Une héroïne inoubliable au coeur d’un récit d’aventure aux allures de roman noir : “Aysuun” de Ian Manook, paru le 02 novembre 2023 aux éditions Albin Michel.
Le pitch : Aux confins de la Mongolie et du pays Touva, terres de traditions millénaires, il est une femme qui résiste : Aysuun.
1930. Les Soviétiques lancent une « campagne de pacification » dans le sud de la Sibérie, sur les territoires mongol et touva, pour y éradiquer la culture nomade. Tsuyann et sa fille Aysuun sont laissées pour mortes après le massacre de leur campement. Vingt-cinq ans plus tard, Aysuun recroise la route de son bourreau. L’heure de la vengeance a sonné.
De chevauchées en bivouacs, entre nomades et militaires, cavaliers légendaires et voleurs de chevaux, sur fond de chamanisme et de communisme, commence alors une traque haletante, vers un piège impitoyable…
S’il change de nom comme de genre au fil des parutions, Ian Manook fait partie des ces incroyables auteurs qui publient trop vite pour me permettre d’être à jour mais que je retrouve toujours avec une profonde affection d’une histoire à l’autre. Dès lors vous n’imaginez pas la joie qui fut la mienne en apprenant que j’aurais à animer une table ronde en sa compagnie et celle de Caryl Férey à Nemours en janvier dernier… Le thème ? Les écrivains voyageurs : Pouvait-on mieux rêver afin d’évoquer ce dernier titre qui nous ramène sur les terres de Yeruldelgger pour lequel on a évidemment une pensée ?
Avec “Aysuun“, Ian Manook s’éloigne du polar pour mieux nous ramener en Mongolie afin de nous faire découvrir ses peuples nomades, sa culture, ses coutumes et ses traditions, mais également ses steppes, sa faune et sa flore, ses décors à couper le souffle et son histoire balafrée par l’Union soviétique (surtout) et le communisme (aussi). L’immersion est telle qu’on s’y croirait : Bienvenue à l’autre bout du monde sans bouger de votre canapé…
C’est sur fond de Grande Histoire qu’on remonte celle d’Aysuun, sans doute l’un des plus beaux personnages auxquels Ian Manook a su donner vie, âme et substance. On la rencontre au crépuscule de sa vie, sur le point de nous mettre dans la confidence de son passé, ses souvenirs, sa mémoire, ses traumas… L’horreur qui a bien failli la tuer, le courage, la force de caractère, la résilience et l’abnégation qui lui ont permis de survivre, le désir de vengeance, la détermination, la volonté, la droiture et la noblesse d’esprit qui lui ont permis de revivre… Autant d’éléments qui intiment au respect de la première à la dernière ligne.
Vous l’aurez compris, vous voici face à un roman passionnant et passionné, doublé d’un hymne à la nature, le tout servi par une plume fascinante, vivante, un style viscéral et minéral dont on savoure chaque mot. Ajoutons à cela un petit clin d’œil dont je ne peux rien vous dire mais aussi beau qu’un edelweiss au sommet…
En bref, Ian Manook est un écrivain qui se découvre et se redécouvre au gré de chaque roman, de chaque voyage, de chaque rencontre. Et ses personnages avec lui…