The place to read… Avec Alexandra Echkenazi et Solène Bakowski !

Toujours ravie de partir à l’aventure – littéraire bien sûr ! – afin d’alimenter cette “petite” rubrique de la DreamBookGazette et ainsi vous faire découvrir deux livres que j’ai particulièrement aimés à travers des questions identiques pour mieux remarquer leurs différences, je ne suis pas peu fière d’avoir pu recueillir les confidences livresques d’Alexandra Echkenazi et Solène Bakowski pour leurs derniers romans respectifs : “La mère et l’assassin” paru le 11 mai et “Ce que je n’ai pas su” publié le 13 avril, tous deux aux éditions Plon : Bonne lecture ! 

Quelle autrice es-tu ? Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Après une quinzaine d’années passées comme reporter au Parisien, spécialiste des faits divers et sujets de société, il y a dix ans je décide de quitter le journalisme pour me consacrer à la fiction. Aujourd’hui je suis scénariste et romancière.

Quelle autrice es-tu ? Peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’aime assez me définir comme romancière. Je trouve que c’est un joli mot. J’ai écrit à ce jour huit romans. Les premiers d’entre eux étaient rangés en littérature noire. Les plus récents entrent dans la catégorie de la littérature générale. Je ne sais pas trop comment caractériser ce que j’écris, il faudrait plutôt poser la question à ceux qui me lisent 😉

Tu reviens en librairie avec « La mère et l’assassin » : Que dirais-tu pour le pitcher ?
C’est l’histoire de Morgane Le Dantec, 42 ans, directrice d’école et mère de famille de deux ados, qui a vécu un drame trois mois plus tôt. Sa fille aînée de 17 ans, Océane, a disparu et son corps n’a jamais été retrouvé. Depuis cette tragédie, la vie de Morgane a volé en éclats, elle s’est séparée de son mari, ne parle presque plus à sa cadette et vit seule sur un bateau à Saint Malo. Un seul sentiment l’anime : se venger contre Glenn Bennec, le professeur d’Océane, accusé de l’avoir fait disparaître. Sauf que Morgane ne dit pas tout, elle aussi a très bien connu Glenn Bennec

Tu reviens en librairie avec « Ce que je n’ai pas su » : Que dirais-tu pour le pitcher ?
« Ce que je n’ai pas su » raconte l’histoire d’Hélène. C’est une enseignante de 40 ans qui, pendant dix ans, a vécu avec Paul, un écrivain renommé. Il y a un an, Paul l’a quittée sans aucune explication, il s’est volatilisé, laissant Hélène à son chagrin et à ses questions. Alors qu’elle commence à peine à reprendre goût à la vie, le téléphone sonne : on apprend à Hélène que Paul vient de se tuer en voiture. Ses obsèques se dérouleront dès le lendemain dans un village dont Hélène n’a jamais entendu parler. Pressée par l’envie de comprendre, elle décide de se rendre à l’enterrement. La cérémonie va lui révéler à quel point Paul n’était pas l’homme qu’elle pensait connaître.

Un roman plus sombre que tes deux précédents : Pour quelle raison ? En avais-tu seulement conscience ?
C’est intéressant, tu n’es pas la seule à me le dire. Pourtant il y avait deux assassinats dans le premier, et le deuxième se passait durant la seconde guerre mondiale avec pas mal de drames et de morts aussi. En revanche « La mère et l’assassin » est mon premier roman à ne pas se dérouler dans un contexte historique, à ne pas être inspiré d’une histoire vraie et à s’assumer comme un polar pur, plus exactement un thriller psychologique. Cela m’a probablement permis d’être moins bridée au niveau des personnages et d’aller plus loin dans leurs zones d’ombre.

Un roman plus sombre que tes deux précédents : Pour quelle raison ? En avais-tu seulement conscience ?
En choisissant de sortir du noir pour être rangée en littérature générale, j’ai décidé de ne plus me poser ce genre de question. Je me laisse porter par l’histoire. Certains de mes romans seront sombres, d’autres baignés de lumière. À l’image de ce que qu’est la vie !

