Chroniques 2024 \ Tenir debout de Mélissa Da Costa

Un roman aussi éprouvant que bouleversant : “Tenir debout” de Mélissa Da Costa, paru ce 14 août 2024 aux éditions Albin Michel.

Le pitch : Jusqu’ou peut on aimer ? Jusqu’à s’oublier…
Le nouveau roman de Mélissa Da Costa nous plonge au cœur de l’intimité d’un couple en miettes et affronte, avec une force inouïe, la réalité de l’amour, du désespoir, et la soif de vivre, malgré les épreuves.
“Se pourrait-il que ce soit ça,
Cette bête noire qui remue dans ma poitrine
Piétine, déchire, ronge tout autour d’elle,
Avec la férocité d’une hyène,
Ne me laissant qu’un trou béant dans le cœur
Et une sécheresse dans la gorge ?
La culpabilité…
Se pourrait-il que ce soit ça,
Aimer malgré soi ?
Aimer mal
Aimer sans savoir pourquoi
Aimer…”

Cette lecture, je l’attendais autant que je la redoutais. Parce que, sans en connaître vraiment le résumé, j’en savais le sujet et, me sachant à fleur de peau pour traverser une période compliquée, je craignais de ne pas être de taille à l’affronter, d’être littéralement terrassée, aussi beau puisse-t-elle être… Ce n’était peut-être pas le bon moment… Mais il n’est de passion sans quelques “sacrifices”… Il n’est de passion qui n’entraine un certain oubli de soi… Alors j’ai plongé, advienne que pourra, et j’en profite pour remercier les éditions Albin Michel de m’avoir envoyé ce roman en avant-première. 

Et cette histoire m’a renversée autant qu’elle m’a relevée. Elle m’a piétiné le cœur, remué l’âme et fait verser quelques larmes, pourtant j’en ressors nimbée de lumière et remplie d’espoir. Parce que l’autrice nous malmène sans doute autant que ses personnages, mais nous livre une véritable leçon de vie en compagnie de ces derniers, prônant la résilience et l’abnégation, le courage et la rédemption. L’amour surtout, l’amour et ses affres, ses tempêtes, ses tourments qu’il faut conjuguer aux épreuves de la vie.
C’est ce qui arrive à Eléonore et François. Ces deux-là s’aiment d’un amour illégitime, le temps est donc à la fougue et à l’euphorie quand un drame fracasse leurs rêves de bonheur à deux, enfin libres. Ils ne le seront pas, devront réapprendre à se connaître, (se) reconstruire pour vivre et/ou survivre. A faire évoluer leur amour, envers et contre tout. Envers et malgré tout. Parce que la vie continue, qu’il faut accepter, qu’il faut avancer.
Avec ce roman, l’autrice aborde également la question du handicap avec intelligence et justesse, sans nous épargner ni s’apitoyer. L’intrigue n’en est que plus profonde et réaliste, grande dans ce qu’elle exprime.
Mais ce qui fait la force, la puissance, l’intensité de ce roman, c’est incontestablement ses personnages. Des personnages avec qui l’on passe par moult émotions, qui vont tantôt nous toucher, tantôt nous énerver, tantôt nous éplorer, tantôt nous agacer… Toujours nous faire vibrer. Ressentir chaque ligne de ce qui leur arrive. Respecter chacun de leur choix. Comprendre chacune de leur réaction. Parce que l’autrice a su les doter d’une profonde humanité, d’une rare authenticité, ce qui rend l’intrigue si belle, si sincère. Si vraie. Cela vaut pour nos personnages principaux, entre qui on alterne d’un chapitre à l’autre, mais c’est encore valable pour tous les personnages gravitant autour d’eux. De Ryan à Isabelle en passant par Jacques, Nathalie et Madeleine, chacun se révèle absolument inoubliable.
Ajoutez à cela une plume en parfaite adéquation avec le reste, tout en finesse et sensibilité et vous comprendrez que, même si l’histoire est rude, on n’en voit pas ses 600 pages passer jusqu’à une fin qui vous met autant de larmes que d’étoiles dans les yeux.

En bref, il m’a fait mal, ce roman dont le titre recèle des sens multiples. Il m’a fait du bien aussi. Merci Mélissa, merci pour cet hymne à l’amour doublé d’une saisissante leçon de vie.

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