Chronique d’un drame… Annoncé ? “Rendors-toi, tout va bien” d’Agnès Laurent, initialement paru aux éditions Plon et désormais disponible aux éditions Pocket.
Le pitch : Derrière les vies ordinaires peuvent se cacher les plus terribles secrets…
Une seule journée suffit pour faire basculer une vie. Un vendredi soir, à la fin du mois de juin, une femme paniquée perd le contrôle de sa voiture. Elle veut freiner. Trop tard. Où allait-elle ? Que fuyait-elle ? Et pourquoi ?
Le même jour, au matin, son mari est interpellé par les gendarmes. Leurs questions, il ne les comprend pas. Leurs sous-entendus, il ne les accepte pas. Il doit pourtant retracer le tableau de sa vie, le portrait de sa femme. Qu’avait-il vu ? Et qu’avait-il choisi de ne pas voir sous le comportement si paisible, si anodin de celle qui partageait ses jours et ses nuits ? Qui lui murmurait, toujours rassurante : rendors-toi, tout va bien…
Voilà un moment qu’il me tardait de découvrir la plume d’Agnès Laurent. Son premier roman – ce roman, donc – se trouve dans ma PAL depuis le début de sa seconde vie en version poche (en 2022) mais je n’avais pas encore eu l’occasion de le lire lorsque j’ai rencontré son autrice pour la première fois lors du salon “Lire en fête” de Saint-Raphaël en février dernier. C’est finalement en vue du “Festival du Livre de Créteil” et alors que je me voyais attribuer l’animation d’une table ronde en sa compagnie afin d’évoquer son nouvel ouvrage récemment débarqué en libraire que j’ai saisi l’occasion de m’y plonger enfin, comme un préambule à nos retrouvailles. Si j’ai bien fait ? Vous n’avez pas idée !
Agnès Laurent réalise un coup de maître pour son premier roman… Son secret ? Le secret, justement ! Car de cette histoire, vous ne saurez finalement rien avant la fin, et c’est là toute la prouesse de l’autrice !
Au gré d’une narration bigrement audacieuse et terriblement réussie, Agnès Laurent nous entraîne sans délai ni répit au cœur d’une intrigue dont on sait qu’un drame la noue, sans toutefois qu’on ne sache lequel.
Parce qu’un drame sans protagoniste ne saurait être, c’est donc à ses personnages qu’Agnès Laurent confie la délicate mission de tout nous raconter. Mais attention, par bribes, par indices, par pièces, tel un puzzle obscur et abstrait qu’il nous faut assembler sans en connaître l’image. Ainsi le roman se fait chorale, débute par l’accident de Madame après la garde à vue de Monsieur, avant de reprendre le fil de l’entière journée pour comprendre comment tout a pu basculer tandis qu’on apprend à connaître ces deux-là au fil de leurs pensées mais aussi des déclarations de ceux qui les ont côtoyés.
Et sans en avoir l’air, le roman se fait noir, l’atmosphère se charge, la tension grimpe, la psychologie s’affine, les personnalités se dévoilent, les questions se multiplient, leurs réponses nous glacent et la réflexion s’impose : Sommes-nous suffisamment attentifs à nos proches pour les connaître vraiment ? N’y a-t-il pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir ? Plus sourd que celui qui ne veut pas entendre ? Plus muet que celui qui ne veut pas parler ?
Le roman est court, servi par une plume fluide et percutante, porté par un style efficace et saisissant, il se lit vite… Et pourtant pas encore assez : Car une fois pris dans l’engrenage, on VEUT savoir ce qu’il s’est passé. Alors on lit, on ne cesse de tourner les pages jusqu’à l’effarement.
En bref, mon seul regret à la lecture de ce bouquin, c’est d’avoir tant tardé à m’y plonger. Je me suis donc rattrapée et “Un beau jour“, je vous en parlerai !