The place to read… Avec Marie Vareille !

Vous le savez mes Bookinautes adorés, c’est toujours un plaisir pour moi de partager mes coups de cœur avec vous. Et alors, tous les moyens sont possibles pour y parvenir : A travers mes chroniques, bien évidemment mais également par le biais d’interviews. Finaliste du Prix Maison de la Presse cette année, elle est et restera ma lauréate à moi, tant son dernier roman m’a touchée… J’ai donc sollicité Marie Vareille afin qu’elle vous parle de « La dernière allumette », paru en mars 2024 aux éditions Charleston et, pour mon plus grand bonheur, cette formidable autrice s’est gentiment prêtée au jeu de mes petites questions indiscrètes. Ne me reste plus qu’à vous laisser découvrir ses réponses : Belle rencontre et bonne lecture !

Quelle autrice es-tu ? Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 39 ans, je suis originaire de Bourgogne, mais j’habite désormais aux Pays-Bas avec mon mari et mes deux enfants. Difficile de définir quelle autrice je suis ! Je suis passionnée par les livres depuis toute petite (je suis une grande lectrice), je dirais que je suis une autrice exploratrice. Je vois l’écriture comme un grand terrain de jeu, un espace de liberté immense et unique, et j’ai envie de l’explorer, d’écrire des choses différentes à chaque roman et de ne surtout pas me cantonner à un genre.

Y a-t-il un livre/auteur qui t’a poussée à prendre la plume ? Quel a été ton déclic ?
Je ne sais pas, parce que j’ai écrit très naturellement, très jeune. Dès le primaire, je lisais tout le temps et, quand j’étais triste d’avoir quitté un livre, j’écrivais la suite, ou bien une fin alternative quand je n’aimais pas la fin. J’écrivais de la poésie, des débuts d’histoire… Je ne me souviens pas d’un déclic précis pour l’écriture. En revanche, je me souviens du petit roman pour enfant qui m’a fait tomber amoureuse des livres et a fait de moi, à tout jamais, une lectrice.

Te voici de retour en librairie avec « La dernière allumette », paru en mars 2024 aux éditions Charleston. Comment t’est venue l’idée de ce roman ?
Ce roman est à la confluence de plusieurs éléments. Mon intérêt (personnel et non littéraire au départ) pour le phénomène du stress post-traumatique, une statistique lue dans un article qui m’avait horrifiée : 3 enfants sur 4, ayant grandi dans un foyer violent, deviennent soit violents avec leur conjoint, soit eux-mêmes victimes d’un conjoint violent à l’âge adulte, y compris s’ils n’ont jamais été frappés et ne sont que spectateurs de la violence, et l’envie de comprendre moi-même le phénomène des violences conjugales. Et puis, il y avait la fin, aussi, mais je ne peux pas trop en dire, car je n’ai pas envie de spoiler…

Au moyen d’une structure narrative audacieuse et originale, tu retraces le parcours d’Abigaelle et son frère Gabriel ainsi que des êtres qui gravitent autour d’eux. Qui de l’intrigue ou des personnages s’est-il invité en premier dans ton imaginaire ? Peux-tu nous parler d’eux ?
J’ai quelques éléments de l’intrigue quand je commence à écrire et, dans le cas de « La dernière allumette », je connaissais une partie de ce que le lecteur ne comprend qu’à la fin. Mais ce sont toujours les personnages qui font l’histoire pour moi. Tant qu’ils ne sont pas vivants, qu’ils n’existent pas dans ma tête comme de vrais êtres humains en chair et en os, je n’ai rien à écrire, même avec une très bonne idée d’histoire. Et il m’arrive d’ailleurs fréquemment de modifier l’intrigue, parce que les personnages ne rentrent finalement pas dans la structure que j’ai imaginée pour eux.

