A peine revenu d’une pause estivale bien méritée et en dépit d’un emploi du temps particulièrement chargé, mon auteur Chouchou Olivier Norek m’a fait l’honneur et le plaisir de répondre à quelques petites questions suite à la diffusion de “Tout le monde ment“, téléfilm dont il est le scénariste et qui fut leader des programmes à la rentrée sur France 2 ! Si vous souhaitez en savoir plus au sujet de cette excellente comédie policière, vous êtes au bon endroit : Belle lecture à tous !
Qui de Vincent Verner ou du Groupe des Affaires Sensibles s’est invité en premier dans ton
imaginaire ? Peux-tu nous présenter l’un et l’autre ?
On avait déjà fait les serial killers, les monstres qui se vengent d’un héritage injuste ou encore les trahisons amoureuses. J’étais en train de réfléchir à ce qui pouvait fédérer le public autour d’un ennemi commun et, très rapidement, j’ai découvert que c’était ce dont je parlais depuis le début dans mes livres, c’est à dire les gens qui ont assez de pouvoir et de connaissances pour éviter les ennuis. Des gens qu’on connaît, dont on dit depuis des années qu’ils dirigent leur ville comme des mafieux ou qu’ils trafiquent les moteurs de leurs véhicules mais contre lesquels on ne peut rien faire. Ce sont tous ces gens qui traversent les orages et passent entre les gouttes sans jamais se faire mouiller alors que les citoyens “lambdas” se font attraper dès lors qu’ils franchissent la ligne. C’est tout à fait normal tant que la loi est la même pour tout le monde. C’est pour cela que j’ai d’abord pensé au Groupe des Affaires Sensibles et que l’intérêt de cette série, c’est le final : quand celui qui ne se fait jamais avoir se fait enfin avoir, ce qui a un côté ultra jubilatoire. Et puis j’ai l’habitude de chercher la « mauvaise personne » à mettre au cœur de l’enquête. Ici on va enquêter sur des gens qui ont l’habitude qu’on leur fasse des courbettes alors je vais leur opposer un gars qui ne supporte pas le mensonge et n’a aucune limite, qui leur parle comme on devrait leur parler, qui leur rentre dedans et va finalement jouer avec leurs règles, c’est à dire sans règle aucune et c’est Vincent Verner.
Comment Vincent Elbaz s’est-il retrouvé à incarner ce rôle ?
Justement, on cherchait un irrévérencieux et même un irrévérent. On cherchait quelqu’un capable d’avoir l’air sérieux mais qui peut vriller en une fraction de seconde. J’avais vu Vincent Elbaz dans « Le péril jeune », il m’avait fait mourir de rire et je l’ai redécouvert trente ans plus tard. Nous sommes très fiers, non seulement de l’avoir dans ce rôle mais aussi du duo parfait qu’il forme avec Nicolas Marié. Vincent Elbaz se montre ultra énervant et c’est pour ça qu’on l’apprécie tandis que Nicolas Marié incarne vraiment la personne qu’on adore détester.
Comment sais-tu qu’une idée deviendra un scénario plutôt qu’un roman ?
Je n’en ai aucune idée parce que je n’écris pas mes livres en pensant qu’ils vont être des films ou des séries et, quand je me mets à écrire un scénario, je sais que ce sera un scénario. Pour un scénario par exemple, je ne vais pas réfléchir à comment décrire les personnages puisque ce n’est pas moi qui fais le casting. Les deux choses sont totalement séparées parce que la somme de travail n’est vraiment pas la même.
S’il s’agit d’un scénario, on retrouve incontestablement ton ADN à travers cette intrigue très actuelle et ce personnage épris de justice et de vérité. Cela signifie-t-il qu’un écrit, quel qu’il soit, reflète toujours une part de toi et tes valeurs ?
