Chroniques 2018 Burn out de Didier Fossey

Un polar particulièrement réaliste et profondément humain : “Burn out” de Didier Fossey, publié aux éditions Flamant Noir et en format poche chez Bragelonne.
Le pitch : Tandis que les vols d’objets d’art se multiplient dans les cimetières parisiens, les policiers ne ménagent pas leurs efforts et multiplient les investigations pour faire avancer l’enquête… Jusqu’à ce que l’un des leurs soit abattu lors d’une planque… Le Commandant Boris Le Guenn et son groupe se retrouvent alors chargés de l’affaire… Seulement les indices se font rares et le manque d’effectifs se fait cruellement sentir, ce d’autant plus lorsqu’un de ses hommes manque à l’appel pour mieux s’enfoncer dans ses propres problèmes…
Ce qu’il y a de magique avec mes folles pérégrinations livresques, c’est qu’elle me permettent de rattraper mes erreurs… Car ce livre, je l’ai croisé à Osny… Puis à Nemours… Il m’aura finalement fallu aller jusqu’à la Foire du Livre de Bruxelles pour écouter l’auteur lors d’une table ronde organisée sur la scène jaune avec Armelle Carbonnel et Lilas Seewald avant d’avoir enfin cette révélation : Bon sang mais c’est bien sûr ! Il me le faut, celui-là ! Ok, c’est déplorable d’avoir traîné si longtemps… Déplorable : Mais rattrapable !
Et parce qu’il me fallait justement me rattraper sans délai, le Thalys s’est arrangé pour me fournir l’occasion idéale de commencer ma lecture en m’annonçant mon train avec deux heures de retard… Un retard qui fut fatal au malheureux bouquin qui s’est ainsi vu englouti durant le trajet…! Rattrapable… Et redoutable !
Car c’est un polar d’une particulière intensité que l’auteur nous livre là… Fort de son expérience professionnelle dans la police, ce dernier nous entraîne à la fois au coeur d’une enquête particulièrement prenante, tout en braquant sa plume éclairante et clairvoyante sur la réalité du quotidien des forces de l’ordre, pour nous les montrer telles qu’elles sont… Et sans doute telles qu’on ne veut pas les voir… Mais je vais trop vite en besogne : Reprenons…
Ce polar, c’est tout d’abord une enquête bigrement réaliste, menée de main de maître par un auteur qui s’y connaît pour avoir lui-même consacré quelques années de sa vie à la BAC. D’une crédibilité à toute épreuve, le lecteur intègre ainsi volontiers le groupe pour mener l’enquête à ses côtés, comme s’il y était. Se laissant prendre et surprendre au fil des évènements qui le tiennent en haleine d’un bout à l’autre du roman, celui-ci ne voit pas le temps passer et arrive au dénouement en un rien de temps, tant ce bouquin se lit vite et bien.
Mais surtout ce polar nous révèle qu’un policier ne se résume pas à une arme ou un uniforme, c’est bien plus que cela. C’est un homme ou une femme, comme vous et moi… Un être humain fait de chair et de sang, doté d’un coeur avec des sentiments, avec ses forces et ses faiblesses, ses espoirs et ses désillusions… Une brigade de gens ordinaires, exerçant un métier rude et chronophage qui, le plus souvent, empiète sur leur vie personnelle au point parfois de l’envahir pour en faire un champ de ruines qu’il faut sans cesse reconstruire tant qu’on en a la force et le courage, la volonté aussi… Une profession qui s’exerce sous la pression et les contraintes venant de toutes parts et rendant la tâche toujours plus éprouvante… Voire même insurmontable… Difficile alors de ne pas voir son arme comme une échappatoire…
Et c’est sans doute là tout le talent de l’auteur : Bien loin d’accuser ou juger qui que ce soit, l’auteur n’est pas là pour désigner les responsables de cette bérézina mais se contente de nous la montrer, la constater pour prendre conscience d’une triste réalité : Nos forces de l’ordre sont en train de s’user à vouloir exercer correctement leur métier auquel ils sont le plus souvent dévoués corps et âmes au détriment de la famille ou de la santé. Alors on s’y attache, à nos personnages, on les voit avancer pour mieux reculer, on les voit évoluer bon gré mal gré, on les voit chuter puis se relever, souffrir puis serrer les dents pour se forcer à sourire… Alors on comprend, et on voudrait les aider pour rendre leur quotidien moins difficile et plus équilibré… Vaine utopie, seulement la vie est un challenge qu’il faut réaliser chaque jour…
Et parce qu’il sert son récit d’une plume fluide et sobre, d’un style efficace et adapté, d’un vocabulaire de circonstance, la lecture n’en est que plus crédible, plaisante, prenante et touchante.
 
En bref, un roman à la fois simple et important de par son réalisme… Il y en a trois autres à ma connaissance : Ils se trouvent désormais dans ma ligne de mire…

Cette publication a un commentaire

  1. francoisedale@gmail.com

    je crois que je vais le lire!!

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