Chroniques 2019 UnPur d’Isabelle Desesquelles

Un roman éprouvant, malaisant… Mais bouleversant : “UnPur” d’Isabelle Desesquelles, paru ce 22 août 2019 aux éditions Belfond.
 
Le pitch : Il suffit de trois minutes pour qu’une situation de bonheur absolu vire au plus terrible des cauchemars. Trois minutes d’inattention et un inconnu qui repère ces jumeaux de huit ans profitant de leur séjour à Venise en compagnie de leur maman… Le Gargouilleur kidnappera l’un d’entre eux, lui fera subir les derniers outrages et les pires tourments durant cinq ans avant qu’il n’en réchappe… Mais en réchappe-t-il vraiment ? 40 ans plus tard, nous retrouvons la victime lors d’un procès… Sur le banc des accusés…
 
Si ce roman faisait partie des titres à ne pas manquer en cette rentrée littéraire, c’est justement parce que son titre, tout à la fois évocateur et mystérieux, avait su m’interpeller puis m’intriguer, suffisamment pour me pousser à lire son résumé et commencer à découvrir de quoi il retournait… Le sujet s’annonce délicat et la lecture difficile : Mais je ne suis pas lectrice qui renonce aussi facilement…
 
Et l’auteure réussit la prouesse de mettre des mots sur l’indicible et l’insoutenable pour nous livrer un roman particulièrement fort et incroyablement noir en laissant la parole à la victime… Une victime dont on sait l’enfance et l’innocence brisées à l’instant même où le bourreau la choisit pour le séparer de son jumeau, de sa famille, pour lui faire vivre l’horreur la plus abjecte, la plus sordide… Une victime dont on suivra dès lors la chaotique évolution de son enfance à l’âge adulte, qui tentera de se construire alors même qu’il est détruit, anéanti au plus profond de sa chair et de son être… Une victime qui n’aura dès lors de cesse de combattre les démons que son bourreau lui a sournoisement transmis…
Si certains passages sont à la limite du soutenable, c’est moins pour ce qu’ils montrent que pour ce qu’ils suggèrent. En effet la plume de l’auteure est étonnamment sublime pour nous dévoiler pareilles violences, pareilles abjections, se parant même d’une certaine poésie pour mettre en lumière toute la noirceur que l’âme humaine peut receler. L’idée n’est pas de choquer mais bien de dénoncer les irrémédiables séquelles que de tels actes peuvent provoquer et l’auteure le fait avec beaucoup de respect, d’émotion et de sensibilité, avec un style vif et un rythme soutenu pour prendre son lecteur aux tripes, l’émouvoir de manière durable.
 
En bref, ce n’est pas une lecture facile, je le concède, mais j’ai rarement connu lecture aussi intense, poignante et déchirante que celle-ci.

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