Le mois de février touche à sa fin… Deux mois déjà que l’année à commencé… Deux mois à peine et je suis fatiguée, car février, voyez-vous, ne m’a pas épargnée… Pour autant je garde le sourire et toute ma bonne volonté car je suis ravie de vous retrouver par ici pour papoter bouquins en votre agréable compagnie…
Et voici qu’une nouvelle lecture commune se profile à l’horizon… Pour rappel, le principe même d’une lecture commune est particulièrement limpide puisqu’il s’agit tout simplement de bouquiner un livre à plusieurs : Et qui mieux que mes acolytes préférés pouvaient se prêter à ce nouvel exercice ? Les voici donc regroupés par deux pour se plonger, chacun leur tour et de manière mensuelle, dans un bouquin avant de vous en livrer une chronique à six mains… Parce que plus on est de fous, plus on lit : Vous voici donc aussi de la partie !
Aujourd’hui c’est au tour de Françoise et Franck de livrer leur avis sur “Les vies de papier” de Rabih Alameddine, paru aux éditions Les Escales et désormais disponible au format poche aux éditions 10/18, couronné en 2016 du Prix Femina étranger…
Le livre dans ses moindres détails…
Format lu : Poche – 360 pages
Résumé : Aaliya Saleh, 72 ans, les cheveux bleus, a toujours refusé les carcans imposés par la société libanaise. Cette femme irrévérencieuse et un brin obsessionnelle traduit en arabe les œuvres de ses romanciers préférés : Kafka, Pessoa ou Nabokov. À la fois refuge et ” plaisir aveugle “, la littérature est l’air qu’elle respire. Cheminant dans les rues, Aaliya se souvient ; de l’odeur de sa librairie, des conversations avec son amie Hannah, de ses lectures à la lueur de la bougie tandis que la guerre faisait rage, de la ville en feu, de l’imprévisibilité de Beyrouth.
Lauréat du Prix Femina étranger 2016, Rabih Alameddine signe un roman éblouissant et une véritable déclaration d’amour à la littérature.
Lauréat du Prix Femina étranger 2016, Rabih Alameddine signe un roman éblouissant et une véritable déclaration d’amour à la littérature.
Incipit : “On pourrait dire que je pensais à autre chose quand je me suis retrouvée avec les cheveux bleus après mon shampooing, et les deux verres de vin n’ont pas aidé à ma concentration.
Que je vous explique.”
Verdict de mes acolytes…
Tandis que je souhaitais découvrir ce livre depuis que mon compagnon en avait évoqué la sortie poche à l’occasion d’un JournaLivre, c’est à Françoise qu’est revenue la lourde charge d’initier cette découverte lorsqu’est venu le temps de sélectionner la lecture commune qui nous occupe aujourd’hui…
Un livre que Françoise a beaucoup aimé, comme vous pourrez le constater dans ce qui suit. En effet dans cet ouvrage, Françoise a pu voir une vie transformée par les livres, les mots et leur pouvoir d’évocation. Elle a été très impressionnée par cette figure de femme qui n’a jamais quitté Beyrouth ni son quartier d’origine, mais a voyagé à travers tous les continents dans le sillage des auteurs qu’elle a traduits. Elle a ainsi vécu milles vies… Des vies de papiers infiniment riches, si foisonnantes d’émotions et de rêves qu’on y perd ses certitudes, qu’on y voit aussi l’incomplétude de notre univers…
Françoise a donc aimé ce livre, vraiment. Pour l’immersion qu’il procure dans la littérature, mais aussi pour la médiation proposée avec la vie du monde entier dans l’approche artistique, et aussi pour ce tour de force qu’il évoque : comment vivre seul(e) dans une société archaïque lorsque les limites qui vous sont assignées par la vie “quotidienne” sont sublimées par l’écriture…
Rejoignant pour beaucoup l’avis de son binôme, Franck a grandement apprécié cette lecture à son tour. Selon lui, les amoureux des livres ne peuvent d’ailleurs pas passer à côté de ce bouquin.
Parce qu’il s’agit là d’un vibrant hommage à la littérature, aux grands écrivains et philosophes du monde entier, au travers de citations empruntées à Pessoa, Sebald, Schopenhauer, Kundera, Yourcenar, Kafka, Proust, Cioran… Pour n’en citer qu’une poignée…
Parce qu’il s’agit aussi d’une réflexion sur la condition féminine dans les sociétés patriarcales comme le Liban. L’auteur nous livre ici le portrait d’une femme éprise de liberté qui va s’affranchir des carcans imposés par la société grâce aux livres dans lesquels elle trouve refuge et vit ces “vies de papier” pour essayer de comprendre le monde tout en s’extrayant d’un quotidien dominé par la guerre grâce au pouvoir de la fiction.
Franck a trouvé l’écriture poétique, mêlant la gravité à l’ironie : Un bonheur de lecture pour ce livre qui soulève ainsi la question suivante : Est-il possible de vivre en dehors du monde, avec seulement des héros de papier ?
Et votre blogueuse dans tout ça ?
Parlons peu, parlons bien : J’ai adoré ce bouquin ! Vous me demanderez cependant de préciser mon propos, et vous aurez raison : J’y viens !
Au-delà de son intrigue magnifique et d’une intrigue belle à souhait, l’auteur nous livre ici une formidable héroïne, aussi fascinante qu’atypique. Une femme amoureuse des livres et éprise de liberté, qui a vécu 1001 vies et sillonné le monde entier sans jamais quitter Beyrouth.
Son secret pour réaliser pareille prouesse ? Les livres, bien évidemment ! Des livres qu’elle a pu dévorer tout son soûl depuis que son mari l’a répudiée… Des livres qu’elle a aussi eu tout le loisir de traduire en arabe grâce aux trois langues qu’elle parle…
Son secret pour réaliser pareille prouesse ? Les livres, bien évidemment ! Des livres qu’elle a pu dévorer tout son soûl depuis que son mari l’a répudiée… Des livres qu’elle a aussi eu tout le loisir de traduire en arabe grâce aux trois langues qu’elle parle…
Des histoires qu’elle traduit… Ainsi qu’une autre histoire qu’elle nous livre, peu à peu : La sienne et celle de son pays, miné par les conflits armés et emprisonné dans un carcan sociétale liberticide pour les femmes… Un quotidien difficile dont elle parvient à s’accommoder du haut de ses 72 ans, grâce à ces vies de papier et leurs auteurs qui la font s’évader, voyager, rêver… Des vies de papier depuis lesquelles elle jette un regard aussi lucide qu’ironique sur la société…
Alors on se laisse volontiers happer par ce magnifique hommage à la littérature et à la façon dont notre héroïne se nourrit et enrichit les êtres au gré des lectures… On se laisser happer et surtout on s’attache à Aaliya pour ne jamais plus l’oublier…
Le mot de la fin…
Pour terminer je dirai qu’il vous faut à votre tour rencontrer Aaliya et ses vies de papier dans les plus brefs délais… Parce qu’à coup sûr elle saura vous embarquer comme elle a su le faire pour nous… Elle saura vous embarquer et vous transmettre tout son amour pour la littérature, ces livres et leurs auteurs qui la font vivre chaque jour… Un profond amour que je partage jusque dans les plus infimes fibres de mon âme… C’est dit.