Immersion et omerta au Pays Basque en compagnie d’une autrice de talent : “A pleurer tout nous condamne” de Cécile Cabanac, paru le 07 mars 2024 aux éditions Fleuve Noir.
Le pitch : Pour un salaire de misère, Alice, jeune attachée parlementaire, se laisse maltraiter depuis trop longtemps. Elle qui se rêvait générale des armées se découvre petit soldat au garde-à-vous. Et ce constat douloureux la pousse à tout quitter pour se réfugier au Pays basque où ses parents ont hérité d’une maison empreinte du souvenir de sa tante Diane. Vingt ans plus tôt, celle-ci a disparu sans que personne ne comprenne jamais ce qui lui est arrivé. Comme une évidence, elle va alors avoir besoin de faire la lumière sur cet événement marquant de son enfance.
Mais à Saint-Just-Ibarre, la vie semble régie par les secrets, et sa présence dérange. Une animosité malsaine règne autour d’elle. Alice, qui étouffe sous le poids de ce drame familial, ne renoncera pourtant pas. Quoi qu’il en coûte, elle rendra justice à Diane.
Voilà un moment qu’il me tardait de me plonger dans le nouveau roman de Cécile Cabanac. Moi qui me suis tant passionnée pour les enquêtes menées de main de maître par la Commandante Virginie Sevran avant de me laisser embarquer par “Le chaos dans nos veines” l’an dernier, j’étais curieuse de découvrir dans quoi elle allait désormais m’entraîner, d’ores et déjà persuadée que j’allais l’y suivre les yeux fermés… Et ça n’a pas loupé !
Alternant les temporalités avec finesse et virtuosité, l’autrice nous plonge cette fois-ci au cœur d’une intrigue tout à la fois immersive et complexe au cœur du Pays Basque qu’elle a remarquablement retranscrit.
Si l’action n’est pas le maître mot de ce récit, c’est pour mieux laisser place à l’ambiance et à la psychologie. Une ambiance rapidement pesante, pour ne pas dire oppressante, tant la loi du silence règne ici, dans le village mais aussi au sein de la famille. Une psychologie minutieusement travaillée, et ce pour l’ensemble des personnages, au premier rang desquels Alice, notre héroïne qui se lance à corps perdu dans cette enquête comme pour se retrouver elle-même, dont la détermination force le respect, à laquelle on a tôt fait de s’attacher tant nous prenons fait et cause à ses recherches, n’en déplaise aux habitants, n’en déplaise à ses parents.
Ainsi nous voici ballottés à ses côtés, de fausses pistes en impasses, de rebondissements en révélations, de mensonges en secrets au fil des indices qui sont subtilement distillés d’un chapitre à l’autre.
Si le rythme est plus lent qu’à l’accoutumée, l’intrigue n’en demeure pas moins prenante, servie par une plume fluide et agréable mais aussi plus affinée, plus affûtée pour susciter la tension comme l’émotion.
En bref, Cécile Cabanac nous offre un roman noir plein de suspense, à l’atmosphère pressante et à la psychologie redoutablement travaillée… Les cold cases n’ont décidément plus de secret pour Cécile qui les maîtrise comme jamais !