Chroniques 2025 \ On ne mange pas les cannibales de Stéphanie Artarit

Un redoutable thriller… Humanimal : “On ne mange pas les cannibales” de Stéphanie Artarit, paru le 22 mai 2025 aux éditions Belfond, lauréat du Grand Prix du Festival sans nom, du Prix Ensemble pour l’Imaginaire et du Prix des lecteurs des bibliothèques de Mulhouse 2025.

Le pitch : Noël Rivière est le propriétaire d’un zoo familial du sud de la France. Sa vie froide et solitaire se trouve bouleversée lorsqu’il rencontre Bambi, une adolescente livrée à elle-même, qui s’introduit chaque jour dans le parc pour échapper à la misère de son quotidien et à la violence de son frère aîné. Touché par cette gamine farouche, Rivière décide de lui offrir un emploi, de l’aider, de la protéger. Jusqu’à sceller leurs destins.
Pour Noël et Bambi, un bonheur fragile semble à portée de main, mais le danger rôde. Alors que les humains l’ignorent, les animaux sentent la menace qui se rapproche. Ils reconnaissent l’odeur d’une bête qui n’appartient à aucune espèce. Un monstre imprévisible et cruel qui attend son heure pour bondir et tout saccager…

Voilà un moment que j’entends parler de ce roman… Seulement le résumé ne m’inspirait pas et la couverture ne m’attirait guère. Voilà. Cet été, j’ai donc renoncé… A la rentrée, je l’ai oublié. Et puis au Festival sans nom, il a tout raflé… Trois prix en une soirée, je pense que la leçon était intégrée : Je devais me rattraper… Et longtemps, très longtemps je me souviendrai de l’uppercut littéraire que je viens d’encaisser !

De sa plume audacieuse et singulière, l’autrice nous plonge au cœur d’une intrigue terriblement… Féroce. C’est le premier terme qui me vient à l’esprit, devant puissante et intense, malaisante et palpitante, éprouvante et envoûtante. Vous avez le résumé, je n’en dirai pas davantage à ce sujet, au risque de divulgâcher. Mais sachez qu’en franchissant l’entrée de ces pages et de ce zoo, vous côtoierez l’humain et l’animal à parts égales, et vous comprendrez que la bête n’est clairement pas celle que l’on croit. Vous qui aimez la littérature noire, vous le saviez déjà, mais de cette lecture-là, vous ne vous remettrez pas, croyez-moi.
Car jamais la cruelle réalité n’aura aussi fortement frappé qu’à travers ces lignes, flamboyantes et pourtant d’une noirceur sans nom. Sans trop en faire, car l’autrice manie l’art de la suggestion comme personne pour mieux laisser faire notre propre imagination… Pour mieux nous plonger dans l’horreur et la sidération. Car l’autrice nous livre un thriller profondément humain tout en sondant la bestialité des êtres. L’atmosphère est pesante, oppressante et entêtante, la tension palpable, violente et étouffante, les personnages touchants, complexes et mémorables, l’écriture brute et authentique, incisive et teintée d’un certain cynisme sans manquer d’une troublante poésie, la lecture instinctive, percutante et addictive. Pour un roman profond. Brillant. Bluffant.

En bref, je ne m’attendais pas à un tel choc littéraire en plongeant dans cet ouvrage… Jamais je ne pourrai oublier Bambi, Noël, Féline, Sam et Valérien, Sandrine, Martin… Ni Adam. La vengeance est un plat qui se mange cru. Qu’on se le tienne pour lu. 

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