Il était un Indé… Et c’est Franck Driancourt !

En marge des Quais du Polar et dans le cadre de cette petite rubrique consacrée à l’autoédition que je prends plaisir à alimenter chaque fois pour la DreamBookGazette, je ne suis pas peu fière de vous présenter un auteur indé dont j’apprécie la plume depuis son tout premier roman et que je suis ravie de redécouvrir à présent dans mon genre de prédilection, je parle évidemment du polar… Après trois aventures aux côtés de son petit compagnon de papier Edgar Nelson, Franck Driancourt est donc de retour avec “Des flocons de sang” et a très gentiment accepté de répondre à mes petites questions indiscrètes : Bonne lecture et belle rencontre !

Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
J’habite en région parisienne où je travaille dans l’informatique des médias depuis la fin de mes études d’Histoire médiévale. Les deux ne vont pas nativement ensemble, mais la vie est ainsi faite. Mes études me permettent d’assouvir une passion et l’informatique de me nourrir.

D’où t’est venue l’envie d’écrire ? Qu’est-ce qui t’a poussé à prendre la plume ?
Difficile de répondre à cette question qui revient pourtant régulièrement. A force d’y réfléchir, je ne pense pas qu’il y ait eu un déclic en particulier. C’est tout un ensemble de facteurs qui m’ont poussé à produire de manière plus ordonnée les histoires que j’avais en tête. En premier lieu et du plus loin que je me souvienne, j’ai écrit mes premières histoires à l’école primaire. A l’époque, nous lisions les « livres dont vous êtes le héros ». J’avais créé un truc tout pourri sur un cahier de brouillon avec un vieux stylo à encre rouge, tout bouffé au niveau du capuchon. Je ne me rappelle plus son contenu, en dehors d’une carte dont j’étais particulièrement fier. Il ne reste rien de cette période. C’est certainement mieux ainsi.
Un peu plus tard, et adulte, j’ai débuté une fantasy pour meubler mes nuits d’insomnies. Ce n’était pas grand-chose, un passe-temps, des bouts de textes désorganisés. Je n’avais aucune intention de publier quoi que ce soit. Je n’avais même pas conscience d’avoir un talent quelconque pour la matière. Puis j’ai croisé un collègue dans une situation similaire à la mienne. On a échangé nos textes, retravaillé nos productions et ajouté des éléments sur nos mutuelles recommandations. Un mot entrainant une phrase, un paragraphe, un chapitre… On s’est pris au jeu et on s’est lancé dans un concours qui passait par là. J’ai déposé un nouveau texte que j’ai pondu en trois mois, je crois. Un gros brouillon pour moi, mais qui m’a valu une troisième place. Un roman jeunesse, perdu au milieu d’une centaine de romances. J’ai passé plusieurs mois à le modifier, relire chaque ligne et chercher l’accord parfait pour que tous les mots s’imbriquent correctement. Je pense y être parvenu. C’est quelque part, par ici, que j’ai eu l’occasion de faire ta connaissance : Ce livre, « Les aventures d’Edgar Nelson » a connu son heure de gloire dans une petite maison d’édition. Seulement le Covid a tout stoppé, la maison d’édition n’est plus… Et Edgar est resté prisonnier de cet état de fait, englué dans le catalogue Amazon…

Quelles sont tes sources d’inspiration pour tes romans ? De quoi se nourrissent tes intrigues ?
En règle générale, je trouve une scène, un lieu, réel ou fictif, et j’y introduis quelques personnages, réels ou fictifs également. Puis, je les fais interagir avec les éléments qui les entourent. J’imagine des dizaines de scénarii possibles jusqu’à disposer de trois ou quatre actions qui me plaisent. Peu importe qu’il y ait une intrigue à ce moment-là, ni même que ce soit le début d’une histoire. Je suis comme un explorateur qui débarque dans un nouveau monde et le découvre. Ce travail peut durer plusieurs mois. Ensuite, j’écris un premier chapitre jusqu’à ce qu’il me convienne. En parallèle, j’ai des ramifications qui partent de tous les côtés pour voir ce que je peux tirer de cet univers. Dès lors, je recherche une intrigue tout en continuant d’écrire des passages qui seront incorporés, ou non, au roman. Je passe mon temps à réécrire mes textes. Je peux ajouter des scènes et en retirer. Parfois les réécrire quinze fois. Il n’y a aucune morale à rechercher dans mes histoires, ni d’explication de texte à faire. J’écris juste pour me détendre et pour créer des mondes. Je peux y ajouter des amis qui m’entourent. J’utilise même leur nom. Ça m’assure au moins une vente ! ^^