À travers cet ouvrage, tu évoques avec une éprouvante justesse les traumatismes de l’enfance et les répercussions qu’ils ont durablement à l’âge adulte. En quoi cette thématique te tenait-elle particulièrement à cœur ?
Depuis que j’ai des enfants, l’idée que des enfants souffrent m’est insupportable. Et c’est une chose de souffrir de la guerre, de la maladie, de la pauvreté, autant de maux face auxquels les parents sont impuissants, mais souffrir de la main de ceux dont la responsabilité est de nous protéger, à l’endroit même, notre foyer, où on devrait se sentir en sécurité, c’est inacceptable.

Si la structure narrative que tu as adoptée ici sait brillamment entretenir le mystère et maintient durablement le suspense, elle rend surtout ton roman d’autant plus bouleversant, car douloureusement éloquent sur le délicat sujet des violences conjugales, toujours tristement d’actualité. Était-ce là ton objectif ?
Mon objectif n’est jamais de raconter une histoire, mais de la faire vivre au lecteur. La structure et le suspense servent à cela : à ce que le lecteur ressente la peur, la tension, l’angoisse des personnages en même temps qu’eux et, aussi, qu’en tant que spectateur, il réalise qu’il s’est trompé, qu’il n’avait pas tout compris de l’histoire, parce qu’on ne sait jamais ce qu’il se passe dans les foyers des autres, on fait des hypothèses et, parfois, souvent même, on se trompe sur ce qu’il se passe réellement une fois que la porte d’une maison est refermée.

Si tous tes romans sont différents les uns des autres, il semblerait que celui-ci le soit davantage… N’est-ce là qu’une impression ? Comment l’expliques-tu ?
C’est ce qu’on me dit, oui. Je ne sais pas l’expliquer. Ce n’est pas une volonté consciente, quand j’écris un roman, je tire sur un fil, je me dis « ah, ça, c’est intéressant, regardons où cela va m’emmener”, mais je ne sais pas ce qui va en sortir et, cette fois, c’était différent.

Un million de lecteurs se trouvent déjà conquis par tes romans qui t’ont valu de belles distinctions littéraires et une sélection pour le dernier Prix Maison de la Presse. Si ton talent comme ton succès ne sont plus à démontrer, cela ne met-il tout de même pas un peu de pression pour la suite ?
La pression peut avoir un aspect positif : j’essaie toujours d’écrire un livre qui sera mieux que le précédent (ce qui ne veut pas dire que j’y arrive mais, au moins, j’essaie). Mais de toute façon, après onze romans, je crois que la seule chose qui compte, c’est d’écrire exactement le roman que j’ai envie d’écrire, le mieux possible, au moment où je l’écris. Et surtout, sans penser aux lecteurs, à ce qu’ils vont en penser ou s’ils vont l’aimer. Je suis ravie et me considère comme très chanceuse du succès de mes livres et de pouvoir vivre de mon écriture, mais j’écris pour moi avant d’écrire pour ceux qui me lisent. J’ai d’ailleurs longtemps écrit sans être publiée et si/quand je ne serai plus publiée, je continuerai à écrire. Bref, la pression, je la ressens surtout avant la sortie d’un livre, dans les semaines qui précèdent, je ne dors plus, mais pas tant que ça pendant l’écriture, parce que quand j’écris, je ne pense pas à tout ça.

Ton roman vient de paraître… Mais as-tu déjà une idée pour tes prochaines pages ? Quels sont désormais tes projets littéraires ?
Je viens de commencer un nouveau roman, mais c’est encore trop flou pour que j’en parle ! ^^

Un petit mot pour la fin ?
Lisez « La dernière allumette » ! 😉

Un dernier mot que je ne saurais trop vous conseiller de suivre sans tarder ! Je remercie chaleureusement Marie Vareille pour cet échange à son image : Sincère, lumineux et passionnant ! A présent je vous laisse foncer en librairie afin de vous procurer « La dernière allumette » si ce n’est pas encore fait !

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