Chroniques 2018 Un océan, deux mers, trois continents de Wilfried N’Sondé

Un roman époustouflant, d’une grande richesse : “Un océan, deux mers, trois continents” de Wilfried N’Sondé, en lice pour le Prix Orange des Lecteurs.
Le pitch : En 1583, les rives du fleuve Kongo voient naître NSaku Ne Vunda. Eduqué par les missionnaires, cet enfant déjà plein de sagesse deviendra Dom Antonio-Manuel, premier prêtre noir à qui son Roi va confier la lourde de tâche de devenir l’ambassadeur du Kongo auprès du Pape au Vatican. Aux prémices du commerce triangulaire, c’est particulièrement ignorant et motivé qu’il embarque à bord du Vent Paraclet… Navire négrier sur lequel il va découvrir les horreurs de l’esclavage à travers le monde…
Voilà déjà quelques temps que je souhaite découvrir la plume de cet auteur, et précisément ce livre dont la couverture m’attirait, dont le titre m’intriguait… C’est finalement la superbe soirée de lecture organisée par le site Lecteurs.com pour le Prix Orange de Lecteurs qui a fini de me convaincre, tant l’extrait magnifiquement déclamée par Fanny Cottençon m’a profondément touchée… Ainsi je repartais, munie d’un bel exemplaire dédicacé, pour très rapidement me plonger dans ce brillant mélange des genres, à la fois roman historique et roman d’aventure.
L’auteur nous entraîne ici au coeur de l’Histoire en nous contant l’histoire romancé d’un personnage qui a vraiment existé. Tel un Candide africain, le malheureux prêtre dont la Foi est aussi inébranlable que sa bonté va vite déchanter lorsqu’il découvre que l’homme, en qui il croit profondément, est pourtant capable des pires horreurs envers ses semblables, confronté qu’il est à la réduction en esclavage de ces hommes, femmes et enfants dont il partage l’origine et la couleur de peau. S’il comprend bien vite que seule sa soutane lui évite le même sort, il réalise aussi son impuissance face à ce drame de l’Humanité qui se déroule sous les yeux de ce serviteur de Dieu qui semble fermer les siens. Pire encore, il voit ces êtres humains maltraités et humiliés tout en étant mieux nourris que les membres de l’équipage, pour la simple et profitable raison que les esclaves sont plus lucratifs lorsqu’ils sont livrés en bon état… Parce que l’homme est assez bas pour considérer ses frères et sœurs comme de la marchandise…
Aussi le voyage est éprouvant à plus d’un titre… Eprouvant mais aussi périlleux, car les épreuves et dangers seront aussi nombreux que les déconvenues et autres fourberies… Pour autant ce livre n’en reste pas moins lumineux, tant il prône la tolérance et la fraternité. Si l’auteur nous dévoile sans niaiserie ni voyeurisme un pan de notre Histoire particulièrement sinistre, il n’en reste pas moins d’une incroyable beauté, à l’image de ces descriptions à couper le souffle qui nous font voyager à travers le temps et l’espace, emporté que nous sommes aux côtés de ce prêtre plein de sagesse et de bonté qui nous narre son épopée à la première personne pour mieux la partager.
Mais si ce livre est magnifique, c’est aussi parce qu’il est livré d’une plume qui l’est tout autant, ciselée, particulièrement fluide et fascinante, porté par un style particulièrement soigné, riche et dense mais aussi d’une rare sensibilité.
 
En bref, un roman magistral pour une belle leçon d’humanité, à découvrir sans hésiter.
 

Retrouvez l’extrait lu par Fanny Cottençon juste ICI !

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