Chroniques 2025 \ Entre toutes de Franck Bouysse

“Tous les Ave Maria arrivent tôt ou tard” : “Entre toutes” de Franck Bouysse, paru ce 20 août 2025 aux éditions Albin Michel.

Le pitch : Marie est née en 1912 dans une ferme de Corrèze. Elle n’en partira jamais.
Franck Bouysse, une fois n’est pas coutume, livre avec une pudeur saisissante l’histoire de sa famille et prouve ici qu’il est aussi talentueux dans le récit de l’intime que dans la fresque romanesque. C’est beau et déchirant, c’est plein d’allégresse et de tragique : c’est la vie comme elle va.

Si je vous avouerai bien volontiers n’être pas tout à fait à jour de la bibliographie de Franck Bouysse, je l’ai suffisamment bouquiné pour m’apercevoir que j’ai vécu chaque lecture comme un véritable enchantement, authentique et puissant. Je retiendrai tout particulièrement “Grossir le ciel” et “Glaise“, “Né d’aucune femme” et “Buveurs de vent“. Aussi, quand j’ai vu “Entre toutes” au programme de cette rentrée littéraire, je n’ai pas hésité un seul instant et je remercie très chaleureusement les éditions Albin Michel de m’avoir transmis cet ouvrage en avant-première… Pour l’un de mes plus gros coups de cœur livresque de cette année 2025…

Entre toutes“, c’est l’histoire d’une femme. D’une fille. D’une mère. D’une grand-mère. D’une famille. D’une ferme. D’un siècle. D’une vie. Celle de Marie, née en 1912 aux Vieilles Granges, sur la commune des Herbiers. Elle traversera l’Histoire et ses deux Guerres Mondiales à cet endroit. Elle connaîtra des joies immenses et des drames terribles. Elle verra son clan s’agrandir et subira des pertes incommensurables. Elle s’instruira par les livres et travaillera la terre. Elle apprendra beaucoup, elle inculquera tout autant. Elle retiendra les leçons, surmontera les épreuves, profitera de l’instant. Elle va vivre. Simplement. Pleinement. Considérablement.
A travers ce roman d’hommage et de transmission, Franck Bouysse se fait plus intime et évoque sa grand-mère de façon virtuose et romanesque. Une anonyme parmi tant d’autres qui a pourtant façonné ce monde qui va trop vite et qui court inexorablement à sa perte. A travers elle, Franck Bouysse rend grâce à la bravoure discrète, au courage silencieux de Marie, de toutes les Marie dont on ne parlera jamais assez alors qu’elles sont essentielles.
Difficile de vous faire part des moult émotions qui m’ont submergé tout au long de ce récit, difficile de vous faire part de la profonde affection que j’ai ressentie, pour Marie mais aussi pour Anna et pour Clément notamment. Difficile de retranscrire toutes les nuances que l’auteur a su faire jaillir de ses mots, parce que rien n’est jamais tout noir ou tout blanc. Mais profondément humain, assurément.
J’ai tant de choses à dire sur ce roman, écrit avec pudeur et pourtant si intense, poignant et bouleversant, dont j’ai tourné la dernière page avec déchirement, tant j’étais envoûtée par cette plume sensible et sobre, ce style sincère et délicat, autant d’éléments, d’instants qui m’ont véritablement emportée aux côtés de Marie et de sa famille aux Vieilles Granges, durant toute une existence. C’est magnifique et tragique, poétique et vivant. Ca touche au cœur et à l’âme. Ca reste gravé dans notre esprit.

En bref, Franck Bouysse nous démontre une fois de plus son incroyable talent de conteur à travers cette vaste fresque familiale et rurale qui nous raconte Marie, qui nous raconte la vie.

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