Quand la presse se livre… JournaLivre Janvier 2019

Démarrer l’année sur un gros coup de fatigue et/ou de déprime (cocher la mention inutile… Ou pas…) n’a sans doute pas été la meilleure de mes idées : Vous m’en voyez fort navrée mais on ne maîtrise malheureusement pas ces petits tracas… Alors j’ai pris l’air, le large, le recul nécessaire pour respirer, souffler, évacuer… Et repartir de plus belle : Il semblerait que je sois actuellement sur la bonne voie et c’est avec un immense plaisir que je vous retrouve aujourd’hui pour un nouvel article !
Et parce qu’il lui tient à coeur de me voir poursuivre cette si belle aventure, mon compagnon Franck n’a décidément pas ménagé ses efforts ! A l’instar de ses trois acolytes que sont ma meilleure amie Laura, ma maman Roseline et ma collègue Françoise, j’ai mis Franck à contribution sur mon blog en alliant la lecture à l’un de ses passe-temps favoris, me permettant ainsi de vous parler lecture de 1001 façons possibles ! Le concernant, c’est la presse littéraire et culturelle qui retient toute son attention, et une fois encore, Franck a réussi à trouver un angle original pour l’aborder, vous en parler, la décrypter et vous la livrer dans une version condensée ! Alors on dit merci, et on parle actualité littéraire… Laquelle n’a qu’un seul nom à la bouche… Celui de Michel Houellebecq !
Ainsi même les moins sociables d’entre vous n’ont pu échapper au phénomène Houellebecq, lequel a vraisemblablement éclipsé tous les autres livres de cette petite rentrée littéraire ! Son dernier roman intitulé “Sérotonine” est en effet paru aux éditions Flammarion ce 04 janvier 2019… Et que ce soit en bien comme en mal : Tout le monde en parle… Aussi Franck a dû sélectionner et a opté pour un éventail de tous les possibles…
 
En se penchant tout d’abord sur ce qu’en pense la presse étrangère : Pour ce faire il s’est procuré le dernier numéro de Courrier international (N°1471 – Du 10 au 16 janvier 2019) sur le bandeau duquel Houellebecq apparaît comme “Le provocateur préféré de la presse étrangère”, et pour cause : Rarement les avis n’ont été aussi divergents ! Ainsi la presse étrangère voit en lui un provocateur mondial, qui suscite tantôt l’admiration, tantôt la répulsion… Mais ne laisse jamais indifférent ! Alors c’est parti pour un petit tour d’horizon européen…
  • En Allemagne, Houellebecq est perçu comme “défendant des thèses provocatrices, totalement politiquement incorrect, misogyne, mais aussi visionnaire, lucide sur notre époque, annonçant les évolutions de la société de manière presque prophétique” selon la Radio Deutschlandfunk ;
  • En Italie, il est plus simplement considéré comme l’écrivain des oubliés ;
  • En Belgique, “Sérotonine” est vu comme un portrait peu flatteur de notre époque en revenant sur l’un des thèmes de prédilection de l’auteur : le déclin du mâle occidental ;
  • En Espagne, Houellebecq est plutôt perçu comme un raciste, beauf, aigri et infantile, qui ne sert qu’à alimenter les conversations… Au moins, les choses sont claires ;
  • En Irlande, au contraire, Houellebecq est considéré comme un incontournable, l’auteur des romans les plus dérangeants de notre temps ;
  • Aux Pays-Bas, c’est presque une préconsécration : L’écrivain est vu comme un Prix Nobel en devenir pour la valeur sociale et politique de son œuvre ;
 

Pour compléter le tableau, Franck a décidé de sortir des sentiers battus en se procurant le dernier numéro d’un magazine qu’il ne lit quasiment jamais : Valeurs actuelles (n°4285 – Du 10 au 16 janvier 2019). Cette fois-ci, l’écrivain fait carrément la couverture sous le titre “Houellebecq – L’écrivain national. Phénomène, génie, prophète ? Sérotonine, son roman évènement.” Le portrait qu’en dressent les journalistes le révèle comme un auteur inclassable, car cultivant des amitiés à gauche comme à droite. Partisan d’une démocratie directe (comme en Suisse), il soutient le projet politique du Frexit, éprouve aussi une franche aversion pour le libéralisme (économique et sociétal), et se trouve en lutte contre un puritanisme global et conquérant. Plus que souverainiste, il se dit indépendantiste. Pour les journalistes, Houellebecq doit être vu comme le plus grand écrivain français vivant.  