Un roman dans lequel Océane est une absente omniprésente tandis que Morgane cherche à savoir, cherche à comprendre : Comment ces protagonistes se sont-ils invités dans ton imaginaire ?
J’avais envie de travailler sur la maternité et le rapport mère/fille. Morgane a passé la quarantaine et Océane entre dans l’âge adulte. Elles sont toutes les deux à un moment charnière de leur existence de femme. L’une doit passer le relais à la plus jeune et l’autre doit « tuer la mère » pour prendre son envol. Malgré tout l’amour qu’elles ont l’une pour l’autre, ce n’est facile ni pour l’une ni pour l’autre. Et elles vont chacune commettre des erreurs qu’elles vont payer cher…

Un roman dans lequel Paul est un absent omniprésent tandis qu’Hélène cherche à savoir, cherche à comprendre : Comment ces protagonistes se sont-ils invités dans ton imaginaire ?
Il m’a fallu du temps pour composer la partition de ce roman. J’avais des idées mais je ne parvenais pas à trouver comment les faire tenir ensemble. À force de chercher qui faire parler et pourquoi, j’ai fini par me dire qu’il serait intéressant et très romanesque de mettre en scène une femme en proie aux doutes et qui va peu à peu lever le mystère de l’homme qu’elle pensait connaître. La disparition, les secrets, les mensonges sont du pain béni pour le romancier.

Une inconnue s’invite alors dans cette équation littéraire au gré d’une trame narrative judicieusement structurée, nous permettant peu à peu d’assembler les pièces du puzzle : Comment te sont venues ces idées ?
C’est difficile d’en parler sans révéler la fin, mais mon passé de journaliste m’a beaucoup aidée. En l’occurrence, je me suis inspirée de deux faits divers que j’avais lus dans la presse. Je les ai mélangés, j’ai extrapolé, les personnages n’ont plus rien à voir avec la réalité, mais la source est là. Même si je me suis éloignée du journalisme, je continue à lire la presse tous les matins. Je cherche l’inspiration mais aussi à rester au contact du réel et des faits de société. Je mets un point d’honneur à écrire des histoires proches des gens et de leur quotidien. J’écris du thriller, en ce sens il y a une part de divertissement et de cluedo, mais il ne peut y avoir que cela. Je cherche à ce que mes romans prêtent à réflexion. C’est plus intéressant pour le lecteur, plus nourrissant, mais aussi pour moi en tant qu’autrice.

Une inconnue s’invite alors dans cette équation littéraire au gré d’une trame narrative judicieusement structurée, nous permettant peu à peu d’assembler les pièces du puzzle : Comment te sont venues ces idées ?
J’ai une écriture plutôt intuitive. Je suis incapable de monter une intrigue avant de l’écrire, j’ignore pourquoi. De la même manière, je n’arrive pas à visualiser mes personnages avant de les mettre en scène. Impossible pour moi de bien comprendre les interactions et d’anticiper les moments de tension. J’ai essayé de me montrer plus rigoureuse, de me contraindre à un scenario déjà élaboré mais force est de constater que cela ne fonctionne pas chez moi. Alors j’ai cessé de me forcer et je fais avec.
Je construis les briques de mes histoires au fur et à mesure de mes besoins. En gros, je laisse mes doigts filer sur le clavier jusqu’à obtenir une situation qui me semble intéressante, sur laquelle j’entrevois des possibles ou qui me demande de trouver des solutions. Alors seulement je creuse. Mes idées s’élaborent donc au fil de la plume. C’est à la fois très grisant mais aussi un peu angoissant. Cette façon de procéder induit évidemment un gros travail de réécriture. Il y a souvent un monde entre la version imprimée et la version 1 de mon ordinateur.

