Victime par K.O. d’un véritable passage à tabac littéraire : “Le Manufacturier” de Mattias Köping, paru aux éditions Ring.
Le pitch : Pendant qu’une avocate se lance sur la piste de criminels de guerre à l’origine d’un massacre perpétré en 1991 dans une Croatie à feu et à sang duquel n’a réchappé qu’un seul petit garçon, c’est sur un massacre, celui d’une mère et son bébé, que le sulfureux Capitaine Radiche est dépêché dans une Cité du Havre qui n’a rien d’un havre de paix… Le choc va être frontal, brutal… Fatal ?
Il est des auteurs qui savent vous mettre la pression avant même qu’on ne franchisse leur première page : C’est incontestablement de cette trempe qu’est Mattias Köping, redoutable auteur dont j’ai découvert la plume l’an dernier aux Mines Noires grâce aux précieux conseils de Sire Cédric. Il dédicaçait alors “Les Démoniaques“, un roman d’une noirceur, d’une violence et d’une puissance tout à fait remarquables, qui me laissaient les tripes en bouillie, le coeur en miettes et l’âme sous le choc…Difficile alors d’imaginer l’auteur en capacité d’aller plus loin…
Seulement c’était mal connaître le talent de l’auteur qui n’a décidément pas fini de malmener son lecteur. Car ce qu’il nous a fait subir dans “Les Démoniaques” n’est rien par rapport à ce qui nous attend entre ces pages… 540 pages noircies d’une bien petite police, pour autant n’ayez crainte : Ce livre se lit aussi vit qu’il frappe fort !
En effet l’auteur nous livre ici un roman d’une incroyable densité, d’une incroyable intensité, d’une incroyable complexité. A peine le lecteur en franchit-il la couverture qu’il se retrouve plaqué aux pages, pris au piège des chapitres et de tout un tas d’atrocités qu’il n’a pas su présager : L’auteur n’est pas là pour vous chanter une berceuse mais bien plutôt pour vous écarquiller les yeux à coups de rasoir, s’inscrivant à jamais dans votre mémoire.
Documenté avec beaucoup de soin et livré dans toute son authenticité, rien n’est ici laissé au hasard, qu’il s’agisse du terrible conflit Serbo-Croate comme des sinistres bas fonds de nos plus sinistres quartier. Viols et tortures, drogue et prostitution se retrouvent ainsi au programme, l’auteur ne ménageant pas ses efforts ni ses rebondissements, n’hésitant pas à se salir les mains pour nous embarquer dans cette sombre histoire… Une histoire plus sombre encore que la nuit la plus noire, qui nous éprouve autant qu’elle nous captive, qui nous sidère autant qu’elle nous anime pour en sortir complètement abasourdi une fois la lecture finie…
Au delà des personnages saisissants, particulièrement forts et bien campés, qui prennent vie au fil du récit, ce texte est en plus servi par plume fluide, efficace, nerveuse et époustouflante, un style vif et percutant, détonant et saisissant, le tout à même de révéler les plus bas instincts de la nature humaine pour une expérience de lecture inouïe, comme jamais vous n’en avez vécue…
En bref, le lecteur est inévitablement tombé sur le Ring de Mattias Köping après avoir vendu son âme au “Manufacturier“…