Mes petits Bookinautes adorés ? Pour une rentrée de toute beauté sous le signe de l’autoédition, j’ai la chance et le plaisir d’avoir pu interviewer l’adorable Julie JKR, talentueuse autrice indé qui s’est très gentiment prêtée au jeu de mes petites questions indiscrètes… Bonne lecture, belle rencontre et excellente découverte !
Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Julie Jkr, autrice indépendante depuis 2015, mais en réalité depuis que je sais aligner deux mots sur du papier. Un cerveau trop petit pour toutes les histoires qui s’y cachent, mais je ne désespère pas de trouver une solution pour pousser les murs.
D’où t’est venue l’envie d’écrire ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours écrit quelque chose quelque part. Cela fait partie de moi, et même avec toute la volonté du monde, je ne pourrais pas faire autrement. Je suis une personne qui pense trop, à tout, et tout le temps, alors c’est pour moi le moyen de me vider la tête. Et puis les monstres sont mieux dehors que dedans.
Quelles sont tes sources d’inspirations ?
Elles sont diverses et variées. Cela peut-être une phrase que je vais lire dans un livre, un détail dans une série ou un film que je vais regarder. Elle peut provenir d’un mot que j’ai entendu, ou d’une simple conversation. Mais la majeure partie du temps, j’ai l’impression qu’elle est toujours là, comme si elle flottait au-dessus de moi. Alors je sais, c’est étrange dit comme ça, mais c’est pourtant la vérité. Mon cerveau tourne à plein régime constamment. Pas de répit, et c’est peut-être grâce à ça que j’arrive à écrire. Qui sait ?
Pourrais-tu nous parler de tes écrits, et notamment de ta série « Les enquêtes de Marie Rose Bailly » dont le second tome paraît le 23 septembre ?
Cette histoire, même si c’est une fiction, est basée sur deux choses qui me sont arrivées, mais pas dans cet ordre-là.
La première, Marie Rose possède la perception, cette capacité qui lui permet de dialoguer avec les morts et qui est directement liée à sa dégénérescence auditive. Alors je n’entends pas les morts, je vous rassure, mais je me suis servie de ma propre maladie auditive pour créer cette particularité. Pourquoi ne pas utiliser ce qui me fait défaut pour le transformer en quelque chose de cool. Bon d’accord, j’avoue que parler aux morts, ça doit être flippant, mais sait-on jamais, je pourrais peut-être trouver ça intéressant. Je dis ça aujourd’hui, mais ce n’était pas le cas avec l’anecdote qui suit.
La seconde, petite j’ai vécu une expérience que je n’arriverai pas à vous expliquer même si je le voulais, mais qui, j’en suis certaine, était bien réelle. Une vieille femme voûtée vêtue de noire se tenait au bord de mon lit, et laissez-moi vous dire qu’à sept ans, ce n’est pas quelque chose qu’on oublie facilement. On m’a dit d’essayer de lui parler, histoire de voir si elle attendait quelque chose de moi. Sérieusement ?! Vous vous doutez bien que ma bouche est restée scellée et, lorsque je l’ai vue pour la seconde fois, je me suis juste enroulée sous ma couette jusqu’à ce qu’elle disparaisse. Plus rien depuis. Des années plus tard, en y repensant, je me suis dit, tiens, pourquoi ne pas écrire l’inverse de cette expérience, et créer un personnage qui ne verrait pas les morts, mais qui les entendrait et pourrait leur parler. C’est là que Marie Rose a fait son entrée en scène.
Ce que j’aime avec cette série, c’est que les enquêtes peuvent se décliner à l’infini, du moment que je trouve un sujet, glauque de préférence, à traiter et qui me stimule.
De l’horreur au thriller en passant par le fantastique, ta bibliographie s’ancre incontestablement dans la littérature la plus noire : sais-tu seulement pourquoi ? Comment ces intrigues s’immiscent-elles dans ton imaginaire ?
C’est un registre qui me colle à la peau, aussi bien en écriture qu’en lecture. Ce que j’aime avec le fantastique ou l’horreur, c’est que je peux aller dans la direction que je veux, tout est ouvert, car ce que j’écris n’a pas forcément besoin d’être réel. Je peux laisser libre cours à toutes mes envies, pas de barrières. Le lecteur est conscient qu’il va se confronter à des choses qu’il ne pourra pas croiser dans la vraie vie. En revanche, le thriller, c’est l’inverse, et là c’est plus compliqué, parce que, pour que le lecteur y adhère un minimum, il faut en amont effectuer des recherches et essayer au maximum de rester crédible. Moins de place pour l’imaginaire, même si c’est une fiction. Mais j’aime ce challenge qui est de me mettre dans la peau d’un tueur ou d’une victime d’un crime dont je suis l’autrice. Dans ce genre littéraire, tu vois jusqu’où tu es capable d’aller et c’est assez déroutant par moment. Toutes les intrigues qui se bousculent dans ma tête ne seront pas développées dans un roman. Parfois elles s’imbriqueront dans d’autres pour ne former qu’une seule, et parfois elles disparaîtront aussi vite qu’elles m’ont traversé l’esprit. Mais même pour celles qui restent, là encore, je dois faire le tri, sous peine de semer un monceau de cadavres sur des centaines de pages.
