Un premier roman tout à la fois prenant et dérangeant, éprouvant et passionnant : “La cave aux poupées” de Magali Collet, paru en mars 2020 aux éditions Taurnada et en lice pour le Prix des Auteurs Inconnus dans la catégorie littérature noire.
Le pitch : Faire le ménage et la lessive, préparer les repas et penser à sa défunte Maman sans trop rêver sous peine de prendre une énième raclée, s’occuper des filles enfermées à la cave pour assouvir les pulsions du Père quand elle-même n’y est pas contrainte… Si elle sait qu’elle ne mène pas une vie normale comme celle qu’on voit à la télé, elle n’en connaît pas d’autre et s’en accommode, bon gré mal gré. Jusqu’au jour où leur dernière pensionnaire pose son regard sur elle et se met à lui parler…
Honte à moi qui ai bien failli manquer ce petit bijou d’une littérature plus noire que le Vantablack : Si vous ne savez pas ce que c’est, je vous invite à regarder sur le Net ! ^^ Pour l’heure, revenons-en à nos bouquins s’il vous plaît : C’est dans le cadre du Prix des Auteurs Inconnus que je me suis retrouvée face à ce livre dont la couverture comme le résumé avaient su m’interpeller… Avant de me laisser dubitative face à l’extrait… Pourtant convaincant mais pas assez face à mes réticences… Seulement le sort et mes acolytes en ont décidé autrement, le propulsant parmi les finalistes et me poussant dès lors à poursuivre ma lecture sans tarder…
Et je remercie très chaleureusement les organisatrices de ce merveilleux Prix ainsi que les membres plus téméraires que moi de ce jury puisqu’ils m’ont ainsi permis de faire une découverte… Eprouvante certes mais absolument exceptionnelle à n’en point douter !
A travers une intrigue particulièrement sordide mais indéniablement bien construite, l’autrice nous propose un huis clos d’une noirceur extrême, tout à la fois captivant et malaisant, si immersif qu’il en devient oppressant sans qu’on ne puisse/veuille en réchapper pour autant…
Mais la prouesse vient sans aucun doute de la profonde empathie que parvient à susciter l’autrice envers notre héroïne… Une héroïne dont je tairai volontairement le nom, estimant que c’est à elle de vous le révéler entre les murs de cette cave, si le cœur lui en dit… Une héroïne tantôt bourreau mais surtout victime, prisonnière sans chaînes d’un monstre d’autant plus cruel qu’il est dangereusement humain puisque, dans ses veines, coule le même sang que le sien. Et tandis qu’on apprend à la connaître, qu’on découvre les épreuves qu’elle a traversées, les souffrances qu’elle a endurées, la terrible emprise dont elle fait l’objet, c’est même une bouffée de pitié qui nous dispute à l’effroi qu’on ne cesse d’éprouver depuis la première ligne jusqu’à la dernière page tournée.
D’une plume étonnamment fluide malgré un style vraiment particulier mais judicieusement travaillé, l’autrice signe ainsi un thriller douloureusement saisissant et tout à fait singulier, qu’on n’est pas décidément pas prêt d’oublier…
En bref, pour une première incursion dans la littérature noire, Magali Collet entre assurément par la grande porte… Celle de “La Cave aux Poupées“, et je remercie les organisatrices du Prix des Auteurs Inconnus ainsi que les éditions Taurnada de m’avoir incitée à la pousser !