Toute une vie à imaginer… “Nos vies” de Marie-Hélène Lafon, publié aux éditions Buchet-Chastel.
Le pitch : Comptable retraitée, seule au milieu de la jungle urbaine, Jeanne Santoire mène une vie bien routinière, jalonnée de quelques rituels parmi lesquels son passage deux fois par semaine dans son magasin Franprix de la rue du Rendez-vous… Là-bas elle y voit toujours cette remarquable hôtesse de la caisse 4, et cet homme qui y dépose toujours ses courses le vendredi matin… Faute de les connaître, elle imagine et rêve cette vie qui pourrait être la leur… Tandis qu’elle se rappelle la sienne…
Voilà pourtant bien longtemps que je croise Marie-Hélène Lafon dans les rayons des libraires comme sur France 5 chez François Busnel… Et pourtant je ne m’étais jamais plongée dans la lecture de son œuvre… Il m’aura fallu participer au Club de lecture de ma médiathèque – qui se tient ce jour à 18h30 – pour apprendre qu’elle avait été au centre de toutes les attentions de ce même Club le mois dernier en conclusion duquel était organisée une rencontre avec l’auteure le 18 novembre dernier… Si je n’étais malheureusement pas disponible, Salon “Enquête de livres” de Melun oblige, je ne manquais pas cependant l’occasion de découvrir enfin sa plume avec son dernier livre paru pour la rentrée littéraire…
Séduit dès les premières pages, le lecteur se laisse emporter au coeur de la petite vie bien réglée de Jeanne, charmante petite retraitée ne manquant pas d’imagination, surtout quand il de supposer, suggérer, inventer la vie de ses congénères croisés lors de ses courses au Franprix du coin… L’histoire paraît banale… D’ailleurs elle l’est, et c’est justement là tout le talent de l’auteur : Parvenir à magnifier la routine, le quotidien…
Car si Jeanne se plait à inventer la vie de Gordana et Horacio, elle ne manque pas d’y glisser des petites bribes de la sienne, se dévoilant peu à peu sous nos yeux, ce qui la rend d’autant plus réaliste et attachante qu’elle s’avère proche de chacun d’entre nous, et offre ainsi au titre tout son sens, les vies imaginées par Jeanne se mêlant peu à peu à la sienne, simples personnages perdus dans l’ombre du grand théâtre des lumières de la ville…Car au-delà des vies fantasmées, ce roman évoque bien plutôt cette existence solitaire, anonyme et indifférente que mènent bien des gens dans nos grandes cités…
Dit ainsi ça pourrait paraître triste… Mais c’est servi par une plume à la fois riche et délicate, un style efficace et élégant, sublimant par là ce récit qui s’avère particulièrement agréable à lire…
En bref, un bien joli roman sur la solitude et la banalité du quotidien qui ne l’est pas tant…!