Un thriller aussi terrible que bouleversant, dont on ne peut sortir indemne : “Les enfants du serpent” de Clarence Pitz, paru le 09 octobre 2023 aux éditions IFS dans la collection Phénix Noir.
Le pitch : Tout le monde est capable d’aimer. Même les pires ordures.
2012. La brutalité des hommes s’abat sur le village de Bumia, à l’est de la République démocratique du Congo. Un groupe armé surnommé « les arracheurs » commet les pires atrocités. Parmi les victimes, Gloria et sa fille Phionah. L’âme blessée, le corps ravagé, elles parviennent à prendre la fuite, laissant derrière elles un champ de cendres et plusieurs dizaines de morts.
2017. Au cœur de Bruxelles, dans le quartier populaire de Matonge, un homme défiguré et énucléé est retrouvé dans un caniveau. L’inspecteur Karel Jacobs reconnaît la signature des « arracheurs ». A l’approche du procès d’un de ces miliciens, Jacobs craint que les témoins du massacre de Bumia ne soient à nouveau en danger. Engagé dans une course contre la montre, il va devoir se plonger dans ses souvenirs pour sauver la vie des deux rescapées. Mais aussi de ses proches.
Pour son quatrième roman, Clarence Pitz – la lauréate du Prix de l’auteur belge 2022 – Catégorie Thrillers – signe un récit poignant, à la fois dur et profondément humain.
Il est des livres dont la lecture est si sidérante, si saisissante, si terrifiante, si terrassante, que les mots nous manquent à l’heure d’en parler. Parce que ceux qui nous attendent entre ses pages sont si forts, si durs, si puissants que les miens ne sauraient leur faire honneur, encore moins les égaler. C’est pourtant ce que je vais tenter de faire pour vous présenter “Les enfants du serpent“, le dernier roman de Clarence Pitz, que j’ai eu la chance de me procurer avec quelques jours d’avance puisque l’autrice le dédicaçait en avant-première au salon du polar de Templemars…
Il est peu de dire que l’autrice n’attend pas pour nous asséner un uppercut en pleine page : elle le fait dès les premières lignes, nous happe et nous attrape en un seul chapitre – le premier – qui nous fauche et nous foudroie en moins de temps qu’il ne m’en faut pour vous l’écrire.
Nous voici dès lors entraînés au cœur d’une intrigue particulièrement bien construite et redoutablement maîtrisée, d’une noirceur d’autant plus effroyable qu’elle est douloureusement vraie. Parce que l’autrice s’est incontestablement documentée et ne nous épargne donc rien pour mieux nous confronter à l’atroce réalité.
Une intrigue qui nous submerge des plus violentes émotions, qui marque par son intensité mais plus encore par son épaisseur humaine, à travers des personnages déchirants de vérité. Car l’autrice a pris soin de les dépeindre en substance, tout en nuances et complexité. Vous. N’êtes. Pas. Prêts.
Mais si la reine de l’ethnopolar est aussi remarquable, ce n’est pas uniquement parce qu’elle nous enrichit des plus sombres connaissances et nous fait voyager sans manquer de mettre en lumière de sinistres thématiques et autres faits de société, c’est aussi parce qu’elle le fait d’une plume fluide, percutante et… Mature. C’est le mot qui s’impose à moi comme à ma lecture.
En bref, c’est un roman éprouvant mais nécessaire que l’autrice nous offre ici, un roman qui suscite les plus vifs sentiments, s’imprime derrière nos yeux, s’inscrit en notre âme, se grave dans notre cœur. Pour ne jamais être oublié.
Superbe chronique qui rend bien hommage à ce livre tellement puissant !