Un roman impressionnant: “Maudits“, de Joyce Carol Oates, aux éditions Philippe Rey.
Le pitch: 4 juin 1905, Annabel Slade, petite fille de l’illustre Révérend Winslow Slade et descendante d’une des plus riches familles de Princeton, est “enlevée” juste après avoir uni sa vie au lieutenant Dabney Bayard devant l’autel, par le mystérieux Axson Mayte, en ville depuis peu et que personne n’est finalement capable de décrire. Cet événement tragique révèle une série d’événements étranges frappant la petite ville tranquille depuis quelques temps.
Tandis que Josiah Slade se lance sans retenue à la recherche de sa soeur, le Président de l’Université de Princeton, Woodrow Wilson, lutte férocement contre son ennemi juré, le doyen Andrew West, pour conserver le pouvoir, le jeune écrivain Upton Sinclair se lance à corps perdu dans le mouvement naissant du socialisme, et les plus riches familles de Princeton sont quant à elles touchées tour à tour par la “Malédiction”, plongeant ainsi la ville dans une sorte d’hystérie collective…
Tentée depuis longtemps par ce roman et sa couverture intrigante, j’ai finalement succombé à la tentation quand je suis tombée dessus à la médiathèque de chez moi! Alors même que je craignais de lutter pour venir à bout de ce monstre de 800 pages, j’ai finalement été happée dès les premières pages dans cette histoire si envoûtante.
Avec un talent incontestable, l’auteur nous livre là un roman incroyablement dense et fouillé, aux multiples facettes, oscillant entre le thriller fantastique et le roman historique, et donnant ainsi plusieurs visages au Mal.
Tout en berçant son lecteur dans une atmosphère macabre, pleine de morts violentes, phénomènes inexpliqués et autres faits indicibles liés à cette étrange Malédiction, l’auteur parvient subtilement à peindre une véritable critique de la société du début du XXème siècle, en proie au racisme et à la misogynie, sur le point de connaître de grands changements avec la montée du socialisme.
Servi par une écriture riche, magnifique, et des personnages particulièrement soignés, l’auteur nous offre ici un roman d’une incroyable complexité, tenant son lecteur en haleine jusqu’à son surprenant épilogue.
En bref, Madame Oates, c’est un roman prodigieux que celui-ci!