Chroniques 2025 \ L’angle mort du destin d’Antoine Rault

Un exercice littéraire aussi audacieux que fascinant : “L’angle mort du destin” d’Antoine Rault, paru le 13 août 2025 aux éditions Fayard.

Le pitch : Ils vivent à Kiev ou à Moscou. L’un commence une brillante carrière d’architecte, l’autre se rêve en influenceuse de mode, une autre encore projette d’emmener son fils en Israël pour tenter de le guérir de son autisme.
Ils sont rebelles ou soumis, intrépides ou lâches, corrompus ou intègres, cyniques ou pleins d’idéaux – mais tous soumis à l’inexorable.
Et si ce 24 février l’invasion n’avait pas eu lieu ?
C’est un véritable vertige de suivre ces femmes et ces hommes face à leurs deux destins parallèles : la guerre et la paix. Et de mesurer ce qu’infligent à nos existences des situations qui nous échappent.

C’est dans le cadre de mon programme en vue du salon des Livres dans la Boucle de Besançon que je me suis plongée dans cet ouvrage d’Antoine Rault, son dernier titre paru pour cette rentrée littéraire… Et notez bien que je suis un petit boulet : Moi qui étais persuadée d’avoir déjà bouquiné cet auteur, j’ai complètement déliré et c’est finalement une totale découverte… Mais quelle découverte, s’il voulait plaît !

A travers ce roman, et plus particulièrement en compagnie de trois personnages, l’auteur nous immerge au cœur de la guerre opposant la Russie à l’Ukraine… Tout en imaginant dans le même temps l’existence de ces gens s’il ne s’était rien passé le 24 février 2022, évoquant ainsi avec une remarquable justesse et d’autant plus d’émotions l’impact de l’Histoire sur l’histoire, sur leurs histoires, sur nos histoires.
Adoptant le fameux positionnement du “et si” (avec lequel on refait toujours le monde), l’auteur nous immerge au sein d’une intrigue à double entrée en compagnie de personnages fort bien croqués, dépeints avec leurs envies, leurs rêves, leurs convictions, leurs principes, ce qui leur confère crédibilité et humanité, parce qu’il démontre judicieusement qu’on n’est pas nécessairement maître de son destin, que bien souvent même, il nous échappe.
Sans jamais caricaturer le portrait ni dispenser maux et jugements de part et d’autre de la frontière, l’auteur en profite également pour souligner la complexité du contexte géopolitique, la corruption et la manipulation dont les populations peuvent faire l’objet. En résulte un roman choral tout à la fois sidérant et pertinent, parfaitement ancré dans l’actualité.

En bref, je remercie l’auteur pour cette fascinante expérience littéraire, remarquablement orchestrée entre fiction et réalité au titre formidablement trouvé.

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