Cela ne t’empêche pourtant pas d’explorer d’autres horizons, mais en compagnie de tes camarades de plume Lena Walker et Sophia Laurent : comment l’expliques-tu ? En quoi est-ce différent d’écrire seule ou à six mains selon toi ?
Je ne sais pas vraiment, j’ai eu envie de voir si je pouvais écrire autre chose. Je me suis surprise moi-même à changer de registre, même si Emma, mon personnage dans « Not the end », possède le don de disparaître donc je suis quand même toujours en terrain connu. Ce que je sais en revanche, c’est que j’ai vraiment aimé le faire avec Lena et Sophia parce qu’on était toutes les trois sur la même longueur d’onde. Cependant mon univers principal restera le même. Il ne faut jamais dire jamais, mais je doute qu’un jour vous puissiez lire une romance signée de ma main, sauf si la moitié des personnages meurt avant la fin de l’histoire. Avec les filles, on a discuté il y a quelques années de l’éventualité d’écrire un roman ensemble, et lorsqu’on s’est lancé, nos univers se sont mélangés très facilement. Malgré tout, c’est un exercice compliqué, car nos chapitres doivent être cohérents les uns avec les autres et, surtout, la lecture doit rester fluide. Chaque chapitre est écrit par une autrice différente, mais le lecteur doit pouvoir croire le contraire. Alors que, lorsque j’écris seule, je n’ai pas cette contrainte-là. Je ne me concerte avec personne avant de partir dans une direction ou dans une autre, même si j’avoue que pour « Not the end » on a souvent fini un chapitre en laissant le personnage de l’autre en très mauvaise posture, juste pour voir comment elle allait s’en sortir. Un brin sadique.
Pourquoi t’être lancée dans l’autoédition ?
Je ne connaissais rien au monde de l’édition et de ce qu’il fallait faire pour être publiée, mais je savais une chose, je voulais être confrontée directement à l’avis des lecteurs et lectrices. L’autoédition me permettait de le faire, alors je me suis lancée. C’est immédiat (il y a tout un travail avant publication, il faut bien le rappeler quand même), tu écris ton roman et lorsque tu cliques sur le bouton publier, ton histoire est en ligne. Si tu réussis à le promouvoir un tant soit peu, les retours arrivent vite. Je sais que le processus est plus long avec le circuit traditionnel, je tenterai peut-être un jour l’expérience, on verra. Je reste ouverte.
Aux lecteurs réfractaires à l’autoédition, que dirais-tu pour les convaincre de te lire ?
Pour la plupart, c’est un choix assumé d’être indépendant. Non pas le dernier recours pour être lu. Alors je leur dirais : Soyez et restez ouvert. Lisez avant de juger. Si par le passé vous avez eu une mauvaise expérience avec l’autoédition, laissez-vous une nouvelle chance. Vous serez sans doute étonné de ce que vous découvrirez.
As-tu déjà d’autres projets littéraires en tête ?
Toujours. Le troisième tome de ma série sur Marie Rose, mais avant de replonger dans cette nouvelle enquête, je compte écrire un thriller dont j’ai déjà le résumé, la couverture, mais dont je ne connais pas encore toute l’histoire. C’est bien la première fois que je fonctionne à l’envers. J’ai aussi deux autres thrillers sur le feu qui n’attendent que mes mains pour les écrire.
Un petit mot pour la fin ?
Plusieurs en fait. Pour commencer, merci pour cette interview, j’ai eu plaisir à y répondre. Ensuite, je le répète, restez ouvert et n’hésitez pas à changer vos habitudes de lectures, certaines pourraient vous surprendre plus que vous ne l’imaginiez. Et pour finir, n’ayez pas peur de vivre vos rêves, aussi grands soient-ils.
Un immense merci à ma très chère Julie JKR d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions pour me permettre de vous la faire découvrir, elle et son univers !
Trop bien cette interview ! Même si je côtoie Julie d’assez près, j’ai encore appris plein de choses! Bravo à toutes les deux!!