
Elles rêvaient juste de tolérance et de liberté : “Sorginak” d’Ophélie Cohen, paru le 12 novembre 2024 aux éditions Phénix Noir.
Le pitch : Décembre 2004, Pays basque. Maïder est une jeune femme éprise de liberté. Sa vie à Bayonne est similaire à celle des personnes de son âge, à un détail près : elle est l’une des dernières descendantes d’une longue lignée de sorcières. Dissimulé au cœur d’une nature sauvage et luxuriante, le clan de Maïder conserve des secrets qui se transmettent de mère en fille, et se protège des préjugés d’une société qui a déjà condamné leurs ancêtres par le passé. Lorsque Maïder disparaît durant la nuit du solstice d’hiver, la famille de la jeune femme décide de mener sa propre enquête. Pourquoi s’en est-on pris à l’une d’entre elles ? Serait-ce le début d’une nouvelle chasse aux sorcières ? Avec ce thriller aux notes culturelles et historiques, Ophélie Cohen prend un virage à 180 degrés et vous propose de la suivre au pays des sorginak.
Voilà déjà un moment que ce roman patientait dans ma PAL… Il s’y était même installé en avant-première, puisque je me le suis procurée au salon de l’Iris Noir à Bruxelles le 26 octobre dernier, quelques jours avant sa sortie officielle. Seulement voilà, j’ai à peine cligné des yeux qu’on était déjà en mai 2025 : Y a-t-il plus fantasmagorique que le temps qui nous file entre les doigts ? Alors ne perdons plus un instant, voulez-vous, et partons ensemble au Pays Basque à la rencontre du clan Garaikoetxea…
Dire qu’on retrouve toujours Ophélie Cohen là où on ne l’attend pas, c’est encore être loin du compte. Jamais deux sans trois, et pour son troisième roman, l’autrice nous surprend une nouvelle fois en nous offrant une intrigue audacieuse, singulière et différente. Et ce avec beaucoup de talent.
A travers ce récit bigrement immersif et au gré de remarquables descriptions, Ophélie Cohen nous présente une longue lignée de femmes qu’on peut qualifier de sorcières parce qu’elles perpétuent moult rites et autres traditions ancestrales qu’elles se transmettent de mère en fille. Ophélie Cohen nous présente une longue lignée de femmes qu’on peut qualifier de sorcières surtout parce qu’elles osent affirmer leur indépendance et vivre en dehors du moule. C’est un terrible drame qui nous permettra, au fil des pages, de constater que les préjugés ont la vie dure et que la tolérance est encore loin d’être acquise, depuis des temps immémoriaux jusqu’à aujourd’hui.
Ne vous y trompez pas, mes Bookinautes chéris, il n’est point question de sortilèges ici, mais plutôt d’une profonde réflexion sur la place des femmes au sein de notre société, parmi d’autres sujets extrêmement forts (que je ne souhaite toutefois pas vous dévoiler). L’autrice nous offre un livre décidément inclassable, féminin mais pas féministe, sensé mais aussi sensible, ancré dans la réalité et gorgé d’émotions par le biais de personnages croqués en substance et vraiment touchants.
Portée par une plume fluide, délicate et élégante, un style soigné et attrayant, l’histoire n’en oublie pas d’être prenante, pleine de suspense et fort bien ficelée, de sa première ligne à la dernière page tournée.
En bref, avec cet envoûtant roman, Ophélie Cohen nous prouve qu’elle aussi est une sorcière, parce qu’elle maîtrise incontestablement la magie des mots.