Luca Tahtieazym, 41 ans. Je vis dans l’Ouest de la France.
Je suis l’auteur de neuf romans à date, qui vont du conte philosophique au thriller en passant par le polar pur et dur. J’ai eu la chance de remporter en 2017 les Plumes Francophones organisées par Amazon (Prix des lecteurs) avec mon roman “Versus“.
Tout gamin, j’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont donné le goût de la lecture, comme ça, sans me forcer. Des épopées de Jack London à l’imagination de Jules Verne en passant par les aventures de Bob Morane, je me suis retrouvé le nez dans des bouquins au moment où ceux de mon âge se plantaient devant des téléviseurs.
Un peu plus tard, l’envie m’est venue d’écrire mes propres histoires. Je n’étais qu’un adolescent rêveur et, à une époque où les ordinateurs n’étaient pas encore là, j’ai passé des centaines d’heures à écrire des histoires plutôt fantastiques sur une vieille machine à écrire Olympia, puis sur un traitement de texte.
Très nombreuses. Trop nombreuses.
Quand j’étais très jeune (à présent je suis “juste” jeune), Henri Vernes et Frédéric Dard ont été les deux auteurs à qui j’ai voué une admiration et une fidélité sans commune mesure.
Ensuite, Steinbeck, Ellroy, Merle, Hugo, Dumas, Auster, Follett, Westlake et quelques dizaines d’autres génies sont venus me caresser l’imagination. Je m’efforce de raconter mes histoires avec mon propre style mais, forcément, même si c’est psychosomatique, les fantômes de ces auteurs incroyables sont là, au-dessus de mes épaules, sans que je le réalise vraiment.
J’écris dans tous les styles, dans tous les genres, mais j’ai un penchant pour les romans noirs et pour le suspens.
Comme beaucoup, je n’aime pas trop les étiquettes. Je pense qu’il peut y avoir de la romance dans des thrillers, du suspens dans des romans historiques, des baisers dans les polars et des morts dans les romans humoristiques.
Je me répands dans un genre dans lequel, d’après les experts, on ne peut se montrer “littéraire”. Je ne suis pas d’accord. On peut raconter des thrillers à l’imparfait du subjonctif et utiliser un registre soutenu quelle que soit la catégorie attribuée au bouquin en question.
Mon dernier roman, “Hier encore“, a été rebaptisé ainsi suite au décès d’Aznavour. L’histoire se déroule en deux temps. En 1958, trois gamins – un petit garçon de 8 ans, la sœur de celui-ci et le meilleur ami de cette dernière – décident de fuguer pour échapper à la violence paternelle. Leur odyssée les fera traverser une France rurale dans laquelle seule leur solidarité leur permettra de ne pas renoncer.
Vingt ans plus tard, le père des deux enfants fait appel à un détective privé pour qu’il découvre si celui ou celle qui attente à sa vie est bien sa fille, comme il le pense.
Compliqué d’en dire plus sans dévoiler une partie de l’intrigue. Il y a de l’aventure, du suspens et, je l’espère, beaucoup d’émotion.
Au milieu des années 90, j’ai écrit plusieurs romans que j’ai envoyés à des maisons d’édition. À l’époque, le parcours du petit écrivain en herbe était bien plus complexe et onéreux qu’aujourd’hui. Pas d’ordinateur et d’imprimante. J’écrivais sur une machine à écrire, puis j’allais photocopier mes manuscrits dans la presse de mon quartier.
Je n’ai eu aucune réponse des éditeurs, si ce n’est la lettre type me disant que, si on ne revenait pas vers moi d’ici douze mois, c’est que mon projet était refusé.
J’ai continué d’écrire, mais pour moi uniquement, sans montrer à personne le résultat. J’aimais écrire même si, sans audience, on a parfois du mal à mettre du sens dans cette pratique.
Fin 2015, j’entends parler de l’autoédition. En clair, à partir d’un simple fichier word, n’importe qui peut mettre en forme son texte et le proposer au public via les sites dédiés, soit en numérique, soit en papier grâce à l’impression à la demande.
J’étais encore écœuré de n’avoir pas été repéré par des maisons d’édition – même si je ne faisais rien pour depuis presque 20 ans – et je me suis dit que je n’avais rien à perdre. Le bouche à oreille à fait le reste…
Déjà, je peux comprendre leur réaction. J’ai lu bon nombre de romans autoédités imbuvables. Je ne parle pas ici de goût, ça n’a rien à voir, mais de textes truffés de fautes d’orthographe, à la mise en page douteuse, sans queue ni tête. Le souci, c’est qu’au milieu de tout ça, il y a des gens qui prennent le temps de travailler pour présenter un résultat pro, qui respectent ceux qui vont acheter et lire leur roman.
Que dire pour convaincre que tous les romans autoédités ne sont pas des textes refusés par des maisons d’édition ou des poncifs bourrés de fautes… Déjà, il y a sur Amazon la possibilité de lire en ligne quelques pages : cela permet de se faire une idée. On repère très vite les bouses ainsi. Il faut aussi savoir qu’un éditeur peut recevoir jusqu’à 5000 manuscrits par an pour n’en publier au final que 50. Et le 51ème dans tout ça ? Est-ce qu’il est mauvais parce que le quota était atteint ?
Après, quand vous avez trouvé un roman qui pourrait vous plaire, tentez… Et vous verrez. L’un des avantages de l’autoédition, c’est que nous ne sommes soumis à aucun impératif financier. Si ça marche, tant mieux, si ça ne fonctionne pas, tant pis ; il n’y a pas d’investissement à l’origine qui nécessite de plaire à tout prix. Du coup, vous pouvez trouver avec l’autoédition des textes originaux, qui sortent des sentiers battus, avec une démarche artistique qui n’est pas freinée par le besoin de rentabilité.
Si je veux faire mourir mon héros au tiers du roman, je le fais, aucun éditeur ne me dira que c’est une mauvaise idée car ça va perturber une partie des lecteurs. Perturber une partie des lecteurs ? Et alors ? Et l’autre partie ? Celle qui veut être bougée dans ses habitudes ? Celle qui veut frémir ou se poser des questions ? L’autoédition, si l’on s’attarde sur l’écriture en tant qu’art, c’est la liberté d’oser, de se défaire des contraintes et des carcans.
Toujours. Chaque fois que j’achève un texte, je lance d’autres projets. Actuellement, je travaille sur trois manuscrits. Peu à peu, l’un d’eux prendra naturellement le pas sur les autres. J’ai également sous le coude un gros chantier qui me tient à cœur. Il s’agit d’une trilogie sur un thème que j’avais déjà abordé au début des années 2000. Mais c’est assez conséquent et je ne sais pas encore si j’en viendrai à bout.