine d’émotions, pleine de pulsions, pleine d’une tension presque bestiale tandis qu’on cherche à savoir, à comprendre ce qu’ont pu faire ces mains sur ce petit cou blanc jusqu’à un dénouement absolument fascinant.
Mais ce qu’on retiendra surtout, c’est la plume de Joffrine Donnadieu, d’une poésie fabuleuse et intensément sensuelle. Le style est fougueux, incandescent pour une histoire belle et tragique mais plus encore intense. C’est parfois malaisant mais toujours déroutant, hypnotisant, vivant et vibrant.

En bref, ce n’est pas une lecture mais presque une sorte de transe que Joffrine Donnadieu nous propose à travers ce roman… Pour une bien curieuse expérience !

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