 
 
Enfin Franck est revenu à de plus habituelles lectures en se plongeant dans le dernier numéro du journal Le Un (n°231 du mercredi 09 janvier 2019)… Tout spécialement consacré à la sortie du dernier roman de Michel Houellebecq, de l’édito au mot de la fin.
Ainsi Eric Fottorino évoque une œuvre littéraire la plus en prise avec notre époque et présente “Sérotonine” comme la radiographie d’une époque, soulignant l’acuité du regard de l’auteur, ce dernier dénonçant le libéralisme triomphant qui broie les êtres et conduit à une désespérance sociale, à la noirceur… Un roman sur les ravages du libéralisme et l’impossibilité de l’amour dont le journal nous livre un extrait, de ce dernier roman mais également de “La poursuite du bonheur” paru en 1991, Houellebecq étant poète avant d’être écrivain.
Le journal ne s’arrête cependant pas en si bon chemin et passe tout l’œuvre de Houellebecq à la loupe…
  • Son style, et notamment son fort usage du point-virgule alors même que cet élément de ponctuation est en déclin depuis les années 60. Certains y voient une demi-pause pour faire respirer la phrase. Pour Robert Solé, le point-virgule houellebecquien reste un point d’interrogation…
  • Sa “cartographie” de la France, qui se trouve même en poster au centre du journal et pointe ainsi tous les lieux évoqués dans ses romans… Parmi lesquels Beauvais, oui : chez moi, dans son roman “La Carte et le Territoire“, Prix Goncourt 2010.
  • Son rapport à l’architecture vu par l’architecte Clémentin Rachet, pour qui l’auteur est un romancier de la banalité urbaine puisque l’architecture est cantonnée à un rôle fonctionnel, organisé et libéral… Un romancier qui préfère les hôtels, les supermarchés, les aéroports et les centres commerciaux aux cathédrales…
  • Au tour ensuite de l’universitaire Alain Vaillant d’aborder l’humour acide, le rire et l’autodérision chez Houellebecq dans un autre article.
 

Le journal nous livre aussi quelques repères autobiographiques sous la forme d’une BD et nous propose également un entretien avec Agathe Novak-Lechevalier, auteure de “Houellebecq, l’art de la consolation” paru aux éditions Stock en 2018, entretien dans lequel elle présente Houellebecq comme un des premiers écrivains français à renouer avec la tradition réaliste du XIXème – qu’on peut trouver dans les romans de Balzac – pour rendre compte du monde dans lequel il vit, la littérature étant pour lui une question de vie ou de mort. A noter pour terminer qu’on pourra trouver un dernier article de l’universitaire belge Jacques Dubois dans lequel il compare Houellebecq, auteur du roman “Extension du domaine de la lutte” (1er roman paru en 1994) et Jorys-Karl Huysmans, auteur du livre “En ménage” (paru au XIXème siècle), roman de la désespérance sociale et de la pénurie sexuelle de la classe moyenne.

 
Parce qu’il est impossible de critiquer un livre sans l’avoir lu, il serait de bon ton de conclure en indiquant qu’au terme de ces articles, Franck a bien envie de se plonger dans cette lecture et découvrir plus avant la plume de Michel Houellebecq… Affaire à suivre…

Cet article a 2 commentaires

  1. francoisedale@gmail.com

    c'est reussi ,bravo Franck ,je vais lire sérotonine….et les autres ,quelle performance,encore merci

  2. Marie Kirzy

    Bonsoir Aurélie,
    Très intéressant cet article qui fait le point sur tout ce qui se dit sur Houellebecq en Europe. Perso, c'est un auteur dont je dévore tous les livres, déjà lu celui-ci. En tout cas , qu'est-ce qu'il suscite comme réactions !!!! Je l'ai chroniqué sur Babelio et j'ai eu une avalanche de commentaires très divers ! presque à devoir m'excuser d'avoir apprécié Sérotonine en lisant quelques comm' !!!! Mais beaucoup de réactions enthousiastes aussi. Belle soirée

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