“Avancer dans le respect du passé pour conquérir la liberté d’un présent tout neuf” : “Le Pays Blanc” de Marjorie Tixier, paru ce 14 août 2024 chez Fleuve Editions.
Le pitch : Deux sœurs, deux cœurs, une seule âme.
1926, Nowa Wieś. Jamais Helena n’aurait imaginé quitter la Pologne, ce pays blanc qu’elle aime tant, et sa sœur jumelle Broni qui est comme une seconde âme pour elle. Pourtant, afin de sauver l’enfant illégitime de Broni, elle part pour un exil sans retour avec le nourrisson. La France sera leur refuge, et le silence d’Helena la garantie de leur survie. Du moins le croit-elle.
2022, Paris. Thomas n’a jamais réussi à parler avec sa mère, Dorothée, de son pays d’origine qu’elle a effacé de sa mémoire, jusqu’au jour où les questions deviennent trop nombreuses et trop pressantes. Il sent qu’il doit ” retourner ” en Pologne, reprendre l’histoire là où elle s’est arrêtée.
Un roman qui retrace, à travers le vingtième siècle, les destins croisés de quatre générations qui se font écho autour d’une seule quête : celle de la liberté.
C’est avec “Un autre bleu que le tien“, et sur les bons conseils de ma libraire préférée Delphine, que j’ai découvert la plume de Marjorie Tixier, il y a maintenant quelques années… S’en est suivi “A l’encre rouge” l’an dernier et, aujourd’hui, cette talentueuse autrice aux multiples couleurs est de retour en librairie avec “Le Pays Blanc“, un nouveau roman que j’ai eu la chance de découvrir avant sa sortie : J’en profite pour remercier chaleureusement les éditions Fleuve pour leur confiance à travers cet envoi avant de vous conter plus avant cette expérience littéraire.
Usant du présent pour mieux reconstituer le passé, Marjorie Tixier conjugue admirablement les temporalités mais ne se contente pas de nous offrir un simple roman historique, non. Elle dresse surtout la captivante fresque d’un XXème siècle aussi douloureux que tourmenté, qui fait pourtant le pont entre deux nations, comme en attestent les différentes générations que nous allons côtoyer entre ces lignes.
Ainsi Marjorie nous balade entre la Pologne et la France, de Nowa Wieś à Cracovie, des bassins miniers jusqu’à Nice en passant par Paris au gré d’une intrigue finement pensée, remarquablement bien construite et foncièrement documentée.
Fidèle à ses sujets de prédilection tout en explorant de nouveaux horizons, l’autrice y aborde des thématiques fortes, à commencer par la famille et la gémellité, mais aussi les racines, l’attachement à celles-ci, l’arrachement à celles-ci. Parce qu’il est important de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va. Il sera aussi question d’amour, qu’il soit amoureux ou amical, conjugal ou familial, filial ou sororal… Légitime ou interdit… Impossible aussi. Surtout. Les secrets et les non-dits tiennent également une place prépondérante dans ce récit, par leur poids comme leurs ravages… Pour autant de zones d’ombre auxquels nous sommes nous-mêmes confrontés, ce qui rend cette histoire – ancrée dans l’Histoire – encore plus immersive et authentique. Mais on ne peut parler d’origines sans évoquer la culture, et c’est à travers l’art qu’elle s’exprime essentiellement ici, comme exutoire ou catharsis, ce qui ne fait qu’ajouter en émotions et sensibilité au fil des chapitres.
C’est tout cela que Marjorie Tixier nous raconte ici, avec ces différents portraits de femmes toutes plus captivantes les unes que les autres, servis par une plume tout à la fois simple et élégante, profonde et intense, portés par un style lumineux en dépit des drames que ce roman évoque, lumineux envers et contre tout, pour une lecture d’autant plus saisissante qu’elle ne manquera pas non plus de faire écho à notre triste actualité…
En bref, Marjorie Tixier nous emporte et nous submerge au gré de cette impressionnante incursion dans l’Histoire.