Une histoire qui s’installe dans l’Ouest de la France et plus particulièrement à Saint Malo : Pourquoi avoir fait ce choix ?
Je connais très bien Saint Malo pour y séjourner plusieurs semaines chaque année, hiver comme été, depuis quinze ans. Moi, la fille du sud (je suis née à Antibes), j’ai eu un coup de foudre pour cette ville et plus globalement la Bretagne. J’ai voulu placer mon roman dans ce décor en raison de la symbolique des lieux, la mer et la marée étant souvent associées au féminin, à la maternité. C’est aussi la raison pour laquelle mon roman est chapitré en fonction des différentes étapes de la marée. Il ne pouvait pas se passer ailleurs.

Une histoire qui s’installe dans l’Est de la France et plus particulièrement à Sainte-Meynenon : Pourquoi avoir fait ce choix ?
Sainte-Meynenon n’existe pas. C’est un mélange de Sainte-Menehould, où vivent encore quelques membres de ma famille et où j’ai passé des moments formidables lorsque j’étais enfant, et de plein de lieux que j’ai traversés.

Une lecture qui interroge aussi nos valeurs morales… Était-ce là l’un de tes objectifs ?
Oui, selon moi l’essence du polar, au-delà du divertissement, c’est d’interroger les origines du mal et de porter à réflexion sur nos valeurs morales. Où se situe vraiment le mal ? Est-ce que le bien et le mal sont si faciles à reconnaître ? Dans ce roman je m’interroge aussi sur la notion de justice. Peut-on faire justice soi-même ? Est-ce si facile ? La vengeance n’accouche-t-elle pas plutôt de la vengeance ? J’ai fait des études de philosophie, ces questions m’ont toujours intéressées. L’écriture romanesque alliée au genre polar permet de sortir de l’abstraction et de les rendre concrètes, à travers des personnages et des trajectoires.

Une lecture qui interroge aussi nos valeurs morales… Était-ce là l’un de tes objectifs ?
Absolument. J’estime que la littérature doit interroger. C’est d’ailleurs ce que j’apprécie lorsque je lis un livre : que le livre décale mon regard et remette en cause mes certitudes.

Un livre sombre d’où semble pourtant s’extirper un peu de lumière grâce à une certaine forme de résilience : Qu’en est-il ?
Oui, paradoxalement, si ce roman est plus sombre que les deux précédents, la résilience y est aussi plus présente. C’était important pour moi de montrer que, malgré la noirceur de la vie, une forme de lumière peut-être au bout du tunnel.

Un livre sombre d’où semble pourtant s’extirper un peu de lumière grâce à une certaine forme de résilience : Qu’en est-il ?
C’est aussi ce que j’ai ressenti à l’écriture. Ça me fait plaisir de savoir que cela transparaît à la lecture. Plus généralement, j’ai, pour le moment, envie d’écrire des histoires d’espoir, de réconciliation, de réparation. C’est dans ce chemin-là que s’inscrit « Ce que je n’ai pas su ».

Maintenant que ce roman est entre les mains des lecteurs, quels sont désormais tes projets littéraires ?
J’ai commencé à écrire le quatrième. Je craignais de déstabiliser mes lecteurs en laissant de côté l’historique, mais cela n’a pas été le cas, ils m’ont suivie. J’ai donc décidé de récidiver dans le thriller psychologique. Rendez-vous dans deux ans, j’espère !

Maintenant que ce roman est entre les mains des lecteurs, quels sont désormais tes projets littéraires ?
J’entame tout juste l’écriture d’un nouveau roman. Je ne connais pas encore tout à fait la forme qu’il prendra. Mais j’espère qu’il verra le jour en 2024.

Un immense merci à ces deux formidables autrices qui se sont volontiers prêtées au jeu de mes petites questions indiscrètes afin de vous présenter leurs derniers romans ! A présent je vous invite à les découvrir par vous-mêmes : “La mère et l’assassin” d’Alexandra Echkenazi et “Ce que je n’ai pas su” de Solène Bakowski n’attendent plus que vous en librairie… Et leurs précédents romans tout autant ! 

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