Chroniques 2018 Sa majesté des ombres de Ghislain Gilberti

La définition même du masochisme littéraire ou quand un auteur te violente et te malmène pour ton plus grand plaisir de lectrice : “Sa majesté des ombres” (Trilogie des ombres – Tome 1) de Ghislain Gilberti, paru aux éditions Ring.
 
Le pitch : Mulhouse, 2003. La police s’apprête à mettre la main sur un des plus grands barons de la drogue sur le plan international mais l’opération vire au fiasco. Sept ans plus tard, Cécile Sanchez, en poste à l’OCRVP, est envoyée en renfort à Strasbourg pour enquêter sur une série de meurtres particulièrement violents. Fraichement accueillie sur place, elle va pourtant faire le lien avec l’affaire de la Villa Venezia et se retrouver confrontée à l’un des plus dangereux cartel de la drogue qu’on puisse imaginer…
 
Et encore une fois Ghislain Gilberti me met en difficulté pour rédiger ma chronique… Découvert avec “Dynamique du Chaos“, son thriller sans doute le plus personnel dont je ne suis toujours pas revenue, cet auteur qui ne cesse de m’impressionner m’avait mise à terre, terrassée à la seule force de sa plume. Depuis je n’avais pas réussi à affronter un autre de ses titres, pourtant nombreux dans ma PAL, par crainte de ne pas retrouver cette puissance d’écriture, cette virtuosité de style… Par crainte d’être déçue… Puis ce livre est sorti, paré d’une couverture splendide… Un monstre de 740 pages tout de noirceur vêtu, le premier tome d’une trilogie des ombres encensé par Sire Cédric… Il n’en fallait pas plus pour replonger à nouveau, faire le grand saut…
 
Et ça n’a pas manqué bien sûr, j’ai succombé à la tentation, dévorant ce pavé plus vite qu’on s’enfile un rail de coke. Car l’auteur nous livre un thriller particulièrement dense, particulièrement sombre, dans lequel personne n’est épargné, pas même le lecteur. Plongé sans délai ni retenue dans les arcanes d’un milieu aussi dangereux qu’organisé, le lecteur se laisse embarquer au coeur d’une enquête relativement complexe et délicate à mener. Car même les réseaux les plus redoutables ont leurs vedettes, seulement gare à celui qui aurait l’audace de vouloir les arrêter. Ainsi l’intrigue est menée de main de maître, maîtrisée et documentée comme jamais, elle ne connaît aucun temps mort et le lecteur ne voit pas le temps passer. D’ores et déjà sous le coup d’une addiction certaine et incurable, ce dernier est alors incapable de lâcher ce bouquin avant de l’avoir terminé, peu importe l’heure qu’il est… Mais finalement frustré de ne pas disposer du tome 2…
Car outre l’intrigue, les personnages aux côtés desquels on évolue sont particulièrement bien construits, étoffés avec force soins et détails, campés avec un réalisme incroyable, tous autant qu’ils sont. Mention spéciale pour Cécile Sanchez qui reste à jamais gravée dans mon âme de lectrice passionnée tant elle est courageuse et déterminée, tant elle est bluffante de sensibilité, impressionnante par sa force de caractère. Une fois n’est pas coutume, j’ai vraiment hâte de la retrouver pour la suite des opérations…
Mais ce bouquin ne saurait être le même sans cette plume unique et incomparable, tout à la fois pleine de violence et d’émotions, ce style aussi sensible que percutant, vif et acéré, efficace et magistral… Plaçant désormais Ghislain Gilberti parmi les auteurs incontournables du thriller français.
 
En bref, “la nouvelle trilogie de Ghislain Gilberti est une drogue dure” dixit Sire Cédric et c’est tout à fait vrai : j’y suis accro et d’ores et déjà en manque !

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