Chroniques 2017 L’Arménien de Carl Pineau

Un polar hors du commun : “L’Arménien” de Carl Pineau, publié chez Librinova et disponible sur Amazon.
Le pitch : Nantes, 22 décembre 1989. Le corps sans vie de Luc Kazian est retrouvé en forêt, perforé de deux balles et en partie calciné. Celui qu’on surnommait l’Arménien était bien connu comme un trafiquant de stupéfiants actif sur le marché nantais… Mais pas seulement. C’était aussi un ami toujours partant pour une virée… C’était aussi un orphelin déraciné de ses origines pour arriver en France… Qui d’autre encore ? N’est-il pas nécessaire de connaître celui qu’on a tué pour découvrir celui qui l’a tué…?
Je regrette sincèrement de vous livrer résumé si médiocre… Seulement voilà un roman noir qui ne se laisse pas si aisément révéler, préférant sans doute le regard fébrile du lecteur entre ses lignes pour lui dévoiler toute son ampleur et son originalité… Un polar sur lequel je me suis donc penchée dans le cadre des sélections du Prix des Auteurs Inconnus et que je suis ravie de voir dans la sélection finale, me permettant ainsi d’en faire la lecture…
Quoiqu’un peu lent au démarrage, l’auteur ne perd pourtant pas de temps pour nous plonger directement dans l’intrigue. Un homme défavorablement connu des services de police est retrouvé assassiné dans d’effroyables circonstances. Immédiatement le lecteur mord à l’hameçon et se laisse ainsi embarquer par l’auteur au coeur même des bas fonds nantais dans les années 1980, une période qu’il restitue à la perfection, tant et si bien qu’on s’y croirait, nous offrant dès lors une plongée particulièrement captivante, presque hypnotique. Construite de manière subtile et atypique, l’auteur ne s’est finalement pas lancé dans une enquête classique avec le policier dans le rôle principal, lui préférant plutôt les proches du défunt pour faire revivre ce dernier au moyen de brillants flashbacks et autres souvenirs, tout en y intégrants quelques évènements majeurs de cette décennie, alternant dès lors les points de vue comme les époques pour nous faire remonter le fil de l’histoire et comprendre ce qui a bien pu conduire notre victime jusqu’à la morgue. Si on peut avoir quelques soupçons quant à l’identité du coupable, on n’en reste pas moins ému lors du dénouement qui nous cloue le bec au point final…
Mais si ce roman frappe autant, c’est surtout parce que la galerie des personnages que nous avons là est toute aussi inhabituelle que le roman en lui-même. Si nos protagonistes s’avèrent aussi différents qu’assez peu attachants en tant que tels, il n’en reste pas moins qu’il sont foncièrement intéressants et permettent finalement de redonner vie à la victime…Car au-delà de ces deux-là c’est bien plutôt le personnage principal omniprésent par son absence, tel un fantôme qui n’est jamais bien loin et laisse passer les années comme les souvenirs en attendant son heure… Si on ne peut parler d’affection pour celui-ci, on éprouvera un certain attachement à son égard, de sorte qu’on tiendra tout particulièrement à découvrir qui est son meurtrier…
Mais si les époques comme les registres de langues sont admirablement mis à contribution, c’est aussi parce que la plume est particulièrement fluide, soignée, travaillée, le style tout à fait remarquable de qualité pour un moment de lecture mémorable.
En bref un polar dont on ne parvient pas à décrocher avant d’en avoir terminé, marquant par sa singularité !
 
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