Me concernant oui. Parce que je suis strictement incapable d’écrire des choses que je n’ai pas vécues, de parler de lieux que je n’ai pas vus, d’évoquer des catégories socio-professionnelles dans lesquelles je n’ai pas fait le job pendant un jour, une semaine, un mois. Il faut vraiment que je connaisse tout cela. Et cela reflète une part de moi, oui. Je suis quelqu’un qui me lasse très vite donc, si ce n’est pas une histoire que j’ai dans le ventre, dans le cœur, dans l’âme, je sais que je n’aurai plus envie d’écrire dessus au bout de trois semaines. Un bouquin, ça me prend un an et demi et, même si je pourrais peut-être donner le change, cela finirait par se ressentir. Pour un scénario, c’est encore pire car il faut qu’il plaise au diffuseur, au producteur, au réalisateur, aux acteurs… Chacun va me donner des indications pour que je change telle ou telle chose donc, si je n’ai pas envie de me battre pour ce sujet, j’aurais déjà abandonné. Pour un livre comme pour un scénario, il faut que cela me tienne au corps, il faut que cela me touche, que cela me ressemble.
Un service accrocheur, une équipe sympathique, un héros attachant… Aura-t-on le plaisir de les retrouver pour de prochaines enquêtes ?
Oui ! Dans le premier épisode, on avait uniquement tracé les personnages dans les grandes lignes. Maintenant on va pouvoir aller un peu plus loin : Pourquoi Verner est si intolérant au mensonge et quel est son lien avec ce libraire qui semble être un ancien braqueur de banque qu’il a lui-même arrêté, pourquoi Malory n’a plus la garde de ses enfants, comment va évoluer la relation entre Verner et sa voisine… Mais surtout, le but de cette série est vraiment de s’attaquer à tous ceux qui ne sont jamais tombés, sans pour autant verser dans le complotisme ni tomber dans un « Kill the rich » car il est heureux que certains créent des richesses, ce sont les employeurs et on a
vraiment besoin de ces gens-là. Mais on a aussi besoin qu’ils comprennent que les lois sont les mêmes pour tout le monde, peu importe le niveau de richesse ou de notoriété. Notre objectif est de travailler sur des affaires déjà jugées et pour lesquelles la culpabilité est avérée, c’est une série qui va aller gratter un peu là où, habituellement, on ne le fait pas. C’est une grande chance d’ailleurs que d’avoir le service public à nos côtés pour faire cela car nous nous retrouvons avec une chaîne plutôt courageuse qui nous commande d’autres épisodes, donc nous sommes hyper contents et partants, je vais même avoir un coscénariste que nous connaissons bien dans le monde du polar… Mais c’est encore un secret !
Avec près de 3,9 millions de téléspectateurs, cette fiction s’est retrouvée leader le soir de sa diffusion sur France 2, cela met-il une certaine pression pour la suite ?
Oui bien sûr, parce que c’est toujours dur d’imaginer qu’on peut décevoir. Avec la série « Les Invisibles », on a fait quasiment cinq millions de téléspectateurs à chaque soirée, cela a même été évolutif grâce au bouche-à-oreille alors que c’est plutôt rare. La saison 2 a donc été écrite et n’est pas loin d’être en tournage, et la question est de savoir si on va réussir à refaire ces scores. Cette fois-ci c’est pareil : quand on est leader de la soirée, il n’y a pas d’autre scénario pour ceux qui travaillent avec soi qu’être leader de la soirée pour l’épisode 2. C’est exactement la même chose en littérature. Il faut juste se souvenir que rien n’est jamais acquis et que tout est à recommencer, tout le temps.
Un dernier mot pour remercier très chaleureusement mon auteur et scénariste Chouchou Olivier Norek d’avoir pris le temps de répondre à mes petites questions indiscrètes… Et en attendant d’en découvrir la suite, je vous invite à voir ou à revoir sans modération “Tout le monde ment” avec Vincent Elbaz et Nicolas Marié !
Quel article incroyable. Je file regarder ce téléfilm ! Merci du conseil 😉
Cet auteur et scénariste est particulièrement talentueux : Tu vas A-DO-RER ! J’attends ton retour avec impatience ! 😉