C’est dans l’adversité que se montre la véritable amitié… Ou pas : “Week-end entre amis” de Nathalie Achard, initialement paru aux éditions Marabout dans la collection BlackLab et désormais disponible au format poche aux éditions J’ai lu.
Le pitch : Un week-end “comme au bon vieux temps” pour bien manger, se reposer et picoler : c’est ce que Édouard a proposé il y a un an à ses amis de longue date, Marc, Agathe, Julien, Claire et Sylvie.Mais à peine sont-ils arrivés que d’anciennes blessures se réveillent. La tension monte, les mesquineries refont surface et les secrets que chacun s’efforce de dissimuler affleurent. L’interdiction d’aller à la cave et l’arrivée impromptue d’un voyageur achèvent de semer la zizanie dans ce groupe au bord de la rupture. Encore un peu, et le week-end pourrait bien virer au cauchemar…Nathalie Achard signe un premier roman étouffant et anxiogène à souhait.
Je ne connaissais pas Nathalie Achard avant de croiser sa route sur Facebook. Je découvre alors qu’elle est autrice de littérature noire et qu’elle compte non pas un mais deux romans à son actif. Je m’aperçois encore qu’elle sera présente aux Quais du Polar quelques semaines plus tard : L’occasion idéale pour me procurer son premier titre et plonger enfin dans cette bibliographie ignorée jusqu’ici ! Seulement le temps défile, les salons s’enchaînent, nos rencontres aussi… Sans que je ne parvienne à trouver le temps de prendre part à ce week-end entre amis… A l’instar des personnages que je m’apprête à rejoindre : C’était écrit ! Et puis nos agendas ont fini par se caler durant l’été, nous voici donc partis pour un huis clos au fin fond d’une cambrousse qui n’a rien d’amicale…
Si les copains se réunissent souvent au gré de nos bouquins, la littérature noire s’intéresse davantage aux liens familiaux et/ou conjugaux a priori… Les histoires d’amis finissent bien, en général… D’ailleurs le week-end qui se préparait chez Nathalie semblait plutôt sympathique : Quelques jours au vert dans une maison de campagne en plein milieu de nulle part… Si les amis en étaient vraiment… Mais l’ont-ils jamais été ?
C’est ainsi que l’autrice nous embarque sans délai pour un sombre récit qui ne s’annonce pas de tout repos. Très vite l’ambiance se fait anxiogène et oppressante : Tout va bien mais rien ne va et ces gens bien sous tous rapports se révèlent de parfaits connards. Bienveillance et solidarité laissent place aux vieilles rancoeurs et reproches divers et variés tandis que les secrets et autres non-dits commencent à percer… Ou plutôt à exploser. On oublie les sentiments au profit du ressentiment qui règne en maître dans cette baraque.
Le décor est sinistre, l’atmosphère pesante, la tension monte et le malaise s’installe, les personnalités se dévoilent et les personnages s’avèrent détestables au gré d’une intrigue d’une étonnante noirceur et plutôt bien menée, servie par une plume fluide, prenante et agréable, un style vif et efficace pour une lecture qui se fait presque en apnée et dont on ressort un brin nauséeux après un dénouement inattendu, qui pousse sans le vouloir à la réflexion sur les relations toxiques, quelles qu’elles soient.
En bref, voilà une bande d’amis qu’on n’aimerait pas avoir… Et ça tombe bien, parce qu’eux non plus : Belle surprise que ce thriller psychologique où l’hostilité vient bel et bien des âmes et des coeurs !