Pourrais-tu nous présenter ta bibliographie, et notamment nous parler de ton dernier roman intitulé “Des flocons de sang”, paru fin 2022 ?
« Des flocons de sang ». Jusqu’au dernier moment j’hésitais à l’intituler « Les larmes de l’apocalypse ». Je trouvais que ça sonnait bien. Puis le premier l’a emporté sur le second. Je ne sais plus pourquoi.
« Des flocons de sang », c’est l’histoire d’un jeune héritier richissime qui déraille et s’imagine que, derrière le Père Noël, se cache en réalité le Diable. Allez savoir pourquoi… Un premier cadavre est découvert à Central Park et un inspecteur affublé d’une « consultante » vont enquêter. J’ajoute un peu de culture païenne scandinave et une immersion au cœur de la folie… Le reste, à vous de le découvrir. Ça reste toujours très narratif et linéaire. C’est assez descriptif, d’après les retours que j’en ai eus, pour que l’on entre facilement dans l’histoire. Une sorte de télé dans la tête. N’hésitez pas à me rendre visite sur les réseaux sociaux, je peux distribuer des extraits du livre. Je préfère de loin passer à côté d’une vente que d’avoir un lecteur déçu.
Les trois premiers romans que j’ai publiés sont catégorisés en littérature jeunesse, mais c’est plus auprès des adultes qu’ils ont fait l’unanimité. « Les aventures d’Edgar Nelson », « Edgar et le magicien d’Oz » et « Edgar et le trésor du Capitaine Flint » racontent l’histoire d’un gamin, mal dans sa peau, peu épargné par les aléas de la vie, qui va se retrouver au cœur d’intrigues grâce à la lecture. Le concept n’est pas nouveau, mais ce qui devait être au départ qu’une seule et unique histoire s’est transformée également en aventure pour son auteur. Les lecteurs m’ont demandé une suite. Puis, une suite de la suite. Et tout cela s’est doucement transformé en trilogie. J’ai débuté un quatrième volume dans l’univers de Dickens, mais le projet est aujourd’hui inachevé. J’attends le jour où mes rêves me renverront près d’Edgar.

Tu sembles être passé du roman d’aventures au polar : Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
C’est vrai. Pourtant, j’ai débuté par la Fantasy. C’est l’univers qui me plaît le plus. Hélas, c’est le plus complexe à écrire. Il y a tout un monde avec ses codes à créer et à décrire. On arrive tout de suite dans des romans très longs et difficiles à contenir. L’avantage, c’est que chaque interrogation peut être expliquée par la magie. C’est un atout indéniable que l’on ne retrouve pas ailleurs.
En définitive, je peux passer d’un univers à l’autre. Je m’adapte. Pourquoi composer uniquement dans un seul registre ? C’est triste, non ? Il y a juste des codes à respecter quand on écrit. Pour le reste, c’est le lecteur qui fait la différence.

