Un polar d’une incroyable noirceur et pourtant d’une lumineuse humanité : “Tuer le fils” de Benoît Séverac, publié à la Manufacture de livres.
Le pitch : Pour prouver qu’il est un homme et enfin gagner l’estime de ce père qui l’a toujours méprisé, humilié, violenté, Matthieu Fabas a tué un homme. Un crime qui n’a rien changé entre eux mais l’a conduit en prison pour de nombreuses années. Mais au lendemain de sa libération, c’est son père qui est assassiné… Si le coupable semble déjà tout désigné, les enquêteurs en charge de l’affaire ne sont pas convaincus d’une aussi simple résolution…
Honte à moi qui ai déjà rencontré Benoît Séverac à plusieurs reprises, et notamment l’an dernier à Bloody Fleury… Mais qui n’ai pourtant pas encore pris le temps de me plonger dans sa bibliographie… Enfin “n’avais”, car c’est maintenant du passé depuis la sortie de cet intrigant titre en début d’année, face auquel je n’ai pas su/pu résister quand je l’ai croisé à l’occasion d’un passage en librairie…
Dans “Tuer le fils“, Benoît Séverac a choisi de tuer le père pour analyser les relations et sentiments de ces deux êtres sous couvert d’une enquête particulièrement bien pensée, rythmée en diable et rondement menée.
Un remarquable polar qui se fait peu à peu thriller psychologique tandis qu’on rencontre les personnages, qu’on plonge dans leur histoire, qu’on découvre leur vie… Celle de Matthieu bien sûr, qu’on retrace au fil de ses propres écrits qui lui servent de catharsis et/ou de rédemption depuis qu’il s’est trouvé un vif intérêt pour l’écriture lors d’ateliers suivis en détention… Mais aussi celles des autres personnages et notamment les enquêteurs, tout aussi remarquablement croqués et profondément humains, que l’on suit avec beaucoup d’intérêt au fil des pages qu’on fait défiler sans voir le temps passer…
Avec autant de finesse et de subtilité, l’auteur aborde ainsi le lien père-fils et tous les sujets qui en découlent pour nous entraîner dans un récit d’autant plus intense qu’il se fait riche en émotions et incroyablement émouvant jusqu’à la dernière ligne…
Porté par une plume fluide, vive et soignée, un style à la fois élégant et incisif, le récit s’en fait d’autant plus prenant et touchant qu’il est à la fois sombre et lumineux, tendre et violent, froid et sensible..
En bref, je regrette de ne pas réussir à vous livrer une chronique à la hauteur de ce roman noir brillant… Mais l’auteur, lui, a bien plus de talent pour trouver les mots qu’il faut : Raison de plus pour vous laisser tenter si ce n’est pas déjà fait !
