Chroniques 2017 Tout ce dont on rêvait de François Roux

Une critique caustique de notre société actuelle : “Tout ce dont on rêvait“, de François Roux, aux éditions Albin Michel.

Le pitch : La vingtaine, saoule et désabusée, surtout par la gent masculine, Justine passe le plus clair de ses soirées à brûler la chandelle par les deux bouts en compagnie de ses amis gays, les seuls qu’elle ne classe pas à l’index des sombres abrutis. Jusqu’au jour où elle croise la route de deux frères, Nicolas et Alex. Ce dernier représentant l’archétype du beau gosse irrésistible, Justine ne tarde pas à tomber sous son charme et à s’accrocher à lui plus que de raison, tandis que c’est Nicolas qui tente de réparer les dégâts du goujat… 17 ans plus tard, Justine est désormais mariée et mère de deux enfants… Mais la vie est bien connue pour ne pas être un long fleuve tranquille…

Ayant eu la chance d’être sélectionnée pour faire partie du Comité de Lecture de l’enseigne Cultura pour cette nouvelle rentrée littéraire, c’est dans ce cadre que j’ai eu la chance de découvrir le nouveau roman de cet auteur, curieuse de découvrir cette plume dont j’avais entendu parler à l’occasion de son précédent livre, “Le Bonheur National Brut“.

L’auteur nous plonge ici au cœur du quotidien ordinaire de gens ordinaires en passe de vivre une véritable descente aux Enfers, celle des tristement célèbres aléas de la vie. Confronté de plein fouet à la dure réalité, le lecteur se devra d’ouvrir les yeux sur cette dérangeante société qu’est la nôtre. Une société où l’amour n’est plus forcément éternel ni avéré, où le monde du travail s’apparente davantage à une mer infestée de requins tous plus hypocrites les uns que les autres, où la consommation est le maître mot de tout ménage, où le paraître a désormais bien plus de valeur que l’être. Ouvrant dès lors un œil neuf et critique sur ce monde qui s’ouvre à lui, le lecteur ne peut que voir la réalité en face, et s’inquiète dès lors de savoir ce qu’il va advenir de cette famille pris dans les soucis d’une triste banalité.
Brossés avec soin et minutie, les personnages sont particulièrement intéressants et constituent la clé de voûte de ce roman. Dépeints avec beaucoup de crédibilité, le lecteur ne tardera pas à s’identifier à l’un ou plusieurs d’entre eux, tant il paraît aisé de reconnaître nos propres traits de caractère au travers de ce tableau incroyablement réaliste. M’ont pour ma part marquée l’indécise Justine, sa vulnérabilité et son profond manque de confiance en elle, qu’on a tantôt envie de secouer, tantôt envie de protéger, mais aussi la jeune et désinvolte Adèle dont la culture n’a d’égale que l’impressionnante morgue avec laquelle elle s’exprime. Les autres personnages ne sont évidemment pas en reste, chacun jouant pleinement son rôle au cœur de ce récit.
La plume de l’auteur, fluide et plaisante, son style vif, nerveux, efficace, apporte beaucoup au rythme du récit et contribue à en faire un très bon moment de lecture.

En bref, un portrait sans langue de bois de notre société actuelle, à découvrir !

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