Une récit hors norme, un enquêteur déroutant, un auteur authentique, une récompense méritée… Et c’est bingo : “Terra Nullius” de Victor Guilbert, paru en mars denier aux éditions Hugo Thriller, lauréat du Prix du Polar Européen 2022.
Le pitch : Hugo Boloren a perdu la bille depuis ce turbulent séjour à Douve qui a bien failli lui coûter la vie. De retour à Paris où il ne se sent pas vraiment utile, son supérieur, le Commissaire Grousset, lui a obtenu un rendez-vous auprès d’un grand thérapeute afin que sa mère puisse bénéficier de soins adaptés dans une clinique lilloise. A Lille justement, la police est saisie d’un crime particulièrement sordide : Jimcaale, un super héros d’une dizaine d’années, a été violemment agressé avant d’être laissé pour mort dans une immense décharge située à la frontière franco-belge et jouxtant un bidonville abritant nombre de réfugiés et autres indigents. Une affaire qui titille Hugo Boloren, lequel profite alors de son déplacement pour prêter main forte à ses collègues du Nord… Sans savoir dans quoi il est en train de s’embarquer…
Après avoir découvert la plume de Victor Guilbert et rencontré son étonnant Hugo Boloren à travers “Douve” à la suite du salon Iris Noir Bruxelles l’an dernier, il me tardait de retrouver l’un et l’autre pour de nouvelles aventures… Si l’opus tant attenu a débarqué en librairie en mars cette année, je ne suis pas parvenue à rallier cette “Terra Nullius” avant l’été… Mieux vaut tard que jamais, l’auteur a toujours l’art et la manière de pimenter mes congés !
Victor Guilbert et Hugo Boloren, c’est un peu Fred Vargas qui s’entiche du mythique Hercule Poirot : C’est aussi perché qu’intelligent, c’est aussi décalé que prenant, c’est aussi singulier que brillant.
Se plaçant dans la droite lignée de son précédent roman, l’auteur nous entraîne au cœur d’une nouvelle intrigue hors du commun, dans un environnement et en compagnie de personnages qui le sont tout autant… Sauf à tomber les œillères sur les manquements de notre société pour un polar à dimension plus sociale, humaine et actuelle qu’on pourrait le penser…
Nous voilà donc à investiguer entre une décharge publique et un vaste camp de sans-abris avec Hugo Boloren, enquêteur atypique s’il en est, accro au chocolat et à la Snick, exaspérant mais sympathique… Attachiant pour tout vous dire, étant précisé que mon “i” n’est pas une faute de frappe. Un personnage un brin lunaire, plutôt solitaire… Alors même qu’on rencontre pléthore de protagonistes à ses côtés. Qu’ils soient collègues ou suspects, stagiaire, fantôme ou même trimoin (pas de faute non plus), chacun s’avère fort bien croqué et a son rôle à jouer dans cette affaire dont il faut assembler les pièces à la manière d’un redoutable escape puzzle… Pour mieux en réchapper ? Rien n’est moins sûr, tant l’auteur a minutieusement orchestré son dénouement pour nous bluffer jusqu’à la dernière ligne.
Mais si cette histoire captivante et remarquablement maîtrisée marque autant les esprits, c’est aussi parce qu’elle est agrémentée de savoureuses répliques, tantôt belles, tantôt excentriques, servie par une plume fluide et agréable, unique et insolite, un style non dénué d’ironie mais surtout plein d’humanité.
En bref, je sais tout… Sauf ce qui m’attend dans les prochaines pages de Victor Guilbert… Une chose est cependant certaine : C’est que je le suivrai !
Je ne connaissais pas, merci pour la découverte 🙂