Un thriller psychologique aussi prenant que singulier : “Car un jour de vengeance” d’Alexandra Julhiet, paru en mai 2023 aux éditions Calmann Levy (noir).
Le pitch : “Le C et la croix, tracés au couteau dans ma chair. Notre symbole. Chevrière. Englouti par les flammes, une nuit d’hiver, il y a presque vingt ans. Comme dans le livre. Tout comme dans le livre. “
Impossible… Le sang de Lilas, 37 ans, se fige lorsqu’elle découvre dans sa librairie favorite un livre retraçant les heures sombres de son adolescence au pensionnat de Chevrière, en Suisse. C’est fou, tout y est, ses pensées intimes, ses chagrins, ses secrets, et surtout l’acte terrible commis avec ses trois amis d’alors, Lazare, Alice et Olivier… La raison pour laquelle elle se terre dans cette maison au bord d’un lac d’Auvergne depuis presque vingt ans. Tout y est… et le livre se termine par un épilogue racontant le meurtre à venir de Lilas : une menace, ou une
prophétie ?
Consciente qu’elle ne reviendra sans doute pas, Lilas ferme sa maison et part à la recherche de ses anciens amis, assaillie à la fois par la peur de voir éclater la vérité, et par les souvenirs de cette amitié intense, qui les a liés à jamais…
J’ignorais tout de ce roman avant de le croiser totalement par hasard en librairie durant mes congés l’été dernier… Le titre m’a interpellée, la couverture m’a titillée, le synopsis m’a emballée… Et me voilà repartie, munie d’un exemplaire à bouquiner… Le hasard a encore voulu que je croise son autrice à l’occasion d’un puis deux salons depuis : A Saint Laurent du Var en octobre puis à Noir sur Ormesson en novembre… Ne me manquait plus qu’un peu de temps pour me plonger dans cette lecture… Et voilà qui est fait !
Si l’idée de départ peut paraître assez classique, l’intrigue qui en découle est tout à fait originale, ingénieuse et audacieuse ! En effet l’autrice nous présente Lilas, que nous suivons d’abord en librairie où elle tombe sur un livre “Ils n’étaient qu’un“… Qui raconte tout un pan de son passé qu’elle a cherché à fuir, enfouir… Tout y est dans les moindres détails : Le pensionnat de Chevrière dans lequel elle s’est retrouvée à l’adolescence, où elle a rencontré ses trois amis avec qui elle était profondément liée… Jusqu’à ce terrible fait qui les a séparés… A jamais ? Plus maintenant, puisque le livre contient une fin des plus funestes qu’il vaudrait mieux ne pas vérifier…
Et c’est ainsi que l’autrice nous entraine dans un récit palpitant et fort bien construit, alternant les temporalités, où le passé – relaté dans ce fameux bouquin – et le présent – dans lequel on prend part à la quête de vérité de Lilas – s’imbriquent à merveille au gré des révélations et rebondissements.
L’intrigue est d’autant plus efficace et addictive qu’elle est menée tambour battant par une poignée de personnages complexes et richement étoffés, vecteurs d’émotions qu’on suit avec beaucoup d’intérêt.
Sans en avoir l’air, l’autrice évoque des thématiques fortes et installe une atmosphère qu’elle a su rendre de plus en plus pesante, pressante, oppressante au moyen d’une plume fluide, sombre, percutante, un style résolument visuel et attrayant pour une lecture haletante sans trop en faire, pleine d’un suspense qui ne cesse de grimper jusqu’à un dénouement saisissant.
En bref, c’était le premier roman d’Alexandra Julhiet que je découvrais… Mais sûrement pas le dernier !