Que devient Edgar Nelson, ce jeune héros en compagnie duquel tu revisitais nos grands classiques de la littérature jeunesse ?
J’y ai déjà un peu répondu au-dessus, désolé ! J’ai environ la moitié d’un quatrième volume. J’aime beaucoup ce personnage. Il est un peu mon alter ego. Je me retrouve un peu en lui et, si on me laisse quelques minutes à la frontière de l’endormissement, je peux écrire sans discontinuer jusqu’à m’endormir complètement. Le train est un excellent catalyseur pour mon imagination. Le plus compliqué, lorsque l’on écrit en jeunesse, est de conserver l’esprit qu’un enfant peut avoir sans les prendre pour des idiots. Pour autant, j’ai toujours refusé d’abdiquer sur le langage utilisé. Edgar est un collégien. J’utilise un vocabulaire assez riche, mais compréhensible. Vous avez deux sortes de gamins. Ceux qui vont rechercher dans un dictionnaire le mot qu’ils n’ont pas compris et ceux qui vont déduire son sens en fonction de la phrase et du contexte. En outre, Edgar permet de découvrir des classiques que l’on connait tous, sans même les avoir lus. Qui a lu Peter Pan, Tom Sawyer, Dracula…? C’est tout cela que représente Edgar. Au fil du temps, il devient un Veilleur, celui qui prend soin des histoires et les transmets.
J’ai vécu de nombreuses histoires avec Edgar. Elles sont toutes dans ma tête. Reste à les coucher sur le papier. Pour l’instant, c’est seulement trois tomes, mais je n’ai aucun doute que d’autres aventures finiront par voir le jour.
Comme je l’ai déjà indiqué, la maison d’édition chez qui Edgar avait trouvé refuge n’a pas survécu au Covid et, même si j’ai récupéré les droits sur l’œuvre, Amazon est difficile à manœuvrer et refuse d’envoyer au pilon les derniers exemplaires. Je suis bloqué sur ce dossier. Je vais probablement regrouper les trois histoires dans un seul tome et le remettre à la vente en autoédition.

Pourquoi t’être lancé dans l’autoédition ?
Par fainéantise ! Je déteste démarcher et me vendre. Je ne suis pas fait pour le marketing. Paraît que je passe à côté « d’innombrables ventes ». C’est gentil de le penser, mais je reste un auteur qui écrit parce que son esprit est trop petit pour conserver tout à l’intérieur de sa caboche. Je ne cracherai pas sur la gloire, mais je ne la cherche pas. J’aime écrire et j’aime à penser que je le fais bien. En tout cas, je m’y applique. Démarcher des maisons d’éditions, c’est très long et cela représente une perte de temps non négligeable. A moins d’être un auteur « bancable », on ne fera rien pour vous.

Aux lecteurs réfractaires à l’autoédition, que dirais-tu pour les convaincre de te lire ?
Je suis moi-même réfractaire aux lectures des livres autoédités parce qu’écrire n’est pas quelque chose d’inné. Il faut beaucoup de travail. Il y a beaucoup de très bons auteurs dans le monde de l’autoédition, mais il y a aussi une quantité non négligeable de personnes qui pensent avoir un don pour l’écriture, et ce n’est pas le cas. Ce que j’ai remarqué dans cet univers, c’est que les auteurs les plus discrets sont souvent ceux qui ont le plus de talent. Le plus important pour un lecteur, c’est de se faire une opinion par lui-même. Il y a forcément un auteur autoédité fait pour lui, une écriture qui lui parlera. Je lui conseillerai également de se méfier des auteurs qui démarchent, ce ne sont pas les meilleurs.

As-tu déjà d’autres projets en tête ?
Enormément ! Je tente actuellement une dystopie avec une héroïne pour personnage principal. Une nouvelle fois, je change encore de thème et de monde. J’espère pouvoir en dire plus dans quelques temps. Je travaille également sur une fantasy, la même depuis une décennie. Je ne sais pas si elle verra le jour… Un jour ! On verra où cette histoire m’entraîne. Enfin, un quatrième « Edgar Nelson » est en cours aussi, je vous en ai déjà parlé.

Un petit mot pour la fin ?
La lecture, l’imaginaire et la réflexion fabriquent des esprits libres. Ne renoncez jamais à cette liberté. C’est la seule chose que l’on ne pourra pas vous taxer. Même avec un 49.3. Quoi dire d’autre que de vous encourager à me lire. Je suis assez timide, mais je réponds facilement à toutes les sollicitations. N’hésitez pas à venir discuter en messagerie. Je suis dispo presque 24/24 sur Facebook !

Un immense merci à Franck Driancourt qui m’a très gentiment accordé cette petite interview littéraire, me permettant ainsi de vous le présenter à ma façon… Ne vous reste plus qu’à faire plus ample connaissance avec sa plume, en rencontrant le jeune Edgar Nelson ou en vous plongeant dans son premier polar paru fin 2022 : “Des flocons de sang” n’attendent plus que vous !

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