La dernière nuit… D’un assassiné ? “Assassins !” de Jean-Paul Delfino, paru ce 05 septembre 2019 aux éditions Héloïse d’Ormesson.
Le pitch : Né à Paris le 02 avril 1840, Emile Zola tourne sa dernière page dans la nuit du 29 septembre 1902, victime d’une intoxication au monoxyde de carbone… Accidentelle ou criminelle ? Car l’auteur dérangeait, ses ennemis pullulaient et l’époque s’y prêtait… Aussi la question peut légitiment se poser…
Si je connais nombre de ses titres et de ses combats pour l’avoir lu et étudié au lycée, je dois vous avouer en préambule à cette chronique que j’en savais pas tant sur l’un de nos plus grands auteurs français, considéré comme le maître du naturalisme et qui se trouve justement être, une fois n’est pas coutume, le héros du bouquin qui nous occupe ici… Un bouquin sur lequel je me suis arrêté précisément parce que son titre, au pluriel qui plus est, m’avait interpellée avant même de découvrir de quoi il retournait…
Ce n’est pas un essai, ni une biographie… Ce n’est pas tout à fait un roman non plus… Quoi qu’il en soit, c’est en tout cas un bel hommage que rend ici Jean-Paul Delfino à Emile Zola – à l’homme plus qu’à l’écrivain, à ses combats plus qu’à ses œuvres – en lui donnant la parole à l’aube de sa mort pour remonter le fil de sa vie et passer en revue tous ses détracteurs qui auraient pu vouloir l’éliminer…
De l’enfance à l’âge adulte, de ses amours à ses luttes et autres prises de position… Les souvenirs affluent tandis que ses forces s’amenuisent… Et le lecteur, tout à la fois touché et captivé, n’aura de cesse de le veiller, de le lire et de l’écouter…
D’apprendre aussi, car l’auteur s’est ici livré à un remarquable travail de recherches et de documentation pour nous offrir un récit authentique et réaliste tandis qu’il donne la parole tantôt à l’écrivain, tantôt à ses opposants, tout en dressant le portrait d’une époque pas si lointaine mais bien plus sinistre et trouble que je ne l’aurais pensé, où l’intolérance et la haine, le racisme et l’antisémitisme avaient libre cours en France. C’est édifiant, ahurissant, inquiétant… Et rend d’autant plus crédible cette thèse d’un possible assassinat…
Mais si ce livre est aussi prenant, émouvant et passionnant, c’est aussi parce qu’au-delà du titre judicieusement trouvé se déploie une plume particulièrement fluide, vive et agréable, un style tout à la fois soigné et percutant, ce qui rend cette lecture enrichissante à plus d’un titre.
En bref, jamais je n’aurais cru me plonger dans pareil bouquin… Et je ne regrette rien ! A vous de découvrir ce double portrait, celui d’un homme et celui d’une époque, qu’a su admirablement dépeindre Jean-Paul Delfino !