Chroniques 2017 Le fils du héros de Karla Suarez

Un roman à la fois intriguant et enrichissant : “Le fils du héros“, de Karla Suárez, aux éditions Métailié le 31 août 2017.
 
Le pitch : C’est à l’âge de 12 ans qu’Ernesto apprendra la mort de son père dans l’intervention des troupes cubaines lors de la guerre en Angola. Ce drame met un terme à son enfance et voit couler ses ultimes larmes tandis qu’il endosse le lourd costume du fils du héros, tant pour sa famille que pour tous ces gens qui l’entourent. Pour autant cette page de l’Histoire le hante et son désir de reconstruire l’histoire de son père l’obsède au point d’avoir raison de son mariage tandis qu’il se lance à l’âge adulte dans un véritable travail d’investigation… Seulement la vérité qu’il voit émerger n’est pas forcément celle à laquelle il s’attendait…
 
Ayant la chance de faire partie des Explorateurs de la Rentrée Littéraire 2017 pour le site Lecteurs.com, c’est à cette occasion que j’ai reçu en avant première ce roman d’une auteure que j’avoue ne pas connaître, pas plus que cet épisode historique, sur lequel je me suis d’ailleurs renseignée à la suite de ma lecture, avide que j’étais de pouvoir en apprendre davantage encore.
 
Revenons cependant au livre lui-même dont il faut en préambule admirer la structure, puisque chaque chapitre prend pour titre celui d’un roman d’un autre auteur, d’une autre époque, d’un autre genre, suggérant à lui seul le contenu des propos qui vont suivre avec une certaine finesse, une certaine subtilité.
Usant dès lors d’une plume envoûtante, captivante, presque hypnotique, l’auteure nous emmène dès lors à la rencontre d’Ernesto, ce Cubain qui s’est certes construit au fil des années écoulées, mais n’a pas pu faire abstraction de ce douloureux passé dont il garde une blessure qu’il ne pourra guérir sans faire toute la lumière sur la fin de son père. Opérant dès lors de nombreux aller-retour entre présent et passé pour envisager son avenir, on apprend bien sûr à connaître Ernesto, mais pas seulement. On découvre comment ce dernier s’est enferré dans une dangereuse quête de vérité tournant à l’obsession, mettant en péril son existence toute entière tandis qu’elle est alimentée par l’ambigu Berto, qui surgit opportunément dans sa vie et lui délivre des informations cruciales pour avoir lui-même participé à ce conflit en même temps que ce père disparu… Ce père qui, finalement, s’avère omniprésent malgré son absence et nourrit un suspense de tous les instants pendant qu’on récolte les éléments comme les pièces d’un puzzle, qu’on s’attache à reconstruire et comprendre. Impossible au final de lâcher ce roman avant d’en atteindre le point final, subjugués que nous sommes par cette histoire qui nous permet en outre un voyage dans l’Histoire et ses pans obscurs, au cours d’une époque difficile, au coeur d’un pays en proie au communisme, bien déterminés cependant à en connaître le dénouement… Plutôt surprenant…
Les chapitres ne sont pas très longs et l’écriture est fluide, efficace, vive, ce qui permet ainsi de dynamiser un récit aussi fort que prenant pour une lecture qu’on ne voit pas décidément pas venir ni passer.
 
En bref, un roman à dimension historique, intéressant et enrichissant !

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