Une intrigue empreinte de nostalgie, plus bluffante qu’un tour de magie, méticuleusement orchestrée par un auteur de génie : “1991” de Franck Thilliez, paru ce 06 mai chez Fleuve Editions dans la collection Fleuve Noir.
Le pitch : Alors que l’année 1991 s’apprête à baisser le rideau, l’inspecteur Franck Sharko fouille dans les archives du célèbre 36 quai des Orfèvres à la recherche d’un indice qui pourrait relancer l’affaire des “Disparues du Sud Parisien”, cette enquête qui a défrayé la chronique sans trouver son coupable depuis 1989. Fraichement sorti de l’école de police, c’est la mission qu’on a confié à ce numéro six et dernier de son groupe d’enquête à la Brigade Criminelle… Jusqu’à ce que Philippe Vasquez débarque un soir en possession d’une inquiétante photo figurant une femme ligotée à un lit, le visage masqué par un sac. A son dos une adresse à laquelle Franck Sharko se rend… Mais très vite ces vérifications d’usage vont le confronter à l’horreur et l’entraîner avec son groupe sur les traces d’un redoutable meurtrier…
Alors que j’étais fin prête à me ruer en librairie ce 06 mai pour remonter le temps en compagnie de Sharko et Thilliez, les éditions Fleuve et Pocket ont très gentiment abrégé mes souffrances en m’offrant la possibilité de partir en “1991” avec quelques jours d’avance… Vous me suivez ? C’est normal, jusque-là c’est facile ! Aussi j’en profite pour remercier très chaleureusement ces deux maisons d’édition pour ce beau cadeau ! A présent posez votre smartphone pour ressortir votre machine à écrire : Place aux investigations s’il vous plaît !
En effet l’auteur nous ramène trente ans en arrière pour nous offrir bien plus qu’un polar à l’ancienne mais bien la toute première enquête de Franck Sharko, alors jeune inspecteur trentenaire fraichement sorti de l’école. Dans un Paris plus vrai que nature, Franck Thilliez retranscrit si bien l’époque qu’on s’y croirait… Tant et si bien même que c’est avec surprise qu’on réalise être au printemps 2021, en pleine pandémie et drogué aux nouvelles technologies quand on lève les yeux du bouquin.
Mais la livresque magie de Franck Thilliez ne s’arrête pas en si bon chemin. Le Houdini du polar français nous entraîne ainsi dans une intrigue redoutablement bien construite et rondement menée, dont il a pensé le moindre détail pour ne laisser aucun répit à son lecteur de la première ligne jusqu’à la dernière page tournée, à la poursuite d’un redoutable meurtrier mû par la vengeance et dont l’intelligence n’a d’égale que la dangerosité.
Immédiatement captivé par cette enquête aussi éprouvante que saisissante, le lecteur ne voit pas le piège se refermer et se laisse volontiers embarquer comme discret numéro sept d’une excellente équipe qu’il a à cœur d’intégrer, de soutenir et d’accompagner pour découvrir la vérité, aussi effroyable soit-elle, peu importe les cicatrices qu’elle pourrait laisser. Dès lors c’est à leurs côtés qu’on mène les investigations, qu’on va de surprise en rebondissement tandis que la tension ne cesse de grimper jusqu’à un dénouement tout simplement ahurissant, dont on se souviendra longtemps après avoir refermé ce livre.
Parce que Franck Thilliez réalise l’audacieux pari de renouer avec le passé tout en abordant des thématiques bien plus actuelles qu’il n’y paraît, conjugue science et magie aux prémices de l’informatique et des recherches ADN avec une plume incroyablement fluide, élégante et presque hypnotisante, un style vif et particulièrement efficace pour un résultat absolument fascinant, un polar frôlant la perfection et qui fait – curieusement – beaucoup de bien tout en faisant mal tant il est sombre et nous révèle une fois encore que les bas instincts de l’être humain ne connaissent décidément pas de fin.
En bref, ne vous fiez pas à l’apparente bonhomie de Franck Thilliez : C’est un dangereux illusionniste qui s’empare de votre âme de lecteur en moins de temps qu’il ne m’en faut pour vous le chroniquer ! Quant à moi, c’est décidé : Cet été je reprends chacune des enquêtes de Franck Sharko… A chacun ses passionnantes archives !