Quand un écrivain voyageur revient sur ces terres pour comprendre un fait divers : “Magali” de Caryl Férey, publié le 22 août aux éditions Robert Laffont dans la collection La Bête Noire.
Le pitch : L’affaire Magali Blandin : histoire d’un désastre familial.
Février 2021, Magali Blandin disparaît. Un mois plus tard, son cadavre est découvert dans le bois de Boisgervilly (Ille-et-Vilaine), à proximité de son domicile. Mère de quatre enfants, Magali a été assassinée par son mari.
Caryl Férey se penche sur ce féminicide aux ramifications multiples pour comprendre et ne pas oublier, car “Magali n’est pas anonyme, elle est toutes les femmes.”
De Caryl Férey, j’ai suivi les voyages littéraires depuis que je l’ai découvert avec “Mapuche” avant de me plonger dans “Condor” qui venait alors de paraître. Deux polars particulièrement sombres qui m’avaient captivée et m’ont poussée à poursuivre l’exploration à ses côtés, de “Haka” à “Paz” en passant par “Lëd“, “Zulu” et “Okavango“… De Caryl Férey, je n’avais lu qu’un seul récit plus intimiste – et plus drôle aussi -, savoureusement intitulé “Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale ?“. Je savais donc déjà qu’il était originaire de Monfort-sur-Meu en Ille-et-Vilaine, pour autant ce n’est là que je l’attendais pour une nouvelle parution : Ces auteurs savent décidément nous surprendre !
C’est en écoutant France Culture que Caryl Férey a bousculé ses habitudes. Une sinistre nouvelle à la radio, la disparition d’une jeune femme dans le village de son enfance. Cette jeune femme, dont on apprendra qu’elle a été assassinée par son mari à la découverte de son corps un mois plus tard, a brivèment défrayé la chronique avant de tomber dans l’oubli, triste fait divers parmi tant d’autres. Un sort qu’a refusé l’auteur, lequel a donc voulu honorer la mémoire de Magali, et toutes les victimes de féminicides à travers elle.
Caryl Férey est donc revenu à ses origines pour découvrir celles de Magali Blandin. Entre enquête de terrain et investigation journalistique, l’auteur se démène pour découvrir qui était la victime et son assasin, pour découvrir leur entourage, leur quotidien, pour découvrir comment on a pu en arriver là. Lancé sur la piste de ce drame, il en profite pour replonger dans son histoire, son passé, ses souvenirs, faire un point sur lui-même et cet environnement qu’il ne reconnaît pas.
A la fois réflexion sociale et récit introspectif, on est loin des romans habituels de Caryl Férey, mais on n’en retrouve pas moins sa plume, sa gouaille, sa franchise et son authenticité dont on a l’habitude, notamment à l’occasion des conférences, interviews et rencontres littéraires. C’est court et sans prétention, mais c’est sans aucun doute cette modestie et cette sincérité qui touchent autant dans la démarche de Caryl Férey.
En bref, c’est un écrit différent que l’auteur nous propose ici, plus personnel et bien loin de ses noires aventures aux quatre coins du monde, mais qui n’en demeure pas moins intéressant et empreint d’émotions. Je remercie les éditions Robert Laffont de m’avoir permis la lecture en avant-première de cet ouvrage qui paraît le 22 août 2024 !