Un roman aussi bouleversant que nécessaire : “Le courage des innocents” de Véronique Olmi, paru le 21 août 2024 aux éditions Albin Michel.
Le pitch : « Il a pensé aux enfants qu’il avait eu la chance de connaître, il a pensé à la grâce de deux vies ensemble, il a pensé qu’il voulait voir encore la beauté de la nature, et le courage des hommes. Et la tendresse. Il avait envie de sentir leur vie contre la sienne. Aimer et être aimé. »
Est-ce l’amour ou la rage qui lui donne cet élan ? L’élan vital d’un jeune homme de vingt ans dans un monde sans halte et sans refuge. Un monde où l’on préfère détourner le regard plutôt que prendre l’injustice à bras le corps, et où la plus pure expression de l’innocence – l’enfance – est bafouée.
Lorsqu’il part à la rencontre de son petit frère, placé en foyer après avoir été retiré à la garde de son père, Ben ne se pose pas de question : il suit son instinct. De ces retrouvailles avec Jimmy, au milieu d’enfants ballottés de foyers en familles d’accueil, jaillira cette détermination folle qui le mènera jusqu’en Ukraine et jusqu’au bout de lui-même. Là où des enfants sont kidnappés avant d’être déportés par les Russes. Car, il le sait bien, qui sauve une vie sauve l’humanité tout entière.
Sous la plume vibrante et pudique de Véronique Olmi, c’est toute la puissance du combat contre l’indifférence et l’oppression qui s’exprime et confère à ce roman une dimension universelle. Ben, figure christique inoubliable, redonne sens aux mots « liberté » et « humanité ».
Véronique Olmi fait partie de ces plumes qui parviennent à nous émouvoir à chaque roman. Je l’ai su dès l’instant où je me suis plongée dans “Bakhita“, depuis cette absolue certitude n’a jamais trouvé son démenti et ne le trouvera pas encore aujourd’hui avec ce nouvel ouvrage que j’ai pu découvrir en avant-première grâce aux éditions Albin Michel que je remercie très chaleureusement.
Se plaçant dans la continuité de son précédent ouvrage – “Le Gosse” – Véronique Olmi s’intéresse de nouveau à la question des enfants placés avant d’aller bien au-delà, au gré d’une intrigue d’une profonde humanité, construite en deux parties, la première se révélant très vite indispensable à l’autre.
Au cœur de ce récit ? Ben. Un jeune activiste altermondialiste qui fera tout pour rejoindre son frère en apprenant le placement de ce dernier dans un foyer. Une première expérience, douloureusement chargée de vérité qui le conduira d’abord à fonder une association pour aider ces jeunes à leur majorité avant de rejoindre une ONG pour partir en Ukraine dix ans plus tard, dans un pays frappé par la guerre où les enfants sont kidnappés puis déportés par les russes.
C’est un personnage en effervescence qui se présente à nous. Dont la colère est sans doute le reflet de celle de l’autrice, tant en découvrant les failles de notre propre système qu’en découvrant les exactions perpétrées au delà de nos frontières, autant d’injustices qui démontrent notre impuissance à protéger les enfants. Pire, notre indifférence à ce sujet… Ne rien faire quand on sait ne s’apparente-t-il pas à de la complicité ? Alors Véronique Olmi écrit, alors Ben réagit et agit, alors on le suit dans ce combat empreint d’humanité et d’humanisme.
L’intrigue est d’autant plus percutante et émouvante que l’autrice a su la rendre immersive en nous faisant vivre – vivre et non pas lire – les évènements – dans l’une et l’autre parties – de l’intérieur… Si c’est un choc pour Ben, c’est un choc pour nous aussi. Les personnages sont forts, Ben est inoubliable tant son altruisme, son courage et son abnégation forcent le respect. Le tout est soutenu par une plume d’une grande élégance, un style puissant, ce qui rend cette lecture d’autant plus saisissante.
En bref, Véronique Olmi signe un roman tout à la fois touchant et révoltant, qui nous saisit à la gorge, nous prend aux tripes, nous ouvre les yeux et nous chamboule l’âme… Important.