Prix du Polar auto édité 2016 : “Goodbye Gandhi“, de Mélanie Talcott, disponible sur Amazon.
Le pitch : Alors qu’il se rendait au Marché aux fleurs, l’inspecteur Vijay Ramalingam découvre le corps d’une femme âgée, au visage serein dissimulé sous une dupatta jaune, déposé sur un linceul de fleurs, entouré de riz safrané et de quelques pièces de monnaie, selon les rites funéraires indiens. Bien connue de la population, la victime est Amma Amrita, de son vrai nom Monique Duchemin, une française qui a décidé de tout plaquer, abandonnant mari et enfants pour se lancer dans l’humanitaire, fondant ainsi l’association “Children From Nowhere”. Il semblerait que la victime se soit pendue… Ou plutôt qu’on l’ait pendue… Et pourtant, sa dépouille a fait l’objet d’un respect surprenant. Bien que les autorités usent de pressions pour voir classée cette affaire, l’enquête officieuse est confiée à l’inspecteur Ramalingam et son adjoint Prakash, assistés de Léa Paoli, une Franco-Indienne membre de la police scientifique française. Car celle qu’on surnommait la mère Térésa de Pondichéry n’était peut-être pas aussi blanche qu’elle le laissait croire…
Suite à notre échange concernant le #JeudiAutoEdition, Laure Lapègue, charmante fondatrice du site Booknseries, a eu la gentillesse de me proposer la lecture de ce polar atypique, ce que j’ai accepté sans la moindre hésitation, émoustillée à l’idée de découvrir une intrigue originale se déroulant au coeur d’un pays que je connaissais plutôt mal jusqu’ici…
Sous couvert d’une enquête policière biaisée d’avance, l’auteur nous plonge en immersion dans une Inde sordide mais criante de réalisme, bien loin des clichés “Bollywoodiens” habituellement servis. En dépit de quelques longueurs, l’intrigue est savamment orchestrée, l’auteur alternant tantôt l’enquête menée par notre trios de policiers, tantôt les dernières heures de la victime, kidnappée par une étrange bande de huit gamins, nous révélant ainsi peu à peu la vérité et les motivations de ce crime peu banal. L’enquête passe finalement au second plan au profit d’un portrait particulièrement saisissant de ce pays, où les clivages sont flagrants, où les violences tant physiques que sexuelles sont quotidiennes et banalisées, où la corruption des pouvoirs publics n’est même plus un secret, et où l’humanitaire peut être facilement détourné par appât du gain.
De même, les personnages sont plutôt bien construits et contribuent tout autant à révéler une toute autre facette de ce pays en proie aux trafics sexuels.
Le style est efficace, parfois brutal, souvent crû, ce qui n’empêche pas à la plume d’être belle, et même poétique.
De même, les personnages sont plutôt bien construits et contribuent tout autant à révéler une toute autre facette de ce pays en proie aux trafics sexuels.
Le style est efficace, parfois brutal, souvent crû, ce qui n’empêche pas à la plume d’être belle, et même poétique.
En bref, un “ethno polar” particulièrement réaliste, à découvrir !