Sans nul doute le joyau de mon été : “La Tresse” de Laëtitia Colombani, aux éditions Grasset.
Le pitch : En Inde, Smita est une Intouchable, condamnée par la fatalité à nettoyer les sanitaires des castes supérieures sans jamais rechigner. Si sa fille est vouée à la même destinée, Smita ne l’entend pas de cette oreille et nourrit bien d’autres projets pour elle… Elle ira à l’école, apprendra à lire, à écrire et deviendra quelqu’un…
En Sicile, Giulia voue un amour sans faille à son père et à l’entreprise familiale, fruit d’un savoir faire qu’elle entend bien voir perdurer. Mais le destin s’en mêle et provoque un drame, qui pousse alors la jeune femme à rependre les rennes de l’atelier et la conduit à découvrir ce lourd secret que son père cherchait tant à dissimuler à ses yeux comme à ceux de ses employées… Seulement Giulia n’est pas de nature à se laisser abattre aussi facilement et entend bien sauver ce qui a toujours fait la fierté familiale…
Au Canada, Sarah est une working girl accomplie qui réussit tant bien que mal à jouer son rôle de mère entre deux plaidoiries. Seulement l’avocate réputée qu’elle est voit la promotion pour laquelle elle a tant travaillé s’éloigner à grands pas pour un cruel coup du sort : Un cancer la ronge… Si le combat s’annonce acharné, Sarah ne compte pourtant rien lâcher et entend bien se battre contre la maladie… Et les autres aussi…
Voilà déjà longtemps que j’entends parler de ce bouquin, dont la lumineuse couverture a déjà le mérite de retenir toute l’attention dans les rayons d’une librairie. Mais à trop en entendre parler, j’ai tendance à fuir, préférant souvent laisser passer l’euphorie de l’instant pour m’y plonger plus tard, tranquillement, à l’abri des regards et des avis… C’est finalement l’un de mes nombreux passages au sein de ma bouquinerie préférée durant mes congés qui m’a incitée à m’y plonger… Il trônait là, bien sagement rangé à un prix cassé, ici délaissé par un premier lecteur qui n’a pas souhaité le conserver… N’écoutant que mon coeur de lectrice passionnée, je l’ai alors adopté pour le lire sur la plage… Et croyez bien que je n’entends pas, pour ma part, m’en séparer…
Qui aurait cru qu’un premier roman puisse être aussi fort, aussi intense, aussi puissant, aussi bouleversant ! Si ma lecture est terminée, ces trois femmes m’habitent et n’entendent pas m’abandonner. L’auteure nous entraîne en effet dans la vie de trois femmes aux destins fort différents, qui ne vont jamais se croiser mais sont pourtant à jamais liées. Trois femmes qui n’ont rien en commun… Si ce n’est qu’elles tentent chacune de surmonter les lourdes épreuves que la vie met sur leur chemin… Trois femmes qui vont mettre un genou à terre sans jamais tomber, qui vont se courber pour mieux se relever, qui vont faire des sacrifices pour mieux s’affranchir des obstacles posés et imposés par la société. Trois femmes dont le courage, la volonté et la détermination forcent le respect et constituent un bel exemple de résilience pour mieux refuser la fatalité de ce sort qui leur est pourtant réservé.
Alors on se jette à corps perdu dans ce roman, on rejoint sans hésiter ces trois femmes dont on partage la rage de vaincre et de vivre qui les anime au quotidien, en quête d’une vie meilleure, bien décidées à conserver leur liberté pour mieux réaliser ces rêves auxquels elles n’entendent plus renoncer. Plus qu’un roman féministe poussant à réfléchir sur la place accordée aux femmes dans le monde et dans la société, il s’agit là d’un roman envoûtant, poignant et plein d’humanité qui pointe sans jamais juger les injustices de chaque situation. Alors on s’attache à ces héroïnes du quotidien, on les soutient du mieux qu’on peut, on les encourage et on les admire, tant et si bien qu’on regrette de devoir les quitter au terme de ce livre, on les conserve en mémoire pour mieux s’en servir d’exemple, de modèle à suivre pour une vie pleinement accomplie.
Portée par une plume magnifique et fascinante, la symbolique du titre est d’autant plus touchante quand on voit ces destins s’entrelacer pour à jamais se lier au fil des pages et des chapitres. On ne peut que ressortir ému et bouleversé de ce livre dont le style est fluide, captivant, promesse d’un moment de lecture tout simplement inoubliable.
En bref, un court roman magnifique et bouleversant, dont on ne ressort pas aussi facilement…