Chroniques 2017 Ressentiments distingués de Christophe Carlier

Un court roman piquant : “Ressentiments distingués“, de Christophe Carlier, aux éditions Phébus.
 
Le pitch : “Rincée par les pluies, battue par les vents. Telle était l’île qui, sans être perdue très loin en mer, n’en présentait pas moins un décor de bout du monde. Récifs, falaises, écume. De quoi forger le corps et tremper le caractère.” Et l’on en vient pourtant à craindre le passage de Gabriel, ce bon vieux facteur pourtant dévoué malgré son arthrose, dont les insulaires redoutent désormais les missives, un sombre corbeau étant bien décidé à venir perturber leur quiétude… “La première enveloppe arriva le 13 octobre, qui ne tombait pas un vendredi. Elle ne constitua un évènement que pour Théodore, qui vivait seul et ne recevait jamais de courrier”. La première d’une longue série…
 
C’est totalement par hasard que je croisais la route de cet auteur et son incroyable plume voilà un an, lorsque je jetais mon dévolu sur “L’Assassin à la pomme verte”, un roman aussi déconcertant que savoureux. Aussi me suis-je précipitée lorsque Babelio me proposait la lecture de son nouveau roman dans le cadre d’une opération Masse Critique dont je suis l’une des heureuses privilégiées !
 
Avant même de se plonger dans cette lecture, le lecteur aura déjà le plaisir de fondre face à cette couverture très simplement mais justement réalisée, dont le corbeau donne innocemment le ton, soulignant par là même un titre judicieusement choisi.
Entrant ensuite dans le vif du sujet, le lecteur se laisse immédiatement prendre au jeu, captivé qu’il est par cette intrigue aussi sombre que grinçante. L’auteur sait en effet choisir les mots qui font mouche à chaque instant, plantant ainsi un décor digne d’un huis clos sombre et inquiétant. Le lecteur vogue dès lors de paragraphes en paragraphes, se soumet volontiers à l’implacable suspens de la première partie, se délecte ensuite des desseins plus ou moins noirs et autres révélations qu’apporte la deuxième partie pour enfin succomber au dénouement particulièrement singulier et caustique de la dernière partie.
Particulièrement nombreux, chaque personnage y va de sa petite apparition pour apporter sa propre dose de soupçon, son zeste de médisance, son brin de commérage, contribuant à faire monter la sauce et dégrader les relations entre ces habitants faussement bien pensants. L’ambiance s’alourdit, s’assombrit de page en page et laissera son lecteur pantois qu’une mauvaise plaisanterie puisse prendre de telles proportions.
Toujours aussi riche et travaillé, le style de l’auteur est toujours aussi agréable à lire, sa plume vive et acérée s’ajustant à merveille au propos du roman, contribuant dès lors à en faire un grand moment de lecture.
 
En bref, un court roman cinglant à souhait !

Laisser un commentaire