Quand on n’a que l’amour… “Ce que je n’ai pas su” de Solène Bakowski, paru le 13 avril 2023 aux éditions Plon.
Le pitch : Hélène, la quarantaine, est enseignante. Avec Paul, un écrivain célèbre, elle a filé le parfait amour pendant dix ans. Jusqu’au jour où il a disparu, sans laisser d’adresse.
Un an plus tard, le téléphone sonne. Paul s’est tué en voiture, ses obsèques ont lieu le lendemain. Guidée par le besoin de comprendre, Hélène décide de s’y rendre. Elle va découvrir que Paul était, en réalité, un sublime inconnu…
Si je lis énormément, rares sont les livres et leurs auteurs qui ont su m’émouvoir aux larmes, puisqu’ils peuvent très facilement se compter sur les doigts d’une seule main. Et Solène Bakowski en fait partie. Je ne me suis jamais remise de “Rue du Rendez-vous” tant il m’a bouleversée, j’ai adoré “Il faut beaucoup aimer les gens“… Avec “Ce que je n’ai pas su“, Solène Bakowski poursuit sur sa vibrante lancée.
C’est l’histoire d’un homme que personne ne connaît vraiment. Il s’appelle Paul. Il s’appelle Julien. Il n’a pas de famille. Il a un père, une mère, deux sœurs. Il vient de nulle part. Il a grandi et vécu dans ce petit village qu’on surnomme “Meynon”. où il sera inhumé. Parce qu’il est parti…
C’est l’histoire d’un absent omniprésent tout au long de ce roman hélicoïdal. Parce qu’il est au cœur des pensées d’Hélène, institutrice éplorée qui se rend aux obsèques de l’être aimé autant pour apprendre que pour comprendre. Parce qu’il est à l’origine des confidences que l’on découvrira dans “Ce que je n’ai pas su“, roman dans le roman pour une admirable mise en abyme qui nous permettra à notre tour d’apprendre et de comprendre.
C’est l’histoire de femmes bafouées dans leur amour, qui s’affrontent moins qu’elles s’apprivoisent, qui sont moins rivales qu’alliées. Unies dans le chagrin et la douleur comme dans la résilience et l’abnégation pour surmonter l’absence et commencer le deuil. Mention spéciale pour Laurette qui servira de trait d’union et participera à un moment de recueillement autrement plus touchant que la cérémonie officielle durant laquelle tout le monde préfère cracher son fiel, trop enfermés qu’ils sont dans leurs principes et leur peine.
C’est l’histoire d’un maelstrom d’émotions propulsées par une galerie de personnages d’une saisissante profondeur, d’une incroyable densité, un tourbillon de sentiments aussi contradictoires que bouleversants, portés avec pudeur par une plume d’une infinie délicatesse.
C’est l’histoire de l’amour. L’amour de deux êtres, quels qu’ils soient. L’amour de la littérature aussi, celle qui révèle, celle qui réveille, celle qui transcende. L’amour de ses racines encore, qu’on oublie parfois sans jamais les effacer complètement pour autant.
C’est l’histoire d’un drame dont s’extirpe pourtant un peu de lumière malgré ses airs de roman noir. Tout simplement poignant par son humanité, par la beauté et la sincérité de l’écriture qui le sert : Un magnifique roman.