Un premier thriller tout en ambiance et fort prometteur : “Douve” de Victor Guilbert, paru le 07 janvier 2021 aux éditions Hugo Thriller.
Le pitch : On n’atterrit pas à Douve par hasard, c’est un petit village sinistre où il pleut sans cesse, situé en bout d’une route qui ne mène nulle part ailleurs, au coeur d’une forêt de sapins impropres à l’exploitation toute aussi désolante. On n’atterrit pas à Douve par hasard, c’est un drame qui a conduit les parents de Hugo Boloren à y séjourner voilà maintenant quarante ans. Il était policier, elle était journaliste, tous deux enquêtaient chacun à leur manière sur cette terrible affaire. On n’atterrit pas à Douve par hasard, c’est une phrase lâchée par son défunt paternel qui entraîne Hugo Boloren à y poser ses bagages de flic parisien durant ses congés, muni du livre de sa mère pour seule base et alors qu’un nouveau meurtre vient d’y être perpétré…
“Pour Aurélie. J’espère que ce séjour à Douve vous plaira ! Ce n’est pas l’endroit idéal pour des vacances, mais c’est animé…” C’est ainsi que Victor Guilbert me dédicaçait un exemplaire de son premier roman après m’avoir vu débarquer avec ma photogramie Margaux en mode furie passionnée sur les conseils de mon auteur Chouchou Olivier Norek à l’occasion du formidable Salon Iris Noir Bruxelles… Si mon double emploi du temps de greffière déterminée et blogueuse déjantée ne m’a pas permis de m’y plonger aussi tôt que je ne l’aurais souhaité, je n’ai pas résisté au plaisir de m’offrir cette curieuse virée à Douve durant mon Avent Livresque… Après tout : Qui a dit qu’on ne pouvait pas décorer un sapin à Douve ?
Pour son premier thriller, l’auteur nous propose une intrigue plus sombre et originale qu’il n’y paraît, finement pensée et rondement menée. Si l’action n’y tient pas une place prépondérante de prime abord, c’est parce qu’elle cède volontiers la place à une ambiance remarquablement bien installée et particulièrement redoutable : Très vite celle-ci nous happe et nous attrape, se fait pesante et oppressante pour ne pas dire étouffante et angoissante… Et à l’instar de ses étranges habitants, le piteux village de Douve devient un personnage à part entière dont on ne sait que penser si ce n’est qu’il faut s’en inquiéter…
Bien que le terme “inspecteur” m’ait d’abord écorché les yeux, celui-ci relève du détail et s’est vite fait oublier au profit d’un personnage principal aux allures d’anti-héros. S’il peut nous sembler banal au premier regard, son addiction comme son tempérament et son cynisme sans oublier son passé sauront très vite retenir toute notre attention. Dès lors c’est avec beaucoup d’intérêt qu’on fait sa rencontre à Paris pour l’accompagner dans ce petit bled paumé pour des vacances décidément mortelles… Très vite on se laisse gagner tant par sa quête que son enquête, avides que l’on est d’en savoir plus sur son passé comme sur ce qu’il s’est passé.
Si le dénouement peut nous paraître trop brusque car trop riche en révélations après quelques longueurs, il s’avère bigrement intéressant et inattendu, nous prenant presque au dépourvu à l’issue d’une lecture fort prenante, servie par une plume particulièrement fluide, plaisante et agréable, un style soigné et efficace.
En bref, un thriller dont l’atmosphère sinistre et envoûtante nous retient longtemps après la dernière page tournée : Si c’est “Quitte ou Douve”, moi j’attends le prochain titre de cet auteur avec impatience !