Chroniques 2017 \ Criminal Loft d’Armelle Carbonel

Un roman brillamment machiavélique né d’une auteure au talent infernal : “Criminal Loft” d’Armelle Carbonel, publié aux éditions Fleur Sauvage et au format poche chez Milady.

Le pitch : Aileen, James, John, Leonard, Lynda, Michel, Terrance, Wallace. Ils sont huit. Huit à intégrer l’ancien sanatorium qu’on dit hanté de Waverly Hills pour une toute nouvelle émission de télé réalité. Ils sont huit et à la fin il n’en restera plus qu’un, chaque semaine voyant l’un d’eux éliminé par le public. Le gagnant échappera à l’issue fatale qui attend chacun d’entre eux, recouvrant ainsi la liberté pour réintégrer la société. Les autres retourneront là d’où ils viennent… En prison… Plus précisément dans le couloir de la mort où les attend la peine capitale au regard des atrocités qu’ils ont pu commettre. Car oui, les candidats de ce reality show ne sont ni plus ni moins que huit des plus dangereux criminels des Etats-Unis…

J’ai décidément du retard à rattraper en matière de pépite littéraire ! Voilà pourtant bien longtemps que ce petit bijou patientait tranquillement dans les sombres abysses de ma PAL, sans jamais parvenir à  s’en extirper cependant, faute de temps… Et c’est finalement à la suite du Salon du Livre de Genève (Oui je sais, il m’a fallu aller aussi loin pour me décider, je suis à baffer…), lors duquel je rencontrais l’auteure et profitais de l’occasion pour me faire dédicacer mon précieux exemplaire, que je me lançais donc dans cette lecture ô combien captivante et puissante…

D’entrée de jeu l’auteure nous fournit de quoi nous désarçonner, nous glissant dans les pas de John T., rien de moins que l’un des huit candidats. Celui-ci nous livre donc à la première personne son journal dans lequel il s’apprête à relater son expérience dans le cadre de cette surprenante émission de télé réalité. Le malaise prend dès lors le lecteur aux tripes, captivé autant qu’il est effrayé de connaître une telle proximité avec un pareil personnage. Car l’auteure est sadique, aussi va-t-elle faire partager les pensées et autres réflexions les plus intimes du narrateur, entraînant son lecteur dans la tête du monstre. Qu’il soit écœuré ou apeuré n’a pas la moindre d’importance : Fascination et curiosité le pousseront à tenter de comprendre le cheminement du protagoniste. Dès lors la tension est palpable et le suspense enivrant, et ce dès les premiers instants jusqu’à un final ahurissant.
Si les protagonistes ont de quoi inquiéter, il n’en reste pas moins que les fantômes le sont tout autant… J’entends par là les personnages qu’on ne voit pas… Cette Voix de l’Ombre déjà, à laquelle les candidats doivent obéir sans sourciller et réaliser tout ce qu’elle désire… Les organisateurs aussi, certes, mais surtout… Les téléspectateurs… Acteurs de l’ombre, cela pourrait être vous, cela pourrait être moi. Si la curiosité est un vilain défaut, elle est ici malsaine, ce que met brillamment l’auteure en exergue, faisant presque d’eux des coupables de meurtres par procuration devant leur écran de télévision, ce qui ajoute indéniablement un côté horrible et diabolique à l’intrigue déjà d’une noirceur extrême, monstrueuse et face à laquelle le lecteur ne pourra pourtant que succomber…
Et parce qu’il ne pouvait sans doute en être autrement, la plume de l’auteure est aussi élégante qu’elle est vive et percutante, le style aussi soigné qu’il est efficace et redoutable, poussant un lecteur déjà envoûté de se plonger corps et âme dans la lecture de ce roman particulièrement puissant, ne pouvant s’en détacher qu’une fois le point final arrivé.

En bref, un thriller monstrueusement irrésistible pour un huis clos aussi passionnant que diabolique.

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