Magnifique découverte que ce récit illustré signé du maître du film d’animation : “Le Voyage de Shuna” de Hayao Miyazaki, paru le 1er novembre 2023 aux éditions Sarbacane.
Le pitch : Shuna, le prince d’une contrée pauvre, regarde impuissant ses sujets souffrir en permanence de la faim et se tuer à la tâche pour tenter de faire pousser des céréales que leur terre, stérile, leur refuse. Un beau jour, un voyageur lui parle d’une graine dorée miraculeuse qui fait onduler les plaines en vagues fertiles. Elle provient d’un pays, loin à l’Ouest, peuplé d’esprits et hostile à l’homme, dont nul n’est jamais revenu. En dépit des soupirs des anciens et des larmes de ses parents, Shuna empacte ses affaires et se lance, sur son fidèle yakuru, vers cet Eldorado dans l’espoir d’y trouver de quoi sauver son peuple. Sur le chemin, il libère une jeune esclave, Théa, et sa petite soeur, retenues prisonnières par des trafiquants d’hommes. Poursuivis par leurs ennemis, Shuna confie les deux filles à son yakuru qui les emmène vite vers le Nord, tandis qu’il continue, à pied, vers l’Ouest. Quand il atteint enfin la terre des êtres divins, ce qu’il y voit le changera à tout jamais. Théa reverra-t-elle un jour Shuna ? Ramènera-t-il chez lui la précieuse céréale ?
De Hayao Miyazaki, je ne connaissais que les films d’animation parmi lesquels “Le Château ambulant“, “Le Voyage de Chihiro” ou plus récemment “Le Garçon et le Héron“. C’est au Touquet, entre le Polartifice et le Camion qui Livre, et plus précisément au 65 rue de Paris chez ma libraire préférée, dans son nouvel espace consacré aux BDs, mangas, sans oublier la littérature de l’imaginaire, à la suite d’un passionnant échange avec Gaëtan, lui-même bibliothécaire à la Médiathèque du Touquet, que je me suis retrouvée à lire ce bouquin… N’étant pas coutumière de ce genre de lecture, je vous prierai de bien vouloir m’excuser si ma chronique ne lui rend pas suffisamment hommage, mais il me tenait à cœur de vous parler de cet ouvrage !
Je ne suis pas non plus une spécialiste de l’univers du patron du Studio Ghibli, néanmoins je suis persuadée qu’il saura plaire à ses adeptes (comme aux autres d’ailleurs !) tant ce titre nous évoque notamment “Princesse Mononoké” ou “Nausicaä de la Vallée du Vent“. Initialement publié au Japon en 1983, c’est finalement le seul “récit illustré” que nous offre Hayao Miyazaki, dans lequel on retrouve ainsi tout ce qui le caractérise.
Ainsi nous voici plongés dans un monde onirique et mystique, tout à la fois sombre et merveilleux, où la nature se révèle aussi essentielle qu’impitoyable. A travers son fascinant récit, l’auteur semble vouloir dénoncer la cupidité des hommes et la dangerosité de nos sociétés modernes, désormais déconnectées de leurs terres.
Au cœur de cette étrange aventure, aussi folle que poétique, deux personnages retiendront notre attention et marqueront durablement nos esprits : Shuna, Prince d’une contrée pauvre qui part en quête d’une plante providentielle afin de sauver son peuple et Théa, jeune esclave qu’il croisera sur sa route et qu’il délivrera des trafiquants d’êtres humains qui la retiennent par profit, dans l’unique but de la vendre comme une vulgaire marchandise, elle et sa sœur. Deux êtres qui, à eux seuls, animent cette histoire d’une vive et profonde émotion.
Mais ce qui touche et passionne également, c’est immanquablement la beauté des dessins dont on savoure chaque couleur et chaque trait. Il y a peu de textes dans ce livre, ce qui laisse toute la place aux illustrations, dont les teintes sont délicates tout en demeurant impressionnantes, presque hypnotisantes, absolument magnifiques.
Inspiré d’un conte tibétain, “Le Voyage de Shuna” se révèle alors un véritable récit initiatique, tant pour l’auteur que pour le lecteur, à l’instar des protagonistes…
En bref, il y a 40 ans, Hayao Miyazaki nous démontrait déjà tout son talent. Mon seul regret est qu’il ne nous aura proposé qu’un seul récit illustré… Mais il n’a pas fini de nous captiver. Je remercie chaleureusement Gaëtan pour cette expérience fantasmagorique inoubliable !
Je l’ai acheté pour ma compagne qui a beaucoup aimé, avec quelques réserves sur l’aspect très mâle traditionnel. Mais, elle qui n’avait pas encore vu Nausicaa, a fait un beau voyage. C’est l